Didier van Cauwelaert obtient le prix Goncourt en 1994 pour son roman Un aller simple. Un jeune Marseillais, muni du fait des hasards de la vie de faux papiers marocains, est arrêté, expulsé de France pour être envoyé au Maroc. Sur la route d'un village imaginaire du Haut Atlas, il est accompagné par Jean-Pierre, un fonctionnaire idéaliste et par une charmante guide dont il gardera un heureux souvenir après l'épisode suivant.
Elle a terminé de déboutonner mon pantalon que j'avais desserré pour la nuit, et elle m'a frotté contre sa joue avec une tendresse que je ne lui avais jamais vue, comme si elle cherchait la douceur avant de s'endormir. Et puis elle m'a caressé avec sa bouche, longtemps, pendant que le soleil finissait de sortir de sa montagne pour dessiner des ronds sur le pare-brise. C'était comme un espoir avant la fin du monde, le début de quelque chose qui ne savait pas que ça ne servirait à rien, la naissance d'un bonheur qui s'arrêterait tout de suite. Elle m'a avalé sans un regard, elle a refermé la portière et elle est retournée sous la tente; elle avait peut-être repris des forces pour jouer la comédie de l'amour devant les yeux de Jean-Pierre.
26 déc. 2010
19 déc. 2010
Olivier Cadiot
Souvent rangé dans l'avant-garde littéraire, l'écrivain Olivier Cadiot publie en 2007 son roman probablement le plus accessible: Un nid pour quoi faire. Je me garderais bien néanmoins de résumer l'histoire de cette oeuvre fort poétique.
Susan ?
Ton sourire m'attire
comme m'attire une fleur
Ohé ohé
photo
Tu es le champignon brun de la forêt
Et ça ?
jardiniers endiablés, jardins pacifiques
Photo, tu es la fumée de l'ardeur, etc.
C'est beau.
La Bible, on a beau dire c'est beau, surtout dans l'original, il paraît, il y a du souffle partout.
Des spécialistes le disent.
Arrête de lire tout le temps, dit-elle
tu reveux de la glace ?
Citron
On recommence ?
allez hue.
Elle me pose son sexe sur la bouche en se soulevant, comme un pont tournant, avec le grincement des chaînes en moins, un corps sur vérin hydraulique, elle est jolie.
On dirait une danseuse.
Susan ?
Ton sourire m'attire
comme m'attire une fleur
Ohé ohé
photo
Tu es le champignon brun de la forêt
Et ça ?
jardiniers endiablés, jardins pacifiques
Photo, tu es la fumée de l'ardeur, etc.
C'est beau.
La Bible, on a beau dire c'est beau, surtout dans l'original, il paraît, il y a du souffle partout.
Des spécialistes le disent.
Arrête de lire tout le temps, dit-elle
tu reveux de la glace ?
Citron
On recommence ?
allez hue.
Elle me pose son sexe sur la bouche en se soulevant, comme un pont tournant, avec le grincement des chaînes en moins, un corps sur vérin hydraulique, elle est jolie.
On dirait une danseuse.
14 déc. 2010
Yuri Andrukhovych
Sur le mode de la farce burlesque ou de la satire, les oeuvres de l'écrivain ukrainien Yuri Andrukhovych ont souvent pour thème la situation politique et culturelle de son pays. Douze cercles publié en 2003 dépeint une Ukraine de l'après-communisme plongée dans le chaos.
