L'oeuvre romanesque de Philippe Forest, entre fiction et autobiographie, est hantée par le souvenir de sa fille très tôt disparue. Le nouvel amour, publié en 2007 est le récit d'une tentative de recommencement après le deuil tragique.
C'est seulement après un bon moment que j'ai réalisé que je n'étais pas devenu aussi dur que j'aurais dû l'être. Lou semblait d'ailleurs assez peu s'en soucier. Elle se laissait faire avec des petits mots de plaisir. J'avais fait glisser ma tête entre ses cuisses et il avait suffi que je prenne entre mes lèvres le sommet de son sexe, que je le fasse rouler avec le bout de ma langue un tout petit moment, pour qu'elle se mette à gémir. Je crois qu'elle était dans un tel état magnifique de contentement qu'elle aurait pu jouir sans même que je fasse un geste vers elle. C'est d'ailleurs plus ou moins ce qui s'est passé. L'éblouissement amoureux agissait comme un formidable stupéfiant sur tout son corps. Et j'étais le pur témoin de ce phénomène auquel je participais à peine et auprès duquel plus rien d'autre ne comptait.
19 mars 2011
13 mars 2011
Jean-Philippe Toussaint
Jean-Philippe Toussaint publie en 2002 le roman Faire l'amour, récit minimaliste du voyage au Japon d'un homme, le narrateur, en compagnie de Marie. L'homme sait qu'ils vont se séparer et il est parti avec une fiole d'acide chlorhydrique. On retrouvera les mêmes personnages dans un roman récompensé du Prix Médicis en 2005.
C'était une envie immémoriale et instinctive, que je voyais croître et se nourrir en moi par le simple enchaînement des gestes de l'amour que nous accumulions. Marie avait soulevé le bassin pour m'aider à enlever son pantalon, et j'avais longuement embrassé son ventre nu autour de son nombril, juste au-dessus de la couture invisible du slip, qui marquait une frontière de tissu entre sa peau très blanche et le léger lycra noir et transparent du sous-vêtement. Puis, elle avait tendu la main pour m'aider à descendre le slip sur le côté, s'était encore soulevée pour l'enlever tout à fait, et alors elle avait progressivement cessé de bouger et de s'agiter, son impatience s'était tue. Elle demeurait allongée en arrière sur le lit, la nuque baignant dans un coussin, les lunettes en soie lilas de la Japan Airlines sur les yeux, avec une sorte d'apaisement des traits du visage depuis que ma langue s'était enfoncée dans son sexe, et elle gémissait très doucement, apaisée, accompagnant simplement les mouvements de ma langue en soulevant en rythme le bassin imperceptiblement.
C'était une envie immémoriale et instinctive, que je voyais croître et se nourrir en moi par le simple enchaînement des gestes de l'amour que nous accumulions. Marie avait soulevé le bassin pour m'aider à enlever son pantalon, et j'avais longuement embrassé son ventre nu autour de son nombril, juste au-dessus de la couture invisible du slip, qui marquait une frontière de tissu entre sa peau très blanche et le léger lycra noir et transparent du sous-vêtement. Puis, elle avait tendu la main pour m'aider à descendre le slip sur le côté, s'était encore soulevée pour l'enlever tout à fait, et alors elle avait progressivement cessé de bouger et de s'agiter, son impatience s'était tue. Elle demeurait allongée en arrière sur le lit, la nuque baignant dans un coussin, les lunettes en soie lilas de la Japan Airlines sur les yeux, avec une sorte d'apaisement des traits du visage depuis que ma langue s'était enfoncée dans son sexe, et elle gémissait très doucement, apaisée, accompagnant simplement les mouvements de ma langue en soulevant en rythme le bassin imperceptiblement.
5 mars 2011
Martin Amis
Martin Amis, que l'on désigne communément comme l'enfant terrible de la littérature anglaise (qu'il me pardonne cet étiquetage simpliste), publie en 1998 un recueil de nouvelles Eau lourde et autres nouvelles.
Voici un extrait tiré de Combien de fois.
C'était toujours, sans exception, Vernon l'initiateur des actes sexuels conjugaux. Sa femme répondait toujours avec le même empressement timide. Les préliminaires oraux ne leur étaient absolument pas inconnus. En moyenne - et encore une fois, cela tombait toujours sur la même moyenne, et à nouveau Vernon se trouvait être un Monsieur Loyal que ces comptes ne faisaient aucunement sourire -, la fellation était pratiquée par la femme de Vernon tous les trois accouplements, soit 60,8333 fois par an, ou 1,1698717 fois par semaine. Vernon pratiquait le cunnilingus encore plus rarement : tous les quatre accouplements en moyenne, soit 45,624 fois par an, ou 0,8774038 fois par semaine. Ce serait une erreur de penser que c'était là toute l'étendue de leurs variations. Vernon sodomisait sa femme deux fois par an, par exemple... le jour de son anniversaire, ce qui semblait tout à fait approprié, mais aussi, ironiquement (ou du moins le pensait-il), le jour de son anniversaire à elle.
Voici un extrait tiré de Combien de fois.
C'était toujours, sans exception, Vernon l'initiateur des actes sexuels conjugaux. Sa femme répondait toujours avec le même empressement timide. Les préliminaires oraux ne leur étaient absolument pas inconnus. En moyenne - et encore une fois, cela tombait toujours sur la même moyenne, et à nouveau Vernon se trouvait être un Monsieur Loyal que ces comptes ne faisaient aucunement sourire -, la fellation était pratiquée par la femme de Vernon tous les trois accouplements, soit 60,8333 fois par an, ou 1,1698717 fois par semaine. Vernon pratiquait le cunnilingus encore plus rarement : tous les quatre accouplements en moyenne, soit 45,624 fois par an, ou 0,8774038 fois par semaine. Ce serait une erreur de penser que c'était là toute l'étendue de leurs variations. Vernon sodomisait sa femme deux fois par an, par exemple... le jour de son anniversaire, ce qui semblait tout à fait approprié, mais aussi, ironiquement (ou du moins le pensait-il), le jour de son anniversaire à elle.
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