Ecrivain du fantasme, le précieux Claude Louis-Combet a souvent revisité les mythes classiques. Dans Gorgô, publié en 2011, il réinterprète celui des Gorgones et de la Méduse. Gorgô la Méduse met à mort le mâle imprudent, par elle fasciné.
L'homme est à genoux, il a le phalle tendu comme un épieu et il ne sait à quelle issue il le voue. Il se passe des choses indescriptibles : une main qui l'empoigne, une mâchoire qui le blesse, une vulve qui le brûle, une puissance d'appétit qui n'est pas le sien, qui le malaxe et le dévore, une volée de tentacules qui lui fouette le sang, une ruée de serpents, des morsures violentes, des têtes vipérines qui dardent et qui ardent, et le venin qui embrase les chairs, et le désir qui ne succombe pas, et la folie du rut qui occupe le temps sans relâche, et Gorgô qui halète, et Gorgô qui fouette, et la femme de désir qui l'emporte sur tous les désirs, qui les contient tous et les épuise tous. A la fin, l'homme n'est qu'un chiffon qu'elle jettera bientôt, mais comme son sexe est aussi raide qu'au premier matin et que rien de sa semence n'a jailli, la femme l'arrache de son ventre, elle le secoue à mort, elle tire la peau qui se déchire, elle boit le sang qui coule, elle broie la tige avec ses dents, les serpents s'y mettent, à leur tour, et sucent, ils entrent dans le dedans, ils forent la chair jusqu'à la source, ils crèvent les testicules, la laitance se répand, la liesse est à son comble, sous un ciel sans pitié dont l'ardeur ne se détend pas. Gorgô a rugi. Et tout s'est apaisé.
21 nov. 2016
27 oct. 2016
Eric Reinhardt
Eric Reinhardt publie en 2014 son sixième roman L'amour et les forêts. Ce livre rencontre un grand succès éditorial. Il raconte l'histoire de Bénédicte Ombredanne, professeur de français harcelée par son mari. Le long passage suivant est tirée du chapitre où Bénédicte décide de réaliser un saut quantique et d'exercer sa liberté en délaissant mari et enfants pour partir à la rencontre de Christian, un homme trouvé sur internet.
Il la fit jouir avec sa langue, en lui laissant du temps et de l'espace, afin qu'elle puisse reprendre confiance en elle, lentement, en toute quiétude, sans astreinte d'aucune sorte.
Un grand portrait d'ecclésiastique, à l'huile, dense et sombre, datant du XVIIème siècle, surplombait, disposés sur une commode, un nu en bronze, des flacons de parfum, une pendule dont les aiguilles lui rappelaient les flèches qu'elle avait tirées, conclues chacune par un accent circonflexe acéré.
Elle passa sa langue sur les dents blanches de Christian, une à une, en le regardant dans les yeux avec de vives lueurs de joie, ce qui le fit sourire.
Il est déjà si tard ?
Pas encore, ne t'inquiète pas, elle ne marche plus, lui répondit Christian en la renversant de nouveau sur les draps.
L'ecclésiastique était ridé, sa peau était cireuse, l'œil minuscule qu'il opposait au monde était intimidant, c'était du haut d'un piédestal de désapprobation qu'il envisageait les humains qui croisaient son regard rectiligne, immensément pensif et réticent, sans indulgence.
Christian fut désolé d'avoir joui sur son ventre, abondamment, quatre ou cinq salves venues frapper sa peau marbrée, au terme de leur premier coït. Il s'excusa platement, il n'avait pas osé venir en elle, ne sachant pas si elle avait un moyen de contraception. Tu aurais pu, Christian, lui dit-elle. La prochaine fois, je voudrais que tu jouisses en moi.
Dans l'axe du lit, un miroir incliné, retenu au mur par une antique cordelette, permettait à Bénédicte Ombredanne de voir leur corps d'un peu loin, en plan large. La cordelette lui plaisait, elle donnait du recul aux visions que la glace saisissait, le recul du passé.
Elle osa, au démarrage de leur second rapport, prendre le sexe de Christian dans sa bouche, ce qu'elle n'avait jamais pratiqué avec son mari, celui-ci lui ayant dit, peu après leur rencontre qu'il n'aimait pas spécialement ça, qu'il préférait avec la main, de loin.