Les filles, qui tirèrent le vieux des profondeurs de l'anabiose, se jetèrent sur lui avec des caresses de plus en plus extrêmes; l'une d'elles faisait penser à Gina Wild, le rêve nocturne de tous les mâles, l'autre à Doris Fant, la tigresse insatiable de la passion (ce n'est pas pour rien que Yartchyk le magicien avait exploré durant deux mois les sites porno sur Internet !), elles arrachèrent sa couverture et, s'étouffant dans leurs propres sanglots, poussèrent à l'aide de la musique leur état jusqu'à l'exaltation; elles plongeaient leur langue serpentine dans les plis bleutés de l'aine du vieillard, touchant les zones et les centres les plus sensibles; en une poignée de minutes, le professeur métamorphosé commença à se changer en un prince enchanté du printemps, enfin il tressauta spasmodiquement et, se fendant d'un sourire incontrôlé de satyre, se mit à forniquer avec elles en déployant d'étonnantes réserves de vivacité et d'avidité avec ses lèvres, son nez, ses mains, sa tête, son membre, avec tout ce qu'il possédait jusqu'à ce que, poussé à l'extrême, il giclât aux quarante-quatre coins du monde, sur la couche, les fleurs, la mousse, les branches, sur leurs visages défigurés par la jouissance et - impossible de cacher la vérité - sur la caméra vidéo en un long jet noir de soulagement, après quoi il poussa, comme un reptile antédiluvien obsédé, un dernier cri qui retentit dans toutes les montagnes.
Les filles, qui tirèrent le vieux des profondeurs de l'anabiose, se jetèrent sur lui avec des caresses de plus en plus extrêmes; l'une d'elles faisait penser à Gina Wild, le rêve nocturne de tous les mâles, l'autre à Doris Fant, la tigresse insatiable de la passion (ce n'est pas pour rien que Yartchyk le magicien avait exploré durant deux mois les sites porno sur Internet !), elles arrachèrent sa couverture et, s'étouffant dans leurs propres sanglots, poussèrent à l'aide de la musique leur état jusqu'à l'exaltation; elles plongeaient leur langue serpentine dans les plis bleutés de l'aine du vieillard, touchant les zones et les centres les plus sensibles; en une poignée de minutes, le professeur métamorphosé commença à se changer en un prince enchanté du printemps, enfin il tressauta spasmodiquement et, se fendant d'un sourire incontrôlé de satyre, se mit à forniquer avec elles en déployant d'étonnantes réserves de vivacité et d'avidité avec ses lèvres, son nez, ses mains, sa tête, son membre, avec tout ce qu'il possédait jusqu'à ce que, poussé à l'extrême, il giclât aux quarante-quatre coins du monde, sur la couche, les fleurs, la mousse, les branches, sur leurs visages défigurés par la jouissance et - impossible de cacher la vérité - sur la caméra vidéo en un long jet noir de soulagement, après quoi il poussa, comme un reptile antédiluvien obsédé, un dernier cri qui retentit dans toutes les montagnes.
12 déc. 2010
Armistead Maupin
En 1976, les chroniques d'Armistead Maupin publiées dans un journal de San Francisco connurent un tel succès qu'elle furent réunies deux ans plus tard sous forme d'un premier roman : Chroniques de San Francisco. Elles restituent l'ambiance si particulière de la ville dans les années 70. L'extrait suivant nous présente Mary Ann, devenue bénévole dans un centre d'écoute pour désespérés et collègue d'un dénommé Vincent, artiste déprimé à qui il manque un morceau d'oreille.
Laissant le téléphone sonner, Mary Ann martelait la porte de la salle de bains.
- Vincent, écoute-moi bien. La situation n'est jamais aussi catastrophique qu'on le croit ! Vincent, tu m'entends?
Elle fit un rapide inventaire des objets de la petite armoire au-dessus de l'évier. Y-avait-il des ciseaux? Des couteaux? Des lames de rasoir?
DRRRINNNGGGG !
- Vincent ! Je dois aller répondre au téléphone ! Mais dis quelque chose ! Vincent, pour l'amour de Dieu !
DRRRINNNGGGG !
- Vincent, tu es un enfant de l'univers ! Tout autant que les arbres et les étoiles ! Vincent,tu as le droit d'exister. Et que tu le... que tu le... Enfin, aujourd'hui est la première journée du reste de ta vie.
Elle se sentit submergée par des vagues de nausée. Elle se précipita vers le téléphone.
- Allo, S.O.S. - Ecoute San Francisco, dit-elle, essoufflée.
La voix au bout du fil parlait sur un ton aigu et asthmatique, comme une créature de Disney devenue sénile.
- Qui êtes-vous?
- Euh... Mary Ann Singleton.
- Vous êtes nouvelle.
- Monsieur, est-ce que vous pourriez patienter une...?
- Où est Rebecca? Je parle toujours à Rebecca.
Elle recouvrit le combiné de sa main.
- Vincent !
Silence.
- VINCENT !
Une réponse étrangement faible lui parvint :
- Quoi ?
- Vincent, ça va?
- Oui.
- J'ai quelqu'un ici qui veut parler à une certaine Rebecca.
- Dis-lui que tu es la remplaçante de Rebecca.
Mary-Ann parla dans le téléphone.
- Je suis la remplaçante de Rebecca, monsieur.
- Menteuse !
- Je ne comprends pas, monsieur...
- Arrêtez de m'appeler "monsieur" ! Quel âge avez-vous?
- Vingt-cinq ans.
- Qu'est ce que vous avez fait à Rebecca ?
- Ecoutez, je ne connais même pas Rebecca !
- Ah bon ?
- Non.
- Tu veux me sucer la bite ?
Laissant le téléphone sonner, Mary Ann martelait la porte de la salle de bains.
- Vincent, écoute-moi bien. La situation n'est jamais aussi catastrophique qu'on le croit ! Vincent, tu m'entends?
Elle fit un rapide inventaire des objets de la petite armoire au-dessus de l'évier. Y-avait-il des ciseaux? Des couteaux? Des lames de rasoir?
DRRRINNNGGGG !
- Vincent ! Je dois aller répondre au téléphone ! Mais dis quelque chose ! Vincent, pour l'amour de Dieu !
DRRRINNNGGGG !
- Vincent, tu es un enfant de l'univers ! Tout autant que les arbres et les étoiles ! Vincent,tu as le droit d'exister. Et que tu le... que tu le... Enfin, aujourd'hui est la première journée du reste de ta vie.
Elle se sentit submergée par des vagues de nausée. Elle se précipita vers le téléphone.
- Allo, S.O.S. - Ecoute San Francisco, dit-elle, essoufflée.
La voix au bout du fil parlait sur un ton aigu et asthmatique, comme une créature de Disney devenue sénile.
- Qui êtes-vous?
- Euh... Mary Ann Singleton.
- Vous êtes nouvelle.
- Monsieur, est-ce que vous pourriez patienter une...?
- Où est Rebecca? Je parle toujours à Rebecca.
Elle recouvrit le combiné de sa main.
- Vincent !
Silence.
- VINCENT !
Une réponse étrangement faible lui parvint :
- Quoi ?
- Vincent, ça va?
- Oui.
- J'ai quelqu'un ici qui veut parler à une certaine Rebecca.
- Dis-lui que tu es la remplaçante de Rebecca.
Mary-Ann parla dans le téléphone.
- Je suis la remplaçante de Rebecca, monsieur.
- Menteuse !
- Je ne comprends pas, monsieur...
- Arrêtez de m'appeler "monsieur" ! Quel âge avez-vous?
- Vingt-cinq ans.
- Qu'est ce que vous avez fait à Rebecca ?
- Ecoutez, je ne connais même pas Rebecca !
- Ah bon ?
- Non.
- Tu veux me sucer la bite ?
5 déc. 2010
Vladimir Nabokov
Lolita, le roman de Vladimir Nabokov édité à Paris en 1955, fit scandale à sa parution et fut l'objet d'une interdiction pendant quelque temps mais son énorme succès permit ensuite au collectionneur de papillons de vivre de sa plume.
Comme l'écrit Nabokov lui-même dans l'avant-propos du livre, 'on ne trouve pas un seul terme obscène dans tout l'ouvrage ; et le solide philistin accoutumé par les conventions modernes à accepter sans broncher les mots orduriers qui foisonnent dans un roman banal sera sans doute très choqué de ne pas les rencontrer ici'.
Voici un extrait tiré de la nouvelle traduction française de Maurice Couturier publiée en 2001.
...il m'arrivait d'exiger affectueusement un baiser supplémentaire, ou même tout un assortiment de caresses variées, quand je savais qu'elle convoitait passionnément tel ou tel divertissement juvénile. Pourtant, il n'était pas facile de traiter avec elle. C'était sans enthousiasme qu'elle gagnait ses trois cents - ou ses trois pièces de cinq cents - par jour ; et elle se révéla une négociatrice cruelle chaque fois qu'il était en son pouvoir de me refuser certains philtres dévastateurs, étranges, paradisiaques, languides, dont je ne pouvais me passer pendant plus de quelques jours, et que, en raison de la nature même de cette langueur d'amour, je ne pouvais extorquer de force. Consciente de la magie et de la puissance de ses lèvres douces, elle parvint - au cours d'une seule année scolaire ! - à faire monter les enchères jusqu'à trois et même quatre dollars pour une étreinte particulière.
Comme l'écrit Nabokov lui-même dans l'avant-propos du livre, 'on ne trouve pas un seul terme obscène dans tout l'ouvrage ; et le solide philistin accoutumé par les conventions modernes à accepter sans broncher les mots orduriers qui foisonnent dans un roman banal sera sans doute très choqué de ne pas les rencontrer ici'.
Voici un extrait tiré de la nouvelle traduction française de Maurice Couturier publiée en 2001.
...il m'arrivait d'exiger affectueusement un baiser supplémentaire, ou même tout un assortiment de caresses variées, quand je savais qu'elle convoitait passionnément tel ou tel divertissement juvénile. Pourtant, il n'était pas facile de traiter avec elle. C'était sans enthousiasme qu'elle gagnait ses trois cents - ou ses trois pièces de cinq cents - par jour ; et elle se révéla une négociatrice cruelle chaque fois qu'il était en son pouvoir de me refuser certains philtres dévastateurs, étranges, paradisiaques, languides, dont je ne pouvais me passer pendant plus de quelques jours, et que, en raison de la nature même de cette langueur d'amour, je ne pouvais extorquer de force. Consciente de la magie et de la puissance de ses lèvres douces, elle parvint - au cours d'une seule année scolaire ! - à faire monter les enchères jusqu'à trois et même quatre dollars pour une étreinte particulière.
28 nov. 2010
Salman Rushdie
Salman Rushdie célèbre pour avoir obtenir le Booker Prize en 1981 et pour s'être attiré la sympathie éternelle des ayatollahs iraniens grâce à ses versets sataniques, publie Furie en 2001 dont la traduction française est l'oeuvre de Claro. Il est difficile de résumer ce roman déroutant qui raconte l'histoire du professeur Malik Solanka et notamment ses relations avec ses compagnes successives, parmi celles-ci la magnifique Mila Milo, une Serbe victime d'inceste dans sa jeunesse.
Dans cet espace ensorcelé, lors des visites de Mila, un silence quasi absolu était de rigueur. On entendait des murmures, des chuchotements, mais c'est tout. Toutefois, dans le quart d'heure qui précédait son départ, une fois qu'elle avait sauté à bas de ses genoux, s'était lissée la jupe et leur avait servi à tous deux un verre de jus de canneberge ou une tasse de thé vert, pendant qu'elle rajustait sa tenue pour le monde extérieur, Solanka pouvait lui faire part, s'il le voulait, de ses hypothèses concernant ce pays dont il s'efforçait de déchiffrer les codes.
Par exemple, la théorie encore inédite du professeur Solanka sur les différentes attitudes vis-à-vis de la fellation aux Etats-Unis et en Angleterre (cette antienne étant provoquée par la décision absurde du Président de présenter des excuses pour avoir commis un acte qui - c'est ce qu'il aurait dû déclarer sèchement - ne regardait que lui) reçut toute l'attention de la jeune femme.
« En Angleterre, expliqua-t-il dans un style très collet monté, la fellation entre partenaires hétérosexuels n'est jamais pratiqué avant que la pénétration coïtale ait eu lieu, ou même jamais. Elle est considérée comme un témoignage de profonde intimité. Et aussi comme une récompense sexuelle suite à un bon comportement. C'est rare. Alors qu'en Amérique, avec votre tradition bien établie de "tripotage" adolescent sur la banquette arrière de diverses automobiles iconiques, « faire une pipe », pour employer le terme technique, précède le rapport sexuel en position du missionnaire la plupart du temps ; de fait, c'est le moyen le plus courant chez les jