Dans Un chien mort après lui, publié en 2009, Jean Rolin nous livre le récit d'une quête des chiens errants qui l'a mené aux quatre coins du monde. Ce texte est l'occasion de fournir diverses digressions, dont la suivante présentée ici.
Cette réflexion d'Eduardo me rappela dans quelles circonstances j'avais vu pour la première fois un chien errant de México : c'était à Paris, rue Rambuteau, dans le film de Carlos Reygadas intitulé Batalla en el cielo. Le premier plan de ce film, un plan extrêmement long, montre une jeune femme de la bonne société, agenouillée, en train de sucer le sexe du chauffeur de son père. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une scène excitante, les deux protagonistes témoignant d'une égale morosité. Dans le plan suivant, c'est la nuit, vraisemblablement le jour ne va pas tarder à se lever, et on retrouve le chauffeur, plus alerte, défilant avec la fanfare aux accents de laquelle est envoyé chaque matin le gigantesque drapeau qui flotte dans la journée au-dessus de la place du Zocalo. Un chien errant, comme il s'en rencontre beaucoup dans ce quartier historique de México, passe dans le champ, qu'il se soit trouvé là par hasard au moment où la scène était tournée, ou qu'on l'y ait délibérément fait figurer.
27 déc. 2013
15 déc. 2013
Mordecai Richler
Le monde de Barney, publié en 1997, est le dernier roman écrit par l'écrivain canadien Mordecai Richler. C'est est un de ses grands succès. Oeuvre en partie autobiographique, le roman retrace la vie du juif Barney Panofsky, installé pendant un temps à Paris où son appétit pour la vie trouve matière à s'exprimer, comme en témoigne l'extrait suivant.
Si S. reconnaît avoir atteint la quarantaine, je la soupçonne d'être plus avancée en âge, ce dont témoignent ses vergetures. Celle qui a décidé d'être ma houri ne risque guère d'être confondue avec Aphrodite mais elle a de la joliesse et elle est mince. Elle commence à s'imbiber dès le matin ("gin-martini, comme la reine d'Angleterre", précise-t-elle), et c'est elle qui a bu presque toute la bouteille de vin au dîner ce soir, tout en me faisant comprendre d'un signe qu'elle avait les jambes écartées sous la table, une invite à retirer une chaussure et la chaussette afin que je la masse avec mes doigts de pied en catimini.
Ensuite nous nous réfugions dans ma sordide chambre d'hôtel que S. affecte d'adorer parce qu'elle comble sa "nostalgie de la boue" et correspond à son idée de ce que doit être le lot d'un jeune artiste méritant. Nous copulons à deux reprises, une fois en proue, une autre en poupe, puis je me refuse de me prêter au cunnilingus, ce qui la rend maussade. Elle retrouve néanmoins tout son allant lorsque, à sa demande insistante, je lui lis un passage de mon futur roman, qu'elle trouve "merveilleux, vraiment remarquable".
Elle rêve d'apparaître dans ma prose, sous le nom d'Héloïse si possible.
Si S. reconnaît avoir atteint la quarantaine, je la soupçonne d'être plus avancée en âge, ce dont témoignent ses vergetures. Celle qui a décidé d'être ma houri ne risque guère d'être confondue avec Aphrodite mais elle a de la joliesse et elle est mince. Elle commence à s'imbiber dès le matin ("gin-martini, comme la reine d'Angleterre", précise-t-elle), et c'est elle qui a bu presque toute la bouteille de vin au dîner ce soir, tout en me faisant comprendre d'un signe qu'elle avait les jambes écartées sous la table, une invite à retirer une chaussure et la chaussette afin que je la masse avec mes doigts de pied en catimini.
Ensuite nous nous réfugions dans ma sordide chambre d'hôtel que S. affecte d'adorer parce qu'elle comble sa "nostalgie de la boue" et correspond à son idée de ce que doit être le lot d'un jeune artiste méritant. Nous copulons à deux reprises, une fois en proue, une autre en poupe, puis je me refuse de me prêter au cunnilingus, ce qui la rend maussade. Elle retrouve néanmoins tout son allant lorsque, à sa demande insistante, je lui lis un passage de mon futur roman, qu'elle trouve "merveilleux, vraiment remarquable".
Elle rêve d'apparaître dans ma prose, sous le nom d'Héloïse si possible.
28 oct. 2013
Zadie Smith
Zadie Smith a publié son premier roman en 2000 alors qu'elle était encore étudiante en littérature anglaise à Cambridge. Encensé par la critique, Sourires de loup peint avec humour une société britannique multi-ethnique. Parmi les personnages : Millat, glandeur et grand séducteur, fils d'un immigré pakistanais fondamentaliste musulman, et Joyce, bourgeoise bohème dont la vocation est de consacrer sa vie à améliorer celle des autres.
©Aivar Mikko
Pendant ce temps, Joyce s'affairait non sans mal à essayer de résoudre les problèmes qu'avait Millat avec les femmes blanches. Et ils étaient légion. Toutes les femmes, quelle que fût leur couleur de peau, du noir le plus noir jusqu'au blanc albinos, étaient à genoux devant lui. Elles lui glissaient leur numéro de téléphone, lui faisaient des pipes dans les lieux publics, se frayaient un chemin à travers des pubs bondés pour lui offrir un verre, le séquestraient dans les taxis, le suivaient jusque chez lui. Quelle qu'en fût la cause - le nez aquilin, les yeux sombres comme une mer profonde, la peau couleur chocolat, les cheveux comme des rideaux de soie noire ou peut-être, purement et simplement, sa forte odeur -, c'était le succès garanti. Allons, inutile d'être jaloux. A quoi bon ? Il y a toujours eu et il y aura toujours des gens qui respirent, que dis-je, qui transpirent le sexe par tous les pores de leur peau.
**********************************************************
et en bonus, une contribution à une thématique actuelle, un extrait où le même Millat s'efforce d'observer les préceptes fondamentaux de l'Islam :
Il fumait encore une ou deux cigarettes par-ci par-là et buvait une Guinness à l'occasion (à quoi bon se montrer plus royaliste que le roi ?), mais il avait triomphé et de l'herbe satanique et de la tentation de la chair. Il ne voyait plus Alexandra Andrusier, Polly Houghton ou Rosie Dew (encore qu'il rendît visite de temps à autre à une certaine Tanya Chapman, une toute petite rouquine qui comprenait fort bien la nature délicate de son dilemme et lui taillait une pipe dans les formes sans exiger de Millat en retour qu'il la touche. C'était un arrangement qui satisfaisait les deux parties : d'un côté, une fille de juge ravie de scandaliser son vieux birbe de père, de l'autre un garçon qui avait besoin d'éjaculer sans contribution active de sa part).
©Aivar Mikko
Pendant ce temps, Joyce s'affairait non sans mal à essayer de résoudre les problèmes qu'avait Millat avec les femmes blanches. Et ils étaient légion. Toutes les femmes, quelle que fût leur couleur de peau, du noir le plus noir jusqu'au blanc albinos, étaient à genoux devant lui. Elles lui glissaient leur numéro de téléphone, lui faisaient des pipes dans les lieux publics, se frayaient un chemin à travers des pubs bondés pour lui offrir un verre, le séquestraient dans les taxis, le suivaient jusque chez lui. Quelle qu'en fût la cause - le nez aquilin, les yeux sombres comme une mer profonde, la peau couleur chocolat, les cheveux comme des rideaux de soie noire ou peut-être, purement et simplement, sa forte odeur -, c'était le succès garanti. Allons, inutile d'être jaloux. A quoi bon ? Il y a toujours eu et il y aura toujours des gens qui respirent, que dis-je, qui transpirent le sexe par tous les pores de leur peau.
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et en bonus, une contribution à une thématique actuelle, un extrait où le même Millat s'efforce d'observer les préceptes fondamentaux de l'Islam :
Il fumait encore une ou deux cigarettes par-ci par-là et buvait une Guinness à l'occasion (à quoi bon se montrer plus royaliste que le roi ?), mais il avait triomphé et de l'herbe satanique et de la tentation de la chair. Il ne voyait plus Alexandra Andrusier, Polly Houghton ou Rosie Dew (encore qu'il rendît visite de temps à autre à une certaine Tanya Chapman, une toute petite rouquine qui comprenait fort bien la nature délicate de son dilemme et lui taillait une pipe dans les formes sans exiger de Millat en retour qu'il la touche. C'était un arrangement qui satisfaisait les deux parties : d'un côté, une fille de juge ravie de scandaliser son vieux birbe de père, de l'autre un garçon qui avait besoin d'éjaculer sans contribution active de sa part).
6 oct. 2013
Jean-Luc Lagarce
Le metteur en scène et auteur Jean-Luc Lagarce, mort du sida à l'âge de 38 ans, fait partie de la charrette des écrivains maudits. Il est mort sans jamais avoir été publié. Son Journal entamé en 1977 et tenu jusqu'à sa mort en 1995 est publié en 2007 par la maison d'édition qu'il avait lui-même créée.
Lundi Soir au Transfert (le Bar) un garçon exceptionnellement beau est entré, mettant en émoi tous ces messieurs.
Mon pessimisme ne m'encourage jamais à tenter ma chance et celui-là vraiment était trop "terriblement beau" pour être sans risque.
Mais le jeune Dieu me veut, et moi je ne bande même pas tant il me semble intouchable.
J'essaie de détourner son attention (d'autres lui font la danse des sept voiles). Je suis tellement certain de mon absence de chance que j'imagine divers scénarios (rii). Il drague pour d'autres ou il allume et s'en va à l'instant fatal.
Je crois voir passer un imperceptible clin d'oeil et un léger sourire indiquant la sortie. Il s'en va. Je le suis. Nous sommes dans la rue. Nous marchons à vingt mètres l'un de l'autre.
Nous nous caressons avec toute la tendresse du monde dans les fourrés (dégarnis et humides) des Tuileries. Il ne peut me suivre jusqu'à Montparnasse, il est en effet "accompagné" d'un gros type âgé, laid et riche à n'en pas douter.
C'est idiot cela, et je n'accorde jamais une importance essentielle à la beauté la plus académique mais il est probablement l'homme le plus beau, avec le corps et le visage les plus beaux, que j'aie rencontré de ma vie. Au sens le plus objectif du terme. C'est à dire qu'il était un homme que tout le monde, même sans désir, admettrait comme extrêmement beau.
Il était là, le pantalon sur les chaussures et tout dans son torse, son ventre, ses cuisses, son visage, ses épaules ou son cul était une perfection de la statuaire grecque ou de la revue porno la plus excitante.