Il arrivait à Bénédicte Ombredanne de croiser le regard du prélat, ce qui avait pour effet de lui faire sentir à quel point elle était heureuse. La grande beauté de ce moment d'intimité, moment délictueux, méritait bien l'intervention d'un cardinal.
Le sexe de son mari, pointu, avait l'allure d'un animal sournois qui se faufile partout, fouine ou souris, rat, renard. A l'opposé, circoncis et gland massif, le sexe de son amant était franc, attendrissant et sympathique : il lui fit penser à un moine dans une chasuble informe, doté d'une tête énorme, portant la tonsure.
Elle entendait, provenant des arbres qui entouraient la maison, des oiseaux qui chantaient, c'était un poudroiement sonore continuel autour du lit et de leurs corps enchevêtrés.
Une odeur de bon petit plat montait jusqu'à la chambre, discrète, irréfutable, dont Bénédicte ne pouvait s'expliquer la provenance, n'ayant pas vu son amant aux fourneaux.
Après s'être excusé d'avoir souillé son ventre, Christian alla chercher dans la salle de bains attenante à la chambre un gant de toilette mouillé d'eau tiède et une serviette-éponge de couleur parme, parfumée, qu'il passa sur sa peau avec douceur la nettoyant délicatement.
Au contact de sa langue, surprise, le gland charnu se révéla divinement excitant, elle le sentait qui emplissait sa bouche comme un morceau de nourriture un peu trop gros. Christian poussait des soufflements spectaculaires, rauques, dont il semblait ne pas pouvoir maîtriser l'amplification à mesure que croissait son plaisir.
Il la fit jouir avec sa langue, en lui laissant du temps et de l'espace, afin qu'elle puisse reprendre confiance en elle, lentement, en toute quiétude, sans astreinte d'aucune sorte.
Un grand portrait d'ecclésiastique, à l'huile, dense et sombre, datant du XVIIème siècle, surplombait, disposés sur une commode, un nu en bronze, des flacons de parfum, une pendule dont les aiguilles lui rappelaient les flèches qu'elle avait tirées, conclues chacune par un accent circonflexe acéré.
Elle passa sa langue sur les dents blanches de Christian, une à une, en le regardant dans les yeux avec de vives lueurs de joie, ce qui le fit sourire.
Il est déjà si tard ?
Pas encore, ne t'inquiète pas, elle ne marche plus, lui répondit Christian en la renversant de nouveau sur les draps.
L'ecclésiastique était ridé, sa peau était cireuse, l'œil minuscule qu'il opposait au monde était intimidant, c'était du haut d'un piédestal de désapprobation qu'il envisageait les humains qui croisaient son regard rectiligne, immensément pensif et réticent, sans indulgence.
Christian fut désolé d'avoir joui sur son ventre, abondamment, quatre ou cinq salves venues frapper sa peau marbrée, au terme de leur premier coït. Il s'excusa platement, il n'avait pas osé venir en elle, ne sachant pas si elle avait un moyen de contraception. Tu aurais pu, Christian, lui dit-elle. La prochaine fois, je voudrais que tu jouisses en moi.
Dans l'axe du lit, un miroir incliné, retenu au mur par une antique cordelette, permettait à Bénédicte Ombredanne de voir leur corps d'un peu loin, en plan large. La cordelette lui plaisait, elle donnait du recul aux visions que la glace saisissait, le recul du passé.
Elle osa, au démarrage de leur second rapport, prendre le sexe de Christian dans sa bouche, ce qu'elle n'avait jamais pratiqué avec son mari, celui-ci lui ayant dit, peu après leur rencontre qu'il n'aimait pas spécialement ça, qu'il préférait avec la main, de loin.
Il arrivait à Bénédicte Ombredanne de croiser le regard du prélat, ce qui avait pour effet de lui faire sentir à quel point elle était heureuse. La grande beauté de ce moment d'intimité, moment délictueux, méritait bien l'intervention d'un cardinal.
Le sexe de son mari, pointu, avait l'allure d'un animal sournois qui se faufile partout, fouine ou souris, rat, renard. A l'opposé, circoncis et gland massif, le sexe de son amant était franc, attendrissant et sympathique : il lui fit penser à un moine dans une chasuble informe, doté d'une tête énorme, portant la tonsure.
Elle entendait, provenant des arbres qui entouraient la maison, des oiseaux qui chantaient, c'était un poudroiement sonore continuel autour du lit et de leurs corps enchevêtrés.
Une odeur de bon petit plat montait jusqu'à la chambre, discrète, irréfutable, dont Bénédicte ne pouvait s'expliquer la provenance, n'ayant pas vu son amant aux fourneaux.
Après s'être excusé d'avoir souillé son ventre, Christian alla chercher dans la salle de bains attenante à la chambre un gant de toilette mouillé d'eau tiède et une serviette-éponge de couleur parme, parfumée, qu'il passa sur sa peau avec douceur la nettoyant délicatement.
Au contact de sa langue, surprise, le gland charnu se révéla divinement excitant, elle le sentait qui emplissait sa bouche comme un morceau de nourriture un peu trop gros. Christian poussait des soufflements spectaculaires, rauques, dont il semblait ne pas pouvoir maîtriser l'amplification à mesure que croissait son plaisir.
20 oct. 2016
Jean Echenoz
Le roman de Jean Echenoz Je m'en vais est récompensé du Prix Goncourt en 1999. Faux polar drôlatique, ce livre raconte l'histoire du quinquagénaire Ferrer, galeriste de son état, très attiré par les femmes. Dans la scène suivante, il retrouve Sonia, une ancienne conquête.
Cela fait, l'après-midi, comme il retournait chez Jean-Philippe Raymond pour y récupérer le rapport d'expertise définitif, à peine parvenu au secrétariat Ferrer se retrouva devant Sonia. Toujours la même avec ses Benson et son Ericsson, que Ferrer ne pouvait plus s'empêcher d'associer automatiquement au Babyphone. Elle parut le toiser avec indifférence mais, comme il la suivait dans le couloir menant au cabinet de Raymond, se retournant brusquement elle commença de lui lui reprocher avec hargne de ne jamais l'avoir appelée. Ferrer ne relevant pas cette remarque, elle entreprit ensuite de l'insulter sourdement puis, Ferrer tentant de faire diversion en s'échappant vers les toilettes, elle l'y rejoignit et se rua dans ses bras et ah, dit-elle, prends-moi. Comme il résistait en s'efforçant de lui représenter que ce n'était ni le lieu ni le moment, elle réagit avec violence et se mit à vouloir le griffer et le mordre puis, abandonnant toute retenue, le dégrafer tout en s'agenouillant en vue de va savoir quoi, ne fais pas l'innocent, tu sais parfaitement quoi. Mais, va savoir pourquoi, Ferrer se débattit. Parvenu à rétablir un peu de calme, il put se soustraire à ces divers traitements non sans éprouver des sentiments mélangés.
Cela fait, l'après-midi, comme il retournait chez Jean-Philippe Raymond pour y récupérer le rapport d'expertise définitif, à peine parvenu au secrétariat Ferrer se retrouva devant Sonia. Toujours la même avec ses Benson et son Ericsson, que Ferrer ne pouvait plus s'empêcher d'associer automatiquement au Babyphone. Elle parut le toiser avec indifférence mais, comme il la suivait dans le couloir menant au cabinet de Raymond, se retournant brusquement elle commença de lui lui reprocher avec hargne de ne jamais l'avoir appelée. Ferrer ne relevant pas cette remarque, elle entreprit ensuite de l'insulter sourdement puis, Ferrer tentant de faire diversion en s'échappant vers les toilettes, elle l'y rejoignit et se rua dans ses bras et ah, dit-elle, prends-moi. Comme il résistait en s'efforçant de lui représenter que ce n'était ni le lieu ni le moment, elle réagit avec violence et se mit à vouloir le griffer et le mordre puis, abandonnant toute retenue, le dégrafer tout en s'agenouillant en vue de va savoir quoi, ne fais pas l'innocent, tu sais parfaitement quoi. Mais, va savoir pourquoi, Ferrer se débattit. Parvenu à rétablir un peu de calme, il put se soustraire à ces divers traitements non sans éprouver des sentiments mélangés.
5 oct. 2016
Virginie Despentes
Vénérable membre de l'académie Goncourt et du jury du prix Femina, l'ancienne punk et pute Virginie Despentes publie la trilogie Vernon Subutex en 2015 et 2016. Dans le premier tome de la série, peinture d'une société malade, on assiste à la descente aux enfers du personnage principal, parti d'un magasin de disques pour terminer SDF sur le trottoir parisien. La scène suivante se déroule dans un somptueux appartement des beaux quartiers parisiens dans lequel un trader cocaïné a organisé une fête décadente.
La fête monte encore d'un cran, on le sent, ça prend, ça prend, ça prend. Janet Jackson, All Nite. Ça commence à fuck fucker, dans les coins, c'est cosmique et c'est crade, tout ce qu'il aime. Les filles sont sèches quand elles sont trop chargées, ça leur fait mal quand on les baise, les gars faites gaffe à vos prépuces. Ça, il le publie sur Twitter. Tant pis pour les déprépucés, avec leur bites qui ne sentent plus rien. Il peut mettre la sienne entre les cuisses de n'importe quelle fille, ce soir. Elles sont venues pour ça, elles voient la taille de l'appartement, ça les chauffe, elles veulent sucer la queue du mec capable de se payer ça. Il voit tout. Il est une surface sensible et alerte. C'est la drogue mais pas seulement - son cerveau est un échangeur géant. Comme au centre-ville de Tokyo.
5 sept. 2016
Stéphane Mallarmé
Le poème de Mallarmé L'image grotesque (Les lèvres roses) fut publié une première fois en 1866 dans le recueil Le nouveau Parnasse satyrique. Il fut publié une seconde fois en 1887, cette fois sous le titre La négresse.
Une négresse par le démon secouée
Veut goûter une enfant triste de fruits nouveaux
Et criminels aussi sous leur robe trouée
Cette goinfre s'apprête à de rusés travaux:
A son ventre compare heureuse deux tétines
Et, si haut que la main ne le saura saisir,
Elle darde le choc obscur de ses bottines
Ainsi que quelque langue inhabile au plaisir
Contre la nudité peureuse de gazelle
Qui tremble, sur le dos tel un fol éléphant
Renversée elle attend et s'admire avec zèle
En riant de ses dents naïves à l'enfant;
Et dans ses jambes où la victime se couche,
Levant une peau noire ouverte sous le crin
Avance le palais de cet étrange bouche
Pâle et rose comme un coquillage marin.
Une négresse par le démon secouée
Veut goûter une enfant triste de fruits nouveaux
Et criminels aussi sous leur robe trouée
Cette goinfre s'apprête à de rusés travaux:
A son ventre compare heureuse deux tétines
Et, si haut que la main ne le saura saisir,
Elle darde le choc obscur de ses bottines
Ainsi que quelque langue inhabile au plaisir
Contre la nudité peureuse de gazelle
Qui tremble, sur le dos tel un fol éléphant
Renversée elle attend et s'admire avec zèle
En riant de ses dents naïves à l'enfant;
Et dans ses jambes où la victime se couche,
Levant une peau noire ouverte sous le crin
Avance le palais de cet étrange bouche
Pâle et rose comme un coquillage marin.
30 avr. 2016
Luke Rhinehart
En 1971, George Powers Cockcroft publie sous le pseudonyme de Luke Rhinehart son premier roman: l'homme-dé. Le livre connaît un grand succès dans les années 70 et devient une sorte de manifeste de la subversion. Un psychiatre, Luke, décide de livrer sa vie au hasard du dé. Dans le passage ci-dessous, Luke se fait passer auprès d'une étudiante pour le père Forbes de la cathédrale de Saint-Jean-de Dieu, chargé d'une étude sur la sexualité humaine.
Terry Tracy, mes amis, remplit ses devoirs spirituels avec une adresse, une docilité, une ferveur et un sérieux admirables. Avec même une excessive habileté. Comme j'avais d'abord du mal à entrer en elle, je l'encourageai à baptiser l'enfant non circoncis avec la sainte eau de sa bouche, ce à quoi elle s'employa avec tant de dévotion que je tardai plusieurs minutes à me remémorer mon but central. A ce moment-là, j'étais spirituellement trop bien parti pour exercer une pression quelconque sans parvenir selon toute vraisemblance à la grâce divine complète et immédiate. Elle eut la compréhension de me consoler avec ses mains, puis abaissa sa sainte bouche sur l'enfant tremblant et l'y baigna : elle avait le don des langues. Je gémissais avec un manque total de cohérence et de dignité, comme il arrive en général en de telles vêpres émotionnelles, et sentis monter le Saint-Esprit. J'essayai de retirer du saint tabernacle l'enfant non circoncis et murmurai "Arrête !" mais l'ange n'interrompit point son ministère. Les nébuleuses, l'enfant et moi-même, tout explosa d'un seul coup en une divine sensation de fusion universelle : je me laissai aller à plonger dans sa bouche. Au bout de dix ou quinze secondes durant lesquelles j'avais complètement échappé au monde des simples mortels, je revins de mon voyage spirituel.
Sa bouche et ses mains confisquaient toujours ardemment mon pénis et mes couilles comme s'il ne s'était rien passé.
Terry Tracy, mes amis, remplit ses devoirs spirituels avec une adresse, une docilité, une ferveur et un sérieux admirables. Avec même une excessive habileté. Comme j'avais d'abord du mal à entrer en elle, je l'encourageai à baptiser l'enfant non circoncis avec la sainte eau de sa bouche, ce à quoi elle s'employa avec tant de dévotion que je tardai plusieurs minutes à me remémorer mon but central. A ce moment-là, j'étais spirituellement trop bien parti pour exercer une pression quelconque sans parvenir selon toute vraisemblance à la grâce divine complète et immédiate. Elle eut la compréhension de me consoler avec ses mains, puis abaissa sa sainte bouche sur l'enfant tremblant et l'y baigna : elle avait le don des langues. Je gémissais avec un manque total de cohérence et de dignité, comme il arrive en général en de telles vêpres émotionnelles, et sentis monter le Saint-Esprit. J'essayai de retirer du saint tabernacle l'enfant non circoncis et murmurai "Arrête !" mais l'ange n'interrompit point son ministère. Les nébuleuses, l'enfant et moi-même, tout explosa d'un seul coup en une divine sensation de fusion universelle : je me laissai aller à plonger dans sa bouche. Au bout de dix ou quinze secondes durant lesquelles j'avais complètement échappé au monde des simples mortels, je revins de mon voyage spirituel.
Sa bouche et ses mains confisquaient toujours ardemment mon pénis et mes couilles comme s'il ne s'était rien passé.
14 févr. 2016
Patrick Modiano
Patrick Modiano obtient le prix Nobel de littérature en 2014. Il entame sa carrière littéraire en 1968 avec son premier roman La place de l'étoile, une farce noire à mi-chemin entre Kafka et les Marx Brothers. Le passage suivant qui a pour cadre le Bois de Boulogne lui ouvre les portes de cet enfer.
Saül arrêta la Delahaye au milieu de l'allée des Acacias. Lui et Isaac entraînèrent Rebecca et la violèrent sous mes yeux. Le commandant Bloch m'avait préalablement passé les menottes et les portières étaient fermées à clé. De toute façon, je n'aurais pas esquissé un geste pour défendre ma fiancée.
Nous prîmes la direction de Bagatelle. Isaïe, plus raffiné que ses deux compagnons, tenait Rebecca par la nuque et introduisit son sexe dans la bouche de ma fiancée. Le commandant Bloch me donnait de petits coups de poignard sur les cuisses, si bien que mon impeccable pantalon S.S. ne tarda pas à dégouliner de sang.
Ensuite la Delahaye s'arrêta au carrefour des Cascades. Isaïe et Isaac sortirent à nouveau Rebecca de la voiture. Isaac l'empoigna par les cheveux et la renversa. Rebecca se mit à rire. Ce rire s'amplifia, l'écho le renvoya à travers tout le bois, il s'amplifia encore, atteignit une hauteur vertigineuse et se brisa en sanglots.
Saül arrêta la Delahaye au milieu de l'allée des Acacias. Lui et Isaac entraînèrent Rebecca et la violèrent sous mes yeux. Le commandant Bloch m'avait préalablement passé les menottes et les portières étaient fermées à clé. De toute façon, je n'aurais pas esquissé un geste pour défendre ma fiancée.
Nous prîmes la direction de Bagatelle. Isaïe, plus raffiné que ses deux compagnons, tenait Rebecca par la nuque et introduisit son sexe dans la bouche de ma fiancée. Le commandant Bloch me donnait de petits coups de poignard sur les cuisses, si bien que mon impeccable pantalon S.S. ne tarda pas à dégouliner de sang.
Ensuite la Delahaye s'arrêta au carrefour des Cascades. Isaïe et Isaac sortirent à nouveau Rebecca de la voiture. Isaac l'empoigna par les cheveux et la renversa. Rebecca se mit à rire. Ce rire s'amplifia, l'écho le renvoya à travers tout le bois, il s'amplifia encore, atteignit une hauteur vertigineuse et se brisa en sanglots.
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