Le pire ou le plus étrange c'est qu'il semblait plus excité par moi que je ne semblais l'être par lui (j'étais un peu emprunté ne sachant trop où s'arrêterait la plaisanterie...). Il venait se loger dans le creux de mon blouson et gémissait doucement lorsque je lui mangeais l'oreille, les seins ou la queue.
Il est américain, il s'appelle John. Il me serra la main très cérémonieusement et partit presque en courant retrouver son affreux banquier. On ne se reverra jamais, c'est mieux ainsi, il pourrait avoir mis ses lentilles la prochaine fois.
Lundi Soir au Transfert (le Bar) un garçon exceptionnellement beau est entré, mettant en émoi tous ces messieurs.
Mon pessimisme ne m'encourage jamais à tenter ma chance et celui-là vraiment était trop "terriblement beau" pour être sans risque.
Mais le jeune Dieu me veut, et moi je ne bande même pas tant il me semble intouchable.
J'essaie de détourner son attention (d'autres lui font la danse des sept voiles). Je suis tellement certain de mon absence de chance que j'imagine divers scénarios (rii). Il drague pour d'autres ou il allume et s'en va à l'instant fatal.
Je crois voir passer un imperceptible clin d'oeil et un léger sourire indiquant la sortie. Il s'en va. Je le suis. Nous sommes dans la rue. Nous marchons à vingt mètres l'un de l'autre.
Nous nous caressons avec toute la tendresse du monde dans les fourrés (dégarnis et humides) des Tuileries. Il ne peut me suivre jusqu'à Montparnasse, il est en effet "accompagné" d'un gros type âgé, laid et riche à n'en pas douter.
C'est idiot cela, et je n'accorde jamais une importance essentielle à la beauté la plus académique mais il est probablement l'homme le plus beau, avec le corps et le visage les plus beaux, que j'aie rencontré de ma vie. Au sens le plus objectif du terme. C'est à dire qu'il était un homme que tout le monde, même sans désir, admettrait comme extrêmement beau.
Il était là, le pantalon sur les chaussures et tout dans son torse, son ventre, ses cuisses, son visage, ses épaules ou son cul était une perfection de la statuaire grecque ou de la revue porno la plus excitante.
Le pire ou le plus étrange c'est qu'il semblait plus excité par moi que je ne semblais l'être par lui (j'étais un peu emprunté ne sachant trop où s'arrêterait la plaisanterie...). Il venait se loger dans le creux de mon blouson et gémissait doucement lorsque je lui mangeais l'oreille, les seins ou la queue.
Il est américain, il s'appelle John. Il me serra la main très cérémonieusement et partit presque en courant retrouver son affreux banquier. On ne se reverra jamais, c'est mieux ainsi, il pourrait avoir mis ses lentilles la prochaine fois.
8 sept. 2013
Guillaume Dustan
Les romans de Guillaume Dustan ont été des électrochocs dans le paysage littéraire français des années 90. Dans ma chambre, son premier roman, en réalité un récit autobiographique, est publié en 1996.
A huit heures dix il sonne. J'ouvre la porte. Il a l'air bien excité. Je fais demi-tour. Je croise mes poignets pour qu'il attache les menottes à la grosse laisse qui me pend dans le dos. Clic. Je commence à bander. Il entre, il ferme la porte derrière lui, je me suis déjà mis à genoux face à son paquet, j'ouvre la bouche au maximum, c'est difficile à cause du cuir de la cagoule, il descend sa braguette à toute vitesse, sort sa bite à demi bandée. J'en profite pour l'avaler à fond, jusqu'au pubis. Je tète. Il grossit vite. Ça m'oblige à reculer mais je reviens dessus et comme je suis bien excité j'arrive à tout prendre jusqu'à ce que j'aie son gland derrière la glotte, je le branle comme ça en fond de gorge en respirant comme je peux par le nez, je bave un maximum.
Ça fait cinq bonne minutes que je pompe, je commence à redescendre. Je me mets à sucer plus mollement, je vais le long de sa queue, je suce seulement le gland. Pas longtemps parce qu'il m'attrape par le haut de la cagoule et qu'il me force à le pomper à nouveau bien à fond. Ça me réexcite aussi sec. Au bout d'un moment il me tire la tête en arrière. Il me regarde d'en haut. Petite salope ! Il me crache dessus. Wow ! Je suis tellement content que ça démarre aussi bien que je fais un truc que je ne fais pas d'habitude parce que je trouve que c'est sale mais là j'en ai envie pour bien montrer qui est qui ce soir. Je me baisse et je commence à lui lécher les pompes. En même temps j'écarte les jambes et je me cambre à fond pour bien offrir mon cul. Je sais que c'est une vision assez sympa : au centre de mon cul, poilu sauf la raie qui est rasée de frais, les couilles et le bout rose fluo du gode qui émerge de mon trou, retenus par la lanière de mon string en cuir. Plus haut il peut voir mes mains attachées à la laisse au milieu de mon dos, plus haut encore le collier de chien en cuir autour de mon cou, l'arrière lacé de la cagoule. Je n'ai pas mis mes chaps pour avoir l'air plus vulnérable, mais j'ai mes rangers avec des grosses chaussettes marron en synthétique un peu trash roulées au-dessus.
Il me claque le cul. Quand ça devient trop fort je remonte lui bouffer les couilles et le sucer. Il m'arrête, il me pousse à terre, il est un peu brusque mais tant pis, ce n'est pas le moment de faire des remarques, il m'attrape par le cou, il me tire vers la chambre. J'avance comme je peux, moitié sur les genoux, moitié en rampant. Il en profite pour me claquer le cul, vraiment fort. Arrivés à la chambre, il me prend par les épaules, me jette sur le lit, je me mets en position, torse sur le bas du lit toujours à genoux cul en l'air, non, ce n'est pas ce qu'il veut, il me fait monter sur le lit, je me remets en position, rangers bien écartées dans le vide, je baisse mon cul pour qu'il ne soit pas trop haut pour sa bite, pendant ce temps il va chercher une capote, il se la met, il me claque le cul deux trois fois, il écarte la lanière du string, le gode commence à sortir de lui-même, il pousse dessus pour le remettre à fond une fois, deux fois, et puis il le vire, il le jette sur le lit, il rentre sa grosse bite à la place et il me baise comme une reine.
On ne le refait jamais. Je trouve que ce serait nase de lui refaire exactement le même coup donc j'attends qu'il me le propose. Il ne le fait pas.
A huit heures dix il sonne. J'ouvre la porte. Il a l'air bien excité. Je fais demi-tour. Je croise mes poignets pour qu'il attache les menottes à la grosse laisse qui me pend dans le dos. Clic. Je commence à bander. Il entre, il ferme la porte derrière lui, je me suis déjà mis à genoux face à son paquet, j'ouvre la bouche au maximum, c'est difficile à cause du cuir de la cagoule, il descend sa braguette à toute vitesse, sort sa bite à demi bandée. J'en profite pour l'avaler à fond, jusqu'au pubis. Je tète. Il grossit vite. Ça m'oblige à reculer mais je reviens dessus et comme je suis bien excité j'arrive à tout prendre jusqu'à ce que j'aie son gland derrière la glotte, je le branle comme ça en fond de gorge en respirant comme je peux par le nez, je bave un maximum.
Ça fait cinq bonne minutes que je pompe, je commence à redescendre. Je me mets à sucer plus mollement, je vais le long de sa queue, je suce seulement le gland. Pas longtemps parce qu'il m'attrape par le haut de la cagoule et qu'il me force à le pomper à nouveau bien à fond. Ça me réexcite aussi sec. Au bout d'un moment il me tire la tête en arrière. Il me regarde d'en haut. Petite salope ! Il me crache dessus. Wow ! Je suis tellement content que ça démarre aussi bien que je fais un truc que je ne fais pas d'habitude parce que je trouve que c'est sale mais là j'en ai envie pour bien montrer qui est qui ce soir. Je me baisse et je commence à lui lécher les pompes. En même temps j'écarte les jambes et je me cambre à fond pour bien offrir mon cul. Je sais que c'est une vision assez sympa : au centre de mon cul, poilu sauf la raie qui est rasée de frais, les couilles et le bout rose fluo du gode qui émerge de mon trou, retenus par la lanière de mon string en cuir. Plus haut il peut voir mes mains attachées à la laisse au milieu de mon dos, plus haut encore le collier de chien en cuir autour de mon cou, l'arrière lacé de la cagoule. Je n'ai pas mis mes chaps pour avoir l'air plus vulnérable, mais j'ai mes rangers avec des grosses chaussettes marron en synthétique un peu trash roulées au-dessus.
Il me claque le cul. Quand ça devient trop fort je remonte lui bouffer les couilles et le sucer. Il m'arrête, il me pousse à terre, il est un peu brusque mais tant pis, ce n'est pas le moment de faire des remarques, il m'attrape par le cou, il me tire vers la chambre. J'avance comme je peux, moitié sur les genoux, moitié en rampant. Il en profite pour me claquer le cul, vraiment fort. Arrivés à la chambre, il me prend par les épaules, me jette sur le lit, je me mets en position, torse sur le bas du lit toujours à genoux cul en l'air, non, ce n'est pas ce qu'il veut, il me fait monter sur le lit, je me remets en position, rangers bien écartées dans le vide, je baisse mon cul pour qu'il ne soit pas trop haut pour sa bite, pendant ce temps il va chercher une capote, il se la met, il me claque le cul deux trois fois, il écarte la lanière du string, le gode commence à sortir de lui-même, il pousse dessus pour le remettre à fond une fois, deux fois, et puis il le vire, il le jette sur le lit, il rentre sa grosse bite à la place et il me baise comme une reine.
On ne le refait jamais. Je trouve que ce serait nase de lui refaire exactement le même coup donc j'attends qu'il me le propose. Il ne le fait pas.
25 août 2013
Grisélidis Réal
Les écrits de Grisélidis Réal témoignent se son expérience de la prostitution. Décédée en 2005, elle a souhaitée que sa tombe soit marquée de ces deux mots : écrivain-prostituée. En 1974, elle publie son premier livre, autobiographique : Le noir est une couleur.
Ses mains gantées de daim ouvrent une portière de voiture. Je reconnais le grand catafalque nickelé.
Cette fois, pas de repas chinois, pas de mansarde, pas de galanteries. Il est pressé, on stoppe dans un chemin sombre entre deux villas. Il presse sur un bouton et les sièges s'allongent en couchettes.
Il se déshabille en ahanant, et sur les coussins de cuir noir, comme un monstrueux clair de lune, son vieux cul flasque apparaît.
Il me le tend, saisit ma tête à pleines mains et m'enfonce dans ses replis. Tout en dirigeant la manoeuvre d'une poigne rude, il gémit comme un petit enfant. Au bout de longues minutes, à moitié étranglée, suffocante et pleine de larmes, j'ai tout reçu dans la bouche.
En sifflotant, il remet la voiture en marche pendant que je me rhabille. J'ai cinquante marks dans mon sac comme l'autre fois, qu'il m'a donnés sans que je lui demande. Il pousse la gentillesse jusqu'à me ramener tout près de ma cabane.
Ses mains gantées de daim ouvrent une portière de voiture. Je reconnais le grand catafalque nickelé.
Cette fois, pas de repas chinois, pas de mansarde, pas de galanteries. Il est pressé, on stoppe dans un chemin sombre entre deux villas. Il presse sur un bouton et les sièges s'allongent en couchettes.
Il se déshabille en ahanant, et sur les coussins de cuir noir, comme un monstrueux clair de lune, son vieux cul flasque apparaît.
Il me le tend, saisit ma tête à pleines mains et m'enfonce dans ses replis. Tout en dirigeant la manoeuvre d'une poigne rude, il gémit comme un petit enfant. Au bout de longues minutes, à moitié étranglée, suffocante et pleine de larmes, j'ai tout reçu dans la bouche.
En sifflotant, il remet la voiture en marche pendant que je me rhabille. J'ai cinquante marks dans mon sac comme l'autre fois, qu'il m'a donnés sans que je lui demande. Il pousse la gentillesse jusqu'à me ramener tout près de ma cabane.
19 août 2013
Vikram Seth / Claro
Après avoir publié des recueils de poésie, l'écrivain indien Vikram Seth publie en 1986 son premier roman : Golden Gate. Inspiré dans sa forme du roman de Pouchkine Eugène Ounéguine, il est écrit en vers. L'immense Claro, spécialiste des Everest littéraires (plusieurs fois honoré en ces lieux, ici, là et là encore), s'est attaqué à la traduction en français, en choisissant de présenter l'oeuvre en alexandrins.
Le roman raconte la quête amoureuse de quelques jeunes gens de San Francisco. Dans l'extrait suivant (strophe numéro 34 du chapitre 1) , l'ombrageux John prend la mouche lorsque son ex-compagne Janet lui propose de recourir aux petites annonces pour retrouver l'âme soeur.
" Mais c'est... mais c'est..." Et voilà que Janet se tait.
" Ce que c'est ? Du maquignonnage pur et dur.
Des bêtes exposées, des acheteurs replets,
Des enchères sans nom et des candidatures,
Vieux pervers polymorphe, âgé mais très fringant,
Solvable, excitant, sexy, économe, grand,
Cherche jeune et jolie brune à grosse poitrine
Aimant jouer du flageolet et très câline.
Au numéro 69. Hors de question
Que je prête ma plume à cette perversion.
Comment as-tu pu croire que j'allais souscrire
A pareille ineptie ? Bel homme ex machina
Jeune et doué dans l'art de lever les nanas. "
Le roman raconte la quête amoureuse de quelques jeunes gens de San Francisco. Dans l'extrait suivant (strophe numéro 34 du chapitre 1) , l'ombrageux John prend la mouche lorsque son ex-compagne Janet lui propose de recourir aux petites annonces pour retrouver l'âme soeur.
" Mais c'est... mais c'est..." Et voilà que Janet se tait.
" Ce que c'est ? Du maquignonnage pur et dur.
Des bêtes exposées, des acheteurs replets,
Des enchères sans nom et des candidatures,
Vieux pervers polymorphe, âgé mais très fringant,
Solvable, excitant, sexy, économe, grand,
Cherche jeune et jolie brune à grosse poitrine
Aimant jouer du flageolet et très câline.
Au numéro 69. Hors de question
Que je prête ma plume à cette perversion.
Comment as-tu pu croire que j'allais souscrire
A pareille ineptie ? Bel homme ex machina
Jeune et doué dans l'art de lever les nanas. "
15 août 2013
Markus Orths
Les écrivains allemands, à la différence de leurs cousins autrichiens, semblent avoir une certaine pudeur et sont peu présents dans cette anthologie. Le sexe est abordé par eux d'une manière souvent peu explicite. Le roman de Markus Orths, Femme de chambre, paru en 2008, en fournit un bel exemple.
Dans l'extrait suivant : une conversation entre Chiara, prostituée, et sa cliente Lynn, le personnage principal du roman.
... le samedi elle est dans les bras de Chiara, les yeux fermés, c'est fini, Lynn sent que la décision de poser la question s'enclenche enfin en elle.
" Est-ce que j'ai bon goût ? demande Lynn.
- Un goût de savon.
- Je me lave toujours avant.
- Oui, tout ton corps a un goût de savon.
- C'est O.K. ?
- Tout à fait.
- Y a-t-il des clients qui te dégoûtent, je veux dire : est-ce que ce n'est pas écoeurant quelquefois ?
- Non. Ils doivent toujours se laver avant.
- Tu l'exiges?
- C'est le minimum."
Silence, bref.
Dans l'extrait suivant : une conversation entre Chiara, prostituée, et sa cliente Lynn, le personnage principal du roman.
... le samedi elle est dans les bras de Chiara, les yeux fermés, c'est fini, Lynn sent que la décision de poser la question s'enclenche enfin en elle.
" Est-ce que j'ai bon goût ? demande Lynn.
- Un goût de savon.
- Je me lave toujours avant.
- Oui, tout ton corps a un goût de savon.
- C'est O.K. ?
- Tout à fait.
- Y a-t-il des clients qui te dégoûtent, je veux dire : est-ce que ce n'est pas écoeurant quelquefois ?
- Non. Ils doivent toujours se laver avant.
- Tu l'exiges?
- C'est le minimum."
Silence, bref.
24 juin 2013
Alessandro Piperno
Alessandro Piperno, dernier lauréat du prix Strega, publie en 2005 son premier roman Avec les pires intentions. Rejeton de la bourgeoisie juive romaine, le narrateur Daniel Sonnino, personnage inspiré de Portnoy, raconte son héritage familial et ses déboires amoureux. Dans la scène suivante, Daniel se retrouve en tête à tête avec Giorgio, un ami d'autrefois. Une occasion d'évoquer le souvenir de Gaia, objet d'un amour platonique.
- Tu es une merde, Daniel.
- Sache que j'ai rencontré Diamante récemment et qu'elle m'a demandé de tes nouvelles : "Tu as revu le pétomane ?" Et je me suis mis à rire, parce que j'ai le sens de l'humour...
- Quel salaud...
- D'accord, tu as raison, ce n'était pas la peine de ressortir cette histoire. Mais c'est toi qui as commencé après tout. C'est toi qui as évoqué les fantômes. C'est toi qui as ouvert les tiroirs. Tu sais, passé un certain âge, il vaut mieux les garder fermés ces foutus tiroirs ! Et si tu veux savoir ce que je pense, je te dirai que Gaia n'avait pas le droit...
- Pas le droit de quoi ? Tu peux me le dire ? Elle n'avait pas le droit de baiser, de tailler des pipes ?...
- Eh bien, ç'aurait été plus gentil de le faire avec un seul à la fois. Au fond, elle n'avait que quatorze ans.
- Tu voulais tuer une fille qui faisait des pipes à quatorze ans ? C'est ça que tu essaies de me dire ? Tu veux me dire que si elle avait attendu deux ans de plus, alors tu aurais compris ? Tu veux dire que si elle avait été plus grande tu aurais approuvé ?
- Mais non, voyons, dit comme ça, ça n'a pas de sens... Et puis arrête avec cette histoire, je ne voulais tuer personne !
- La vérité c'est que certaines filles précoces il faudrait les glorifier. Allons Daniel, ça n'est pas un crime de tailler une pipe. C'est un plaisir de le faire et, si tu tiens à le savoir, c'est encore mieux de se le faire faire. Nous ne sommes pas en Iran. Notre constitution autorise qui en a envie à faire ou à se faire faire une pipe...
- Tu es une merde, Daniel.
- Sache que j'ai rencontré Diamante récemment et qu'elle m'a demandé de tes nouvelles : "Tu as revu le pétomane ?" Et je me suis mis à rire, parce que j'ai le sens de l'humour...
- Quel salaud...
- D'accord, tu as raison, ce n'était pas la peine de ressortir cette histoire. Mais c'est toi qui as commencé après tout. C'est toi qui as évoqué les fantômes. C'est toi qui as ouvert les tiroirs. Tu sais, passé un certain âge, il vaut mieux les garder fermés ces foutus tiroirs ! Et si tu veux savoir ce que je pense, je te dirai que Gaia n'avait pas le droit...
- Pas le droit de quoi ? Tu peux me le dire ? Elle n'avait pas le droit de baiser, de tailler des pipes ?...
- Eh bien, ç'aurait été plus gentil de le faire avec un seul à la fois. Au fond, elle n'avait que quatorze ans.
- Tu voulais tuer une fille qui faisait des pipes à quatorze ans ? C'est ça que tu essaies de me dire ? Tu veux me dire que si elle avait attendu deux ans de plus, alors tu aurais compris ? Tu veux dire que si elle avait été plus grande tu aurais approuvé ?
- Mais non, voyons, dit comme ça, ça n'a pas de sens... Et puis arrête avec cette histoire, je ne voulais tuer personne !
- La vérité c'est que certaines filles précoces il faudrait les glorifier. Allons Daniel, ça n'est pas un crime de tailler une pipe. C'est un plaisir de le faire et, si tu tiens à le savoir, c'est encore mieux de se le faire faire. Nous ne sommes pas en Iran. Notre constitution autorise qui en a envie à faire ou à se faire faire une pipe...
16 juin 2013
Irvine Welsh
En 1993, Irvine Welsh secoue le paysage littéraire britannique avec Trainspotting, son premier roman. En 2002, l'écrivain publie Porno. On y retrouve les mêmes personnages, dix ans plus tard. Il n'est pas du tout certain que la traduction rende parfaitement compte de la version originale écrite en anglais populaire et argotique, parlé dans les bas quartiers de Glasgow. De nombreuses scènes auraient pu illustrer ce site. Dans celle choisie ici, Simon ramène chez lui son amie Nikki après une séance de natation et un repas au restaurant.
Je ne pense qu'à une chose, la ramener chez moi, l'image de son corps parfait dans son maillot rouge bouillonne tellement dans mon esprit que j'ai du mal à parler, ou même à penser à ma combine. Et elle n'est pas timide. Sur la banquette arrière du taxi, elle ouvre ma braguette, glisse la main dans mon fute et me roule une pelle avec une déconcertante férocité. A un moment, ses dent me mâchonnent la lèvre inférieure et la douleur devient si intense que je manque hurler et la repousser.
On s'arrête, on paie le chauffeur et ma braguette est toujours ouverte quand on monte les escaliers, où elle défait ma ceinture. Je lui retire son cardigan par-dessus sa tête et soulève son t-shirt pour arracher son soutien-gorge. Sur le palier, on s'entredéchire et la porte d'en face s'ouvre, et le gars genre pédophile qui vit encore chez sa mère nous regarde puis referme brusquement. Je fourrage dans ma poche à la recherche de mes clés, je fais entrer Nikki qui baisse son jean noir en velours, mon fute tombe au sol, on est dans l'appart et on claque la porte derrière nous. Je lui enlève son jean et sa culotte blanche en dentelle et je lèche sa chatte au léger goût de chlore, laisse ma langue l'explorer puis lui suce le clitoris. Je sens ses ongles s'enfoncer dans ma nuque, dans mon visage et j'ai du mal à respirer mais elle me repousse, se retourne sans que je lâche prise sur sa touffe parfumée, et elle cherche à atteindre ma bite. Sa langue s'y dépose en petits coups électriques, puis elle l'enserre dans sa bouche. Cette impasse se prolonge encore quelque temps puis on se sépare d'instinct, nos regards se croisent et tout devient trouble, ralenti comme dans un accident de la route. Nos mains avides parcourent nos corps, reflètent les caresses patientes et quasi médicales de l'autre. Je sens chaque muscle, chaque tendon sous sa peau douce comme la plume, et elle m'explore comme si ma chair se détachait peu à peu de mes os.
On se chauffe, elle me plaque au sol avec la puissance incroyable de ses cuisses si trompeusement minces. Elle attrape ma queue et la frotte contre sa chatte avant de s'y empaler millimètre par millimètre. On baise avec lenteur jusqu'à atteindre l'instant. Puis on chancelle jusqu'au lit où on s'allonge sur la couette. Je tends le bras vers la table de nuit et attrape un sachet de coke. Elle refuse au début mais je fais deux rails, roule Nikki sur le ventre et sèche avec un coin de la couette le creux de ses reins moites de sueur. J'étouffe presque devant la beauté de ce cul sous mes yeux, dépose une ligne de coke sur ce carré de peau au bas de sa colonne vertébrale et sniffe. Mon doigt glisse entre ses fesses jusqu'à la moue inversée de son anus, elle se tend un peu, puis je descends vers son vagin trempé. Quand la coke me traverse comme le train de Norwich dans Hackney Downs, je suis de nouveau en elle, elle s'agenouille et pousse fort contre mon aine.
- Sniffe... je halète en montrant l'autre rail sur la table de nuit.
- Je prends...pas... de...cette...merde...elle souffle en se tortillant comme un serpent et s'enfonçant sur ma queue avec une énergie féroce et un contrôle spendide.
- Allez, mets-t'en une dose, putain, je hurle et elle tourne la tête vers moi, un air de lubricité épuisée sur le visage.
- Oh, Simon...
Elle attrape le billet et sniffe tandis que je la baise, je ralentis pour lui permettre d'ingurgiter la ligne puis je m'y remets aussi fort que je peux, les mains autour de sa fine taille; le serpent arqué devient soudain rigide, nos deux corps comme un piston, et on crie à l'unisson en jouissant.
Je ne pense qu'à une chose, la ramener chez moi, l'image de son corps parfait dans son maillot rouge bouillonne tellement dans mon esprit que j'ai du mal à parler, ou même à penser à ma combine. Et elle n'est pas timide. Sur la banquette arrière du taxi, elle ouvre ma braguette, glisse la main dans mon fute et me roule une pelle avec une déconcertante férocité. A un moment, ses dent me mâchonnent la lèvre inférieure et la douleur devient si intense que je manque hurler et la repousser.
On s'arrête, on paie le chauffeur et ma braguette est toujours ouverte quand on monte les escaliers, où elle défait ma ceinture. Je lui retire son cardigan par-dessus sa tête et soulève son t-shirt pour arracher son soutien-gorge. Sur le palier, on s'entredéchire et la porte d'en face s'ouvre, et le gars genre pédophile qui vit encore chez sa mère nous regarde puis referme brusquement. Je fourrage dans ma poche à la recherche de mes clés, je fais entrer Nikki qui baisse son jean noir en velours, mon fute tombe au sol, on est dans l'appart et on claque la porte derrière nous. Je lui enlève son jean et sa culotte blanche en dentelle et je lèche sa chatte au léger goût de chlore, laisse ma langue l'explorer puis lui suce le clitoris. Je sens ses ongles s'enfoncer dans ma nuque, dans mon visage et j'ai du mal à respirer mais elle me repousse, se retourne sans que je lâche prise sur sa touffe parfumée, et elle cherche à atteindre ma bite. Sa langue s'y dépose en petits coups électriques, puis elle l'enserre dans sa bouche. Cette impasse se prolonge encore quelque temps puis on se sépare d'instinct, nos regards se croisent et tout devient trouble, ralenti comme dans un accident de la route. Nos mains avides parcourent nos corps, reflètent les caresses patientes et quasi médicales de l'autre. Je sens chaque muscle, chaque tendon sous sa peau douce comme la plume, et elle m'explore comme si ma chair se détachait peu à peu de mes os.
On se chauffe, elle me plaque au sol avec la puissance incroyable de ses cuisses si trompeusement minces. Elle attrape ma queue et la frotte contre sa chatte avant de s'y empaler millimètre par millimètre. On baise avec lenteur jusqu'à atteindre l'instant. Puis on chancelle jusqu'au lit où on s'allonge sur la couette. Je tends le bras vers la table de nuit et attrape un sachet de coke. Elle refuse au début mais je fais deux rails, roule Nikki sur le ventre et sèche avec un coin de la couette le creux de ses reins moites de sueur. J'étouffe presque devant la beauté de ce cul sous mes yeux, dépose une ligne de coke sur ce carré de peau au bas de sa colonne vertébrale et sniffe. Mon doigt glisse entre ses fesses jusqu'à la moue inversée de son anus, elle se tend un peu, puis je descends vers son vagin trempé. Quand la coke me traverse comme le train de Norwich dans Hackney Downs, je suis de nouveau en elle, elle s'agenouille et pousse fort contre mon aine.
- Sniffe... je halète en montrant l'autre rail sur la table de nuit.
- Je prends...pas... de...cette...merde...elle souffle en se tortillant comme un serpent et s'enfonçant sur ma queue avec une énergie féroce et un contrôle spendide.
- Allez, mets-t'en une dose, putain, je hurle et elle tourne la tête vers moi, un air de lubricité épuisée sur le visage.
- Oh, Simon...
Elle attrape le billet et sniffe tandis que je la baise, je ralentis pour lui permettre d'ingurgiter la ligne puis je m'y remets aussi fort que je peux, les mains autour de sa fine taille; le serpent arqué devient soudain rigide, nos deux corps comme un piston, et on crie à l'unisson en jouissant.
27 avr. 2013
John Irving
John Irving a publié en 1972 L'épopée du buveur d'eau, son second roman. C'est l'histoire de Fred Bogus Trumper à qui rien ne réussit. En voici une illustration dans le domaine des relations avec les femmes. La scène se déroule dans la voiture de Lydia qui a décidé de faire le premier pas pour stimuler les ardeurs amoureuses de Bogus.
Lydia se redresse sur ses genoux, s'éloigne un peu de moi et ôte sa jupe ; sous sa culotte à fleurs, m'apparaît le plus minuscule des renflements pubiens. Voyant ses mains occupées, je fais glisser les brides de son soutien-gorge.
- Je suis si plate ! s'excuse-t-elle d'une petite voix.
Je fais descendre mon pantalon sur mes chevilles. Soulevant les pieds, mes talons maladroits appuient sur le klaxon ; toutes fenêtres fermées, le son semble provenir d'une autre voiture ; Lydia se frotte brusquement contre moi, me permettant de déboucler son soutien-gorge. Sur l'étiquette, on peut lire : " Menus plaisirs ".
On ne peut plus vrai.
Ses petits seins durcis se pressent contre moi, et j'arrache tant bien que mal ma chemise, conscient que la braguette de mon caleçon bâille et que Lydia scrute précisément cet endroit ; elle se tient raide, mais ses hanches m'aident à la débarrasser de son slip. J'entrevois un grain de beauté parmi les fleurettes bleu layette et rose layette.
- Tu as de touts petits tétons, me dit-elle en y promenant ses doigts.
Moi j'emprisonne ses deux petits nénés ronds - au toucher : des oranges - dont les tétons sont aussi durs que le levier de vitesse qui me rentre dans le mollet. Avec lenteur, je l'étends, admirant pour la première fois ce corps soyeux et compact, ces seins haut dardés, cette légère traînée de poudre de riz autour de cette fente toute proche. Elle attire ma tête vers la traînée de poudre, mais l'odeur me révulse l'estomac. C'est celle du shampooing de Colm : NE PIQUE PAS LES YEUX.
- S'il te plaît, exhale-t-elle.
S'il me plaît quoi ? J'espère qu'elle ne va pas me laisser prendre l'initiative. J'ai toujours eu un problème pour prendre des décisions.
Embrasser la douce bande de chair située sous le nombril ; voir la marque que l'élastique de son slip a gravée sur le petit renflement de son ventre. Je n'arrive pas à me rappeler le moment où ses dessous sont partis, et ça m'ennuie. Etait-ce de son propre chef ou du mien ? Un moment pareil ne devrait pas s'oublier ! Je repose mon menton râpeux sur sa toison duveteuse. Quand je bouge, quand elle sent mon baiser, elle m'empoigne la tête et me tire violemment les cheveux par deux fois. Puis ses cuisses se détendent, et elle applique ses paumes sur mes oreilles pour que je puisse écouter la mer en stéréo - ou plutôt le réservoir de Coralville en crue, qui va transformer notre colline en îlot ; nous laisser là, abandonnés sous les vols des canards nocturnes, environnés de l'odeur poussiéreuse montant comme une brume des champs de soja.
Elle relâche une de mes oreilles, je reçois le bruit de la mer en mono. J'aperçois la main libre de Lydia tâtonner sur le sol, puis fouiller dans la veste de son tailleur poire. Qu'y a-t-il dans la manche ? Elle me dit :
- Je cherche un préservatif. C'est une fille, à la pension ... elle en avait un...
Mais sa main ne peut pénétrer dans le poignet de la veste, et elle est obligée de secouer le vêtement.
- Il y a une poche secrète dans la doublure.
Pour quoi faire ?
Je vois ses seins en mouvement ; je vois ses dents plantés dans sa lèvre inférieure ; je vois sa cage thoracique s'incliner, se redresser ; je vois l'enveloppe métallisée de la capote entrer dans mon champ visuel, posée sur son ventre ; puis Lydia retombe en arrière, la chair frémissante, les reins tumultueux. Du coin de l'oeil, je distingue son bras, son poignet, sa main refermée sur ce qui doit être un bout de pumpernickel émietté. Ses cuisses se raidissent, me giflant le visage ; j'entends le papier d'étain crisser et se déchirer.
Je me demande si elle l'entend aussi. Posant ma tête sur ses seins, j'écoute les palpitations de son coeur. Son épaule pend au dessus du siège, l'avant-bras dirigé vers le sol. Son poignet est courbé à angle droit, tellement qu'il semble brisé ; ses longs doigts allongés sont immobiles, et le soleil à travers la vitre est juste assez fort pour faire briller sa bague ; un peu trop large pour son doigt, elle a glissé par terre.
Je ferme les yeux dans sa fente poudrée, identifiant un parfum de musc sucré. Mais pourquoi donc mon esprit évoque-t-il des abattoirs, et toutes les jeunes filles violées pendant les guerres ?
Ses cuisses se ferment doucement sur la partie caoutchoutée de frais, et elle me demande :
- Alors ? C'est pour aujourd'hui ?
Lydia se redresse sur ses genoux, s'éloigne un peu de moi et ôte sa jupe ; sous sa culotte à fleurs, m'apparaît le plus minuscule des renflements pubiens. Voyant ses mains occupées, je fais glisser les brides de son soutien-gorge.
- Je suis si plate ! s'excuse-t-elle d'une petite voix.
Je fais descendre mon pantalon sur mes chevilles. Soulevant les pieds, mes talons maladroits appuient sur le klaxon ; toutes fenêtres fermées, le son semble provenir d'une autre voiture ; Lydia se frotte brusquement contre moi, me permettant de déboucler son soutien-gorge. Sur l'étiquette, on peut lire : " Menus plaisirs ".
On ne peut plus vrai.
Ses petits seins durcis se pressent contre moi, et j'arrache tant bien que mal ma chemise, conscient que la braguette de mon caleçon bâille et que Lydia scrute précisément cet endroit ; elle se tient raide, mais ses hanches m'aident à la débarrasser de son slip. J'entrevois un grain de beauté parmi les fleurettes bleu layette et rose layette.
- Tu as de touts petits tétons, me dit-elle en y promenant ses doigts.
Moi j'emprisonne ses deux petits nénés ronds - au toucher : des oranges - dont les tétons sont aussi durs que le levier de vitesse qui me rentre dans le mollet. Avec lenteur, je l'étends, admirant pour la première fois ce corps soyeux et compact, ces seins haut dardés, cette légère traînée de poudre de riz autour de cette fente toute proche. Elle attire ma tête vers la traînée de poudre, mais l'odeur me révulse l'estomac. C'est celle du shampooing de Colm : NE PIQUE PAS LES YEUX.
- S'il te plaît, exhale-t-elle.
S'il me plaît quoi ? J'espère qu'elle ne va pas me laisser prendre l'initiative. J'ai toujours eu un problème pour prendre des décisions.
Embrasser la douce bande de chair située sous le nombril ; voir la marque que l'élastique de son slip a gravée sur le petit renflement de son ventre. Je n'arrive pas à me rappeler le moment où ses dessous sont partis, et ça m'ennuie. Etait-ce de son propre chef ou du mien ? Un moment pareil ne devrait pas s'oublier ! Je repose mon menton râpeux sur sa toison duveteuse. Quand je bouge, quand elle sent mon baiser, elle m'empoigne la tête et me tire violemment les cheveux par deux fois. Puis ses cuisses se détendent, et elle applique ses paumes sur mes oreilles pour que je puisse écouter la mer en stéréo - ou plutôt le réservoir de Coralville en crue, qui va transformer notre colline en îlot ; nous laisser là, abandonnés sous les vols des canards nocturnes, environnés de l'odeur poussiéreuse montant comme une brume des champs de soja.
Elle relâche une de mes oreilles, je reçois le bruit de la mer en mono. J'aperçois la main libre de Lydia tâtonner sur le sol, puis fouiller dans la veste de son tailleur poire. Qu'y a-t-il dans la manche ? Elle me dit :
- Je cherche un préservatif. C'est une fille, à la pension ... elle en avait un...
Mais sa main ne peut pénétrer dans le poignet de la veste, et elle est obligée de secouer le vêtement.
- Il y a une poche secrète dans la doublure.
Pour quoi faire ?
Je vois ses seins en mouvement ; je vois ses dents plantés dans sa lèvre inférieure ; je vois sa cage thoracique s'incliner, se redresser ; je vois l'enveloppe métallisée de la capote entrer dans mon champ visuel, posée sur son ventre ; puis Lydia retombe en arrière, la chair frémissante, les reins tumultueux. Du coin de l'oeil, je distingue son bras, son poignet, sa main refermée sur ce qui doit être un bout de pumpernickel émietté. Ses cuisses se raidissent, me giflant le visage ; j'entends le papier d'étain crisser et se déchirer.
Je me demande si elle l'entend aussi. Posant ma tête sur ses seins, j'écoute les palpitations de son coeur. Son épaule pend au dessus du siège, l'avant-bras dirigé vers le sol. Son poignet est courbé à angle droit, tellement qu'il semble brisé ; ses longs doigts allongés sont immobiles, et le soleil à travers la vitre est juste assez fort pour faire briller sa bague ; un peu trop large pour son doigt, elle a glissé par terre.
Je ferme les yeux dans sa fente poudrée, identifiant un parfum de musc sucré. Mais pourquoi donc mon esprit évoque-t-il des abattoirs, et toutes les jeunes filles violées pendant les guerres ?
Ses cuisses se ferment doucement sur la partie caoutchoutée de frais, et elle me demande :
- Alors ? C'est pour aujourd'hui ?
21 avr. 2013
Margaux Fragoso
J'ai rencontré Peter quand j'avais sept ans et j'ai eu une relation avec lui pendant quinze ans, jusqu'à ce qu'il se suicide à l'âge de soixante-six ans. C'est par ces mots que débute Tigre, Tigre ! , le récit autobiographique qu'a publié Margaux Fragoso en 2011. L'univers dans lequel vivaient cette enfant et cet homme n'a été rendu possible que par le secret qui l'entourait.
Il me serra soudain dans ses bras, presque trop fort. "Je t'aime tellement, Margaux, tu ne comprends pas. Margaux, Margaux. Tu es unique au monde. Personne ne te ressemble, personne au monde. Tu as été créée pour moi. Tu es mon ange gardien. Tu es mon amour. Ce n'est pas mal de t'aimer, pas quand l'amour est si beau. Nous sommes faits l'un pour l'autre ; oublie ce que racontent les autres. Oublie tout : nous sommes les deux seules personnes qui comptent dans ce monde : toi et moi."
Je l'embrassai, en mettant ma langue dans sa bouche. Nous nous embrassâmes un certain temps. Puis je posai la main sur la bosse de son survêtement.
"Tu n'as pas peur de moi, dis ?"
Je secouai la tête.
"Je suis amoureux de toi. Il n'y a personne d'autre, Margaux. Personne ne me fait sentir ainsi. Je t'aime inconditionnellement. Tu as un immense pouvoir, un incroyable pouvoir sur moi et je te fais confiance. Je mets ma vie entre tes mains."
Je baissai son pantalon ; ce geste soudain parut le surprendre. Son pénis ne paraissait pas aussi effrayant et dégoûtant qu'avant. C'était une partie du corps naturelle, pas honteuse du tout ; je le savais maintenant. Je le touchai et il commença à augmenter en volume ; Peter me dit de ne pas avoir peur - que c'était normal. La peau se tendit, les veines devinrent plus rigides ; elles me faisaient penser à des plantes de terrarium, mais bleues. Le sac poilu qui était dessous paraissait plus tendu aussi ; j'y touchai et ça glissa sous la pression de ma main comme un bol de gelée Jell-O. Mais l'autre truc - je ne pouvais en croire mes yeux : ça continuait à grandir magiquement. Je pensai à Alice au pays des merveilles et à ses flacons de potion et à des pastilles à la menthe et autres champignons magiques. Il y avait des potions qui la rendaient plus grande ; d'autres qui la rapetissaient. Elle pouvait être aussi petite que mon petit doigt, ou aussi grande que Godzilla ou King Kong. Le pénis de Peter n'était pas contrôlé par des pastilles à la menthe - je commençais à comprendre que je le contrôlais. J'en connaissais assez maintenant sur le pourquoi du comment pour savoir que si je n'avais pas été là, il ne serait pas devenu grand.
Je fixai l'ampoule nue, éblouissante. Une mouche courait dessus. "Tu veux que je t'embrasse là, Peter ? Pour ton anniversaire ?
- J'aimerais beaucoup ça, mon coeur."
Je l'embrassai sur le petit oeilleton. Il n'y avait pas de pipi là, pas de pipi qui venait. Peter m'avait expliqué que le pipi ne pouvait pas sortir quand c'était dur. Pas de pipi, me disais-je en l'embrassant plusieurs fois, pas de pipi, pas de pipi. Pas de sang, pas de sang. Ni de cire ou de mucus ou de sueur. Rien ne pouvait sortir de là.
"Voudrais-tu le sucer ? Comme tu ferais avec une sucette ?"
Il y avait une histoire dans un livre ancien qui appartenait à ma mère quand elle était petite : le livre géant des contes de fées ; maintenant il était à moi. Je pensai au conte qui s'appelait La sucette sans fin ; c'était l'histoire d'un garçon, Johnny, qui suce et suce une sucette jusqu'à ce qu'elle devienne tellement grande qu'elle est plus grande que lui. La sucette géante est installée dans la rue comme décoration, vu qu'elle a la taille d'un lampadaire.
Je suçai le pénis de Peter, la tête toujours aux histoires de mon livre. Il y en avait une autre qui s'appelait Vilain Petit Rat. Vilain petit rat est l'ami de la petite Donnica ; c'est un gentil petit rat, sauf qu'il ne peut pas s'empêcher de faire des bêtises et de casser des trucs dans la maison. Alors la mère de Donnica essaie de le tuer ; elle tente de le noyer en l'enfermant dans un carton, mais le carton se défait et il s'en sort. Elle tente de l'expédier à bord d'un deltaplane. Elle le ligote dans la forêt pour qu'une chouette le mange. Elle a beau tout essayer pour se débarrasser de lui, il revient sans arrêt. Finalement il décide qu'il veut devenir sage. Il se met à faire tout ce qu'on lui dit. Il fait la vaisselle ; il dit ses prières. Peut-être même qu'il boit un verre de lait comme celui que ma mère me donnait tous les soirs pour la vitamine D. Peut-être étais-je une souris qui buvait du lait au bol du chat sur le sol de la cave ? Peut-être étais-je un bébé avec un biberon ? Peut-être, en fait, étais-je en haut avec Karen à boire vraiment du lait avec des Pépitos ? Etais-je en haut ou en bas ? C'était la première chose à savoir. Il fallait que je me concentre. Est-ce que j'étais en haut ou en bas ? Ou bien - est-ce que j'habitais dans l'appartement de la 32ème rue, ou dans la nouvelle maison de Papa ? Quel âge avais-je ? Quel jour de la semaine était-on ? Est-ce que j'étais Karen, en haut, buvant un verre de lait ? Ou Margaux, en bas, lapant le bol du chat ?
J'eus soudain l'impression d'être de la taille d'un ongle de pouce. Puis je me rendis compte que j'étais en train de regarder un pouce. Le pouce de Peter. Et ensuite, que je regardais vers le haut, le visage de Peter. Dès qu'il vit que je le regardais, il tapota ma tête.
"Je t'aime, dit-il. Je t'aime tellement, ma chérie, tellement. Tu devrais arrêter maintenant, mon coeur. Arrête, mon coeur." Sa voix rendait un son étrange, étranglé. " Tu es si belle. Si belle et si aimante ; et c'était une si belle soirée. Merci. Merci du fond du coeur, ma chérie, merci de m'aimer. Merci de m'accepter." Il eut un large sourire et remonta son pantalon d'un geste vif. "C'est le meilleur anniversaire de ma vie !"
Il me serra soudain dans ses bras, presque trop fort. "Je t'aime tellement, Margaux, tu ne comprends pas. Margaux, Margaux. Tu es unique au monde. Personne ne te ressemble, personne au monde. Tu as été créée pour moi. Tu es mon ange gardien. Tu es mon amour. Ce n'est pas mal de t'aimer, pas quand l'amour est si beau. Nous sommes faits l'un pour l'autre ; oublie ce que racontent les autres. Oublie tout : nous sommes les deux seules personnes qui comptent dans ce monde : toi et moi."
Je l'embrassai, en mettant ma langue dans sa bouche. Nous nous embrassâmes un certain temps. Puis je posai la main sur la bosse de son survêtement.
"Tu n'as pas peur de moi, dis ?"
Je secouai la tête.
"Je suis amoureux de toi. Il n'y a personne d'autre, Margaux. Personne ne me fait sentir ainsi. Je t'aime inconditionnellement. Tu as un immense pouvoir, un incroyable pouvoir sur moi et je te fais confiance. Je mets ma vie entre tes mains."
Je baissai son pantalon ; ce geste soudain parut le surprendre. Son pénis ne paraissait pas aussi effrayant et dégoûtant qu'avant. C'était une partie du corps naturelle, pas honteuse du tout ; je le savais maintenant. Je le touchai et il commença à augmenter en volume ; Peter me dit de ne pas avoir peur - que c'était normal. La peau se tendit, les veines devinrent plus rigides ; elles me faisaient penser à des plantes de terrarium, mais bleues. Le sac poilu qui était dessous paraissait plus tendu aussi ; j'y touchai et ça glissa sous la pression de ma main comme un bol de gelée Jell-O. Mais l'autre truc - je ne pouvais en croire mes yeux : ça continuait à grandir magiquement. Je pensai à Alice au pays des merveilles et à ses flacons de potion et à des pastilles à la menthe et autres champignons magiques. Il y avait des potions qui la rendaient plus grande ; d'autres qui la rapetissaient. Elle pouvait être aussi petite que mon petit doigt, ou aussi grande que Godzilla ou King Kong. Le pénis de Peter n'était pas contrôlé par des pastilles à la menthe - je commençais à comprendre que je le contrôlais. J'en connaissais assez maintenant sur le pourquoi du comment pour savoir que si je n'avais pas été là, il ne serait pas devenu grand.
Je fixai l'ampoule nue, éblouissante. Une mouche courait dessus. "Tu veux que je t'embrasse là, Peter ? Pour ton anniversaire ?
- J'aimerais beaucoup ça, mon coeur."
Je l'embrassai sur le petit oeilleton. Il n'y avait pas de pipi là, pas de pipi qui venait. Peter m'avait expliqué que le pipi ne pouvait pas sortir quand c'était dur. Pas de pipi, me disais-je en l'embrassant plusieurs fois, pas de pipi, pas de pipi. Pas de sang, pas de sang. Ni de cire ou de mucus ou de sueur. Rien ne pouvait sortir de là.
"Voudrais-tu le sucer ? Comme tu ferais avec une sucette ?"
Il y avait une histoire dans un livre ancien qui appartenait à ma mère quand elle était petite : le livre géant des contes de fées ; maintenant il était à moi. Je pensai au conte qui s'appelait La sucette sans fin ; c'était l'histoire d'un garçon, Johnny, qui suce et suce une sucette jusqu'à ce qu'elle devienne tellement grande qu'elle est plus grande que lui. La sucette géante est installée dans la rue comme décoration, vu qu'elle a la taille d'un lampadaire.
Je suçai le pénis de Peter, la tête toujours aux histoires de mon livre. Il y en avait une autre qui s'appelait Vilain Petit Rat. Vilain petit rat est l'ami de la petite Donnica ; c'est un gentil petit rat, sauf qu'il ne peut pas s'empêcher de faire des bêtises et de casser des trucs dans la maison. Alors la mère de Donnica essaie de le tuer ; elle tente de le noyer en l'enfermant dans un carton, mais le carton se défait et il s'en sort. Elle tente de l'expédier à bord d'un deltaplane. Elle le ligote dans la forêt pour qu'une chouette le mange. Elle a beau tout essayer pour se débarrasser de lui, il revient sans arrêt. Finalement il décide qu'il veut devenir sage. Il se met à faire tout ce qu'on lui dit. Il fait la vaisselle ; il dit ses prières. Peut-être même qu'il boit un verre de lait comme celui que ma mère me donnait tous les soirs pour la vitamine D. Peut-être étais-je une souris qui buvait du lait au bol du chat sur le sol de la cave ? Peut-être étais-je un bébé avec un biberon ? Peut-être, en fait, étais-je en haut avec Karen à boire vraiment du lait avec des Pépitos ? Etais-je en haut ou en bas ? C'était la première chose à savoir. Il fallait que je me concentre. Est-ce que j'étais en haut ou en bas ? Ou bien - est-ce que j'habitais dans l'appartement de la 32ème rue, ou dans la nouvelle maison de Papa ? Quel âge avais-je ? Quel jour de la semaine était-on ? Est-ce que j'étais Karen, en haut, buvant un verre de lait ? Ou Margaux, en bas, lapant le bol du chat ?
J'eus soudain l'impression d'être de la taille d'un ongle de pouce. Puis je me rendis compte que j'étais en train de regarder un pouce. Le pouce de Peter. Et ensuite, que je regardais vers le haut, le visage de Peter. Dès qu'il vit que je le regardais, il tapota ma tête.
"Je t'aime, dit-il. Je t'aime tellement, ma chérie, tellement. Tu devrais arrêter maintenant, mon coeur. Arrête, mon coeur." Sa voix rendait un son étrange, étranglé. " Tu es si belle. Si belle et si aimante ; et c'était une si belle soirée. Merci. Merci du fond du coeur, ma chérie, merci de m'aimer. Merci de m'accepter." Il eut un large sourire et remonta son pantalon d'un geste vif. "C'est le meilleur anniversaire de ma vie !"
27 févr. 2013
Joël Dicker
Le jeune et peu connu écrivain suisse Joël Dicker a attiré l'attention des critiques et du public avec son second roman publié en 2012, La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert. Derrière une intrigue de thriller, l'auteur y dépeint, entre autres choses, deux écrivains, peut-être ses doubles, en proie à la difficulté de créer.
L'extrait suivant raconte un épisode où le jeune écrivain Marcus Goldman, encore étudiant, suit les cours du vieil écrivain, professeur de littérature, Harry Quebert.
Un jeudi matin de la fin octobre, Harry Quebert introduisit son cours de la façon suivante : " Mesdames et Messieurs, nous sommes tous très excités par ce qui se passe en ce moment à Washington, non ? L'affaire Lewinsky... Figurez-vous que depuis George Washington, dans toute l'histoire des Etats-Unis d'Amérique, deux raisons ont été répertoriées pour mettre un terme à un mandat présidentiel : être une crapule notoire, comme Richard Nixon, ou mourir. Et jusqu'à ce jour, neuf Présidents ont vu leur mandat interrompu pour l'une de ces deux causes : Nixon a démissionné et les huit autres sont morts, dont la moitié assassinés. Mais voilà qu'une troisième cause pourrait s'ajouter à cette liste : la fellation. Le rapport buccal, la pipe, la slurp slurp, la sucette. Et chacun de se demander si notre puissant Président, lorsqu'il a le pantalon sur les genoux, reste notre puissant Président.. Car voici pour quoi l'Amérique se passionne : les histoires sexuelles, les histoires de morale. L'Amérique est le paradis de la quéquette. Et vous verrez, d'ici quelques années, personne ne se souviendra plus que Monsieur Clinton a redressé notre économie désastreuse, gouverné de façon experte avec une majorité républicaine au Sénat ou fait se serrer la main à Rabin et Arafat. Par contre, tout le monde se souviendra de l'affaire Lewinsky, car les pipes, Mesdames et Messieurs, restent gravées dans les mémoires. Alors quoi, notre Président aime se faire pomper le noeud de temps en temps. Et alors ? Il n'est sûrement pas le seul. Qui, dans cette salle, aime aussi ça ?
A ces mots, Harry s'interrompit et scruta l'auditoire. Il y eut un long silence : la plupart des étudiants contemplèrent leurs chaussures. Jared, assis à côté de moi, ferma même les yeux pour ne pas croiser son regard. Et moi, je levai la main. J'étais assis dans les derniers rangs, et Harry, me pointant du doigt, déclara à mon intention :
- Levez-vous, mon jeune ami. Levez-vous pour que l'on vous voie bien et dites-nous sur ce que vous avez sur le coeur.
Je montai fièrement sur ma chaise.
- J'aime beaucoup les pipes, professeur. Je m'appelle Marcus Goldman et j'aime me faire sucer. Comme notre bon Président.
Harry baissa ses lunettes de lecture et me regarda d'un air amusé. Plus tard, il me confiera : "Ce jour-là, lorsque je vous ai vu, Marcus, lorsque j'ai vu ce jeune homme fier, au corps solide, debout sur sa chaise, je me suis dit : nom de Dieu, voici un sacré bonhomme." Sur le moment, il me demanda simplement :
- Dites-nous, jeune homme : aimez-vous vous faire sucer par les garçons ou par les filles ?
- Par les filles, professeur Quebert. Je suis un bon hétérosexuel et un bon Américain. Dieu bénisse notre Président, le sexe et l'Amérique.
L'extrait suivant raconte un épisode où le jeune écrivain Marcus Goldman, encore étudiant, suit les cours du vieil écrivain, professeur de littérature, Harry Quebert.
Un jeudi matin de la fin octobre, Harry Quebert introduisit son cours de la façon suivante : " Mesdames et Messieurs, nous sommes tous très excités par ce qui se passe en ce moment à Washington, non ? L'affaire Lewinsky... Figurez-vous que depuis George Washington, dans toute l'histoire des Etats-Unis d'Amérique, deux raisons ont été répertoriées pour mettre un terme à un mandat présidentiel : être une crapule notoire, comme Richard Nixon, ou mourir. Et jusqu'à ce jour, neuf Présidents ont vu leur mandat interrompu pour l'une de ces deux causes : Nixon a démissionné et les huit autres sont morts, dont la moitié assassinés. Mais voilà qu'une troisième cause pourrait s'ajouter à cette liste : la fellation. Le rapport buccal, la pipe, la slurp slurp, la sucette. Et chacun de se demander si notre puissant Président, lorsqu'il a le pantalon sur les genoux, reste notre puissant Président.. Car voici pour quoi l'Amérique se passionne : les histoires sexuelles, les histoires de morale. L'Amérique est le paradis de la quéquette. Et vous verrez, d'ici quelques années, personne ne se souviendra plus que Monsieur Clinton a redressé notre économie désastreuse, gouverné de façon experte avec une majorité républicaine au Sénat ou fait se serrer la main à Rabin et Arafat. Par contre, tout le monde se souviendra de l'affaire Lewinsky, car les pipes, Mesdames et Messieurs, restent gravées dans les mémoires. Alors quoi, notre Président aime se faire pomper le noeud de temps en temps. Et alors ? Il n'est sûrement pas le seul. Qui, dans cette salle, aime aussi ça ?
A ces mots, Harry s'interrompit et scruta l'auditoire. Il y eut un long silence : la plupart des étudiants contemplèrent leurs chaussures. Jared, assis à côté de moi, ferma même les yeux pour ne pas croiser son regard. Et moi, je levai la main. J'étais assis dans les derniers rangs, et Harry, me pointant du doigt, déclara à mon intention :
- Levez-vous, mon jeune ami. Levez-vous pour que l'on vous voie bien et dites-nous sur ce que vous avez sur le coeur.
Je montai fièrement sur ma chaise.
- J'aime beaucoup les pipes, professeur. Je m'appelle Marcus Goldman et j'aime me faire sucer. Comme notre bon Président.
Harry baissa ses lunettes de lecture et me regarda d'un air amusé. Plus tard, il me confiera : "Ce jour-là, lorsque je vous ai vu, Marcus, lorsque j'ai vu ce jeune homme fier, au corps solide, debout sur sa chaise, je me suis dit : nom de Dieu, voici un sacré bonhomme." Sur le moment, il me demanda simplement :
- Dites-nous, jeune homme : aimez-vous vous faire sucer par les garçons ou par les filles ?
- Par les filles, professeur Quebert. Je suis un bon hétérosexuel et un bon Américain. Dieu bénisse notre Président, le sexe et l'Amérique.
26 janv. 2013
Antonio Soler
L'écrivain espagnol Antonio Soler reçoit en 2004 le prestigieux prix Nadal pour Le chemin des Anglais, un roman d'apprentissage mettant en scène une bande de jeunes à la recherche de leur chemin d'adultes. Le roman est adapté au cinéma par Antonio Banderas en 2006. Dans l'extrait suivant, le poète Miguelito et sa petite amie Luli Gigante assis côte à côte sur un canapé aperçoivent par un heureux effet de miroir les ébats amoureux de leurs amis Paco Fronton et la Pin-up, installés dans la pièce voisine.
Luli prenait la main de Miguelito, oscillant des hanches, s'installait sur le sofa sans quitter des yeux les silhouettes de la pièce voisine. Miguelito ébaucha un geste de recul, le vin maintenant affluait dans un coin de son coeur, ses battements l'empêchant de parler et Luli, elle, écartait les cuisses et de sa main libre elle tirait sur le tissu élastique du bikini, les veines de son cou battaient au rythme de son coeur. Lentement, feignant de continuer à tirer sur son bikini, Luli s'introduisait le petit doigt dans le sexe, le retirait encore plus lentement et, le regard perdu, de son doigt luisant en écartait les lèvres et il en sortait comme une bulle comique, innocente. Elle ferma les yeux, un instant, tandis que Paco Fronton introduisait son membre dans la Pin-up et, agrippé à ses hanches et à ses cuisses commençait à s'activer, à la saillir violemment tandis qu'elle se cramponnait au meuble, tournant la tête de droite à gauche, tendant ses bras, se pliant et se tendant sous les assauts de Fronton, on entendait les grincements du meuble, un gémissement de la Pin-up qui ne semblait pas venir du miroir et Luli de nouveau ouvrait son sexe, y introduisait deux doigts et les y laissait, la silhouette de Paco Fronton disparaissait du miroir, on entendait sa voix, Luli ouvrit plus grand les yeux, il y eut un nouveau bruit, un murmure près de la porte, et puis des pas et la voix de Paco Fronton, sans qu'on sache ce qu'il disait, et c'est comme s'ils revoyaient sa silhouette dans le miroir, de profil, le pénis dressé presque vertical. Luli ferma les yeux, elle sortait ses doigts de son vagin, Paco Fronton de nouveau derrière la Pin-up lui enlevait son débardeur, et Luli mit sa main dans l'entrejambe de Miguelito, sans le regarder, il la lui enleva, et il sentit sur ses doigts la moiteur, la bave, l'odeur de Luli, la Pin-up gémissait, Paco Fronton saisissait son sexe, tentait de la pénétrer, essayait encore encore, elle se plaignait de nouveau, remuait une jambe, et Paco Fronton maintenant, oui, commençait à bouger en elle, à la prendre peut-être par derrière, la Pin-up se cabrait et Luli caressait l'entrejambe de Miguelito, qui lui prenait la main sans conviction, voyait comment le Pin-up se caressait les seins, Luli lui descendait son slip de bain, se penchait sur lui, cette chevelure tumultueuse, ces boucles presque dorées, et mettait son sexe dans sa bouche, la tiédeur de la salive, le vin était une houle lente et obscure, Miguelito fermait les yeux et voyait une femme au loin, une adolescente, Béatrice, les couloirs de l'hôpital, les vers alignés sur le papier, fourmis parcourant le livre, des mots, le bruit de la bouche, il ouvrit les yeux, Luil, d'une main, rejetait ses cheveux en arrière, sa langue, spongieuse, grande, il revit les yeux de Luli au restaurant, les lustres, une infirmière se montrant à la porte de sa chambre à l'hôpital et lui plongeant dans l'eau, le bruit des éclaboussures, les stridulations des cigales ou les crépitements de l'électricité, la Pin-up dans la cuisine, ses tétons oscillants, la vitesse et l'odeur des fleurs dans la nuit d'été. Miguelito ouvrit les yeux et crut voir les yeux de la Pin-up dans le miroir, il vit le dos de Luli Gigante, comme celui d'une étrangère, le dos de cette petite fille jetée sur lui et là, tandis qu'il observait la lisière du bikini sur sa taille, la frontière entre le tissu noir et la peau, le duvet doré, il sentit que le vin et tout son sang, les stridulations des cigales, le monde entier sortaient de son corps et remplissaient le bouche, couvraient le visage de Luli.
Luli prenait la main de Miguelito, oscillant des hanches, s'installait sur le sofa sans quitter des yeux les silhouettes de la pièce voisine. Miguelito ébaucha un geste de recul, le vin maintenant affluait dans un coin de son coeur, ses battements l'empêchant de parler et Luli, elle, écartait les cuisses et de sa main libre elle tirait sur le tissu élastique du bikini, les veines de son cou battaient au rythme de son coeur. Lentement, feignant de continuer à tirer sur son bikini, Luli s'introduisait le petit doigt dans le sexe, le retirait encore plus lentement et, le regard perdu, de son doigt luisant en écartait les lèvres et il en sortait comme une bulle comique, innocente. Elle ferma les yeux, un instant, tandis que Paco Fronton introduisait son membre dans la Pin-up et, agrippé à ses hanches et à ses cuisses commençait à s'activer, à la saillir violemment tandis qu'elle se cramponnait au meuble, tournant la tête de droite à gauche, tendant ses bras, se pliant et se tendant sous les assauts de Fronton, on entendait les grincements du meuble, un gémissement de la Pin-up qui ne semblait pas venir du miroir et Luli de nouveau ouvrait son sexe, y introduisait deux doigts et les y laissait, la silhouette de Paco Fronton disparaissait du miroir, on entendait sa voix, Luli ouvrit plus grand les yeux, il y eut un nouveau bruit, un murmure près de la porte, et puis des pas et la voix de Paco Fronton, sans qu'on sache ce qu'il disait, et c'est comme s'ils revoyaient sa silhouette dans le miroir, de profil, le pénis dressé presque vertical. Luli ferma les yeux, elle sortait ses doigts de son vagin, Paco Fronton de nouveau derrière la Pin-up lui enlevait son débardeur, et Luli mit sa main dans l'entrejambe de Miguelito, sans le regarder, il la lui enleva, et il sentit sur ses doigts la moiteur, la bave, l'odeur de Luli, la Pin-up gémissait, Paco Fronton saisissait son sexe, tentait de la pénétrer, essayait encore encore, elle se plaignait de nouveau, remuait une jambe, et Paco Fronton maintenant, oui, commençait à bouger en elle, à la prendre peut-être par derrière, la Pin-up se cabrait et Luli caressait l'entrejambe de Miguelito, qui lui prenait la main sans conviction, voyait comment le Pin-up se caressait les seins, Luli lui descendait son slip de bain, se penchait sur lui, cette chevelure tumultueuse, ces boucles presque dorées, et mettait son sexe dans sa bouche, la tiédeur de la salive, le vin était une houle lente et obscure, Miguelito fermait les yeux et voyait une femme au loin, une adolescente, Béatrice, les couloirs de l'hôpital, les vers alignés sur le papier, fourmis parcourant le livre, des mots, le bruit de la bouche, il ouvrit les yeux, Luil, d'une main, rejetait ses cheveux en arrière, sa langue, spongieuse, grande, il revit les yeux de Luli au restaurant, les lustres, une infirmière se montrant à la porte de sa chambre à l'hôpital et lui plongeant dans l'eau, le bruit des éclaboussures, les stridulations des cigales ou les crépitements de l'électricité, la Pin-up dans la cuisine, ses tétons oscillants, la vitesse et l'odeur des fleurs dans la nuit d'été. Miguelito ouvrit les yeux et crut voir les yeux de la Pin-up dans le miroir, il vit le dos de Luli Gigante, comme celui d'une étrangère, le dos de cette petite fille jetée sur lui et là, tandis qu'il observait la lisière du bikini sur sa taille, la frontière entre le tissu noir et la peau, le duvet doré, il sentit que le vin et tout son sang, les stridulations des cigales, le monde entier sortaient de son corps et remplissaient le bouche, couvraient le visage de Luli.
13 janv. 2013
Jeffrey Eugenides
L'écrivain Jeffrey Eugenides publie peu de romans. Le dernier, Le roman du mariage, sorti en 2011 neuf ans après le précédent, revisite le thème de l'initiation et du triangle amoureux en mettant en scène une femme, Madeleine, et deux hommes, Leonard et Mitchell. Dans le passage suivant, la vie de Madeleine s'enrichit d'une nouvelle expérience, au terme d'une soirée alcoolisée passée de bar en bar.
Elle entra dans l'appartement sans s'être aperçue qu'elle avait monté un escalier. Une fois dans la chambre, en revanche, le protocole lui apparut clairement, et elle commença à se déshabiller. S'allongeant sur le dos, elle tenta en riant d'attraper ses chaussures, avant de s'en débarrasser avec les pieds. Thurston, lui, était déjà en caleçon. Parfaitement immobile, il se confondait avec ses draps blancs tel un caméléon.
Pour ce qui était du baiser, Thurston était un minimaliste. Il pressait ses lèvres fines contre celles de Madeleine et, juste au moment où elle les entrouvrait, il se retirait.. On aurait dit qu'il s'essuyait sur elle. Ce jeu de cache-cache n'était pas très engageant, mais elle ne voulait pas que ça se passe mal (elle voulait que la bière purificatrice purifie), c'est pourquoi elle laissa de côté la bouche de Thurston et entreprit de l'embrasser ailleurs. Dans son cou à la Ric Ocasek, sur son ventre blanc de vampire, sur le devant de son caleçon.
Pendant tout ce temps il resta silencieux, lui qui, en classe, était si volubile.
Madeleine ne sut trop quel était son but lorsqu'elle baissa le caleçon de Thurston. Elle se dédoubla et devint spectatrice de la scène - ne manquait que ce son de guimbarde qu'émettent certains butoirs de porte à ressort en se relâchant. Madeleine se sentit obligée de faire ce qu'elle fit ensuite. Au delà de la morale, se posait un problème anatomique. La bouche de Madeleine n'était tout simplement pas l'organe prévu par la nature pour cette fonction. Elle devait forcer pour maintenir une ouverture suffisante, comme chez le dentiste lors d'une prise d'empreinte. Sauf qu'en l'occurrence, la pâte à empreinte refusait de rester tranquille. Qui avait eu cette idée-là, d'abord ? Quel génie avait pensé qu'on pouvait conjuguer étouffement et plaisir ? Il existait un meilleur endroit où mettre Thurston, mais déjà, influencée par des signaux physiques - l'odeur inhabituelle de Thurston, les légers tressautements de grenouille de ses jambes -, Madeleine savait qu'elle ne le laisserait jamais accéder à cet autre endroit. Il fallait donc continuer, et elle baissa la tête sur Thurston, qui lui dilata la gorge comme un stent une artère. Sa langue amorça des mouvements défensifs, s'opposa à une pénétration plus profonde; "Stop !" faisait sa main, qu'elle tendait devant elle à la manière d'un agent de la circulation. Du coin de l'oeil, elle vit que Thurston avait calé un oreiller sous sa tête pour regarder.
Ce que Madeleine faisait là, dans le lit de Thurston, n'avait rien à voir avec Thurston lui-même. Elle recherchait l'avilissement, et elle l'avait trouvé. Elle ignorait pourquoi elle voulait se rabaisser ainsi, elle savait seulement que c'était lié à Leonard et à l'intensité de sa souffrance. Sans terminer ce qu'elle avait commencé, elle releva la tête, s'assit sur les talons et se mit à pleurer doucement.
Elle entra dans l'appartement sans s'être aperçue qu'elle avait monté un escalier. Une fois dans la chambre, en revanche, le protocole lui apparut clairement, et elle commença à se déshabiller. S'allongeant sur le dos, elle tenta en riant d'attraper ses chaussures, avant de s'en débarrasser avec les pieds. Thurston, lui, était déjà en caleçon. Parfaitement immobile, il se confondait avec ses draps blancs tel un caméléon.
Pour ce qui était du baiser, Thurston était un minimaliste. Il pressait ses lèvres fines contre celles de Madeleine et, juste au moment où elle les entrouvrait, il se retirait.. On aurait dit qu'il s'essuyait sur elle. Ce jeu de cache-cache n'était pas très engageant, mais elle ne voulait pas que ça se passe mal (elle voulait que la bière purificatrice purifie), c'est pourquoi elle laissa de côté la bouche de Thurston et entreprit de l'embrasser ailleurs. Dans son cou à la Ric Ocasek, sur son ventre blanc de vampire, sur le devant de son caleçon.
Pendant tout ce temps il resta silencieux, lui qui, en classe, était si volubile.
Madeleine ne sut trop quel était son but lorsqu'elle baissa le caleçon de Thurston. Elle se dédoubla et devint spectatrice de la scène - ne manquait que ce son de guimbarde qu'émettent certains butoirs de porte à ressort en se relâchant. Madeleine se sentit obligée de faire ce qu'elle fit ensuite. Au delà de la morale, se posait un problème anatomique. La bouche de Madeleine n'était tout simplement pas l'organe prévu par la nature pour cette fonction. Elle devait forcer pour maintenir une ouverture suffisante, comme chez le dentiste lors d'une prise d'empreinte. Sauf qu'en l'occurrence, la pâte à empreinte refusait de rester tranquille. Qui avait eu cette idée-là, d'abord ? Quel génie avait pensé qu'on pouvait conjuguer étouffement et plaisir ? Il existait un meilleur endroit où mettre Thurston, mais déjà, influencée par des signaux physiques - l'odeur inhabituelle de Thurston, les légers tressautements de grenouille de ses jambes -, Madeleine savait qu'elle ne le laisserait jamais accéder à cet autre endroit. Il fallait donc continuer, et elle baissa la tête sur Thurston, qui lui dilata la gorge comme un stent une artère. Sa langue amorça des mouvements défensifs, s'opposa à une pénétration plus profonde; "Stop !" faisait sa main, qu'elle tendait devant elle à la manière d'un agent de la circulation. Du coin de l'oeil, elle vit que Thurston avait calé un oreiller sous sa tête pour regarder.
Ce que Madeleine faisait là, dans le lit de Thurston, n'avait rien à voir avec Thurston lui-même. Elle recherchait l'avilissement, et elle l'avait trouvé. Elle ignorait pourquoi elle voulait se rabaisser ainsi, elle savait seulement que c'était lié à Leonard et à l'intensité de sa souffrance. Sans terminer ce qu'elle avait commencé, elle releva la tête, s'assit sur les talons et se mit à pleurer doucement.
8 janv. 2013
Gonçalo M. Tavares
Le très grand écrivain portugais Gonçalo Tavares a publié en 2011 Un voyage en Inde, un roman majeur, poétique et philosophique, que ce site ne peut laisser de côté, même si la présence ici de l'extrait suivant se justifie en faisant fonctionner un peu son imagination. Ce passage est tiré du Chant VI.
43
... Et le vieil homme,
un ami récent, commença alors
son histoire. Il faisait un temps froid et venteux,
raconta le vieux, mais soudain une armée
se leva toute entière, comme
un seul homme. Et parce qu'il faisait un temps froid
et venteux,
et également pour rectifier des détails sur une carte,
cette armée déclara la guerre à une autre armée.
44
Apparemment, certaines dames, poursuivit le vieux,
avaient entre-temps été accusées
d'exercer un savoir-faire exaltant
au niveau des organes du milieu et de faire profiter
généreusement de ce savoir-faire
de nombreux hommes
(comme le fait le vent fort lorsqu'il
s'abat en plein sur des milliers de graines).
On les appela, pour finir, des prostituées compétentes,
ce qui est sympathique et désagréable.
45
Evidemment, désigner négativement nos femmes
seulement par quelques indices obscènes
semble exagéré, car un indice obscène,
c'est une évidente contradiction dans les termes,
personne ne devant tirer de conclusions
d'une expression brève et clairement chaotique
comme celle-là.
Mais ils existaient - ces indices obscènes.
43
... Et le vieil homme,
un ami récent, commença alors
son histoire. Il faisait un temps froid et venteux,
raconta le vieux, mais soudain une armée
se leva toute entière, comme
un seul homme. Et parce qu'il faisait un temps froid
et venteux,
et également pour rectifier des détails sur une carte,
cette armée déclara la guerre à une autre armée.
44
Apparemment, certaines dames, poursuivit le vieux,
avaient entre-temps été accusées
d'exercer un savoir-faire exaltant
au niveau des organes du milieu et de faire profiter
généreusement de ce savoir-faire
de nombreux hommes
(comme le fait le vent fort lorsqu'il
s'abat en plein sur des milliers de graines).
On les appela, pour finir, des prostituées compétentes,
ce qui est sympathique et désagréable.
45
Evidemment, désigner négativement nos femmes
seulement par quelques indices obscènes
semble exagéré, car un indice obscène,
c'est une évidente contradiction dans les termes,
personne ne devant tirer de conclusions
d'une expression brève et clairement chaotique
comme celle-là.
Mais ils existaient - ces indices obscènes.
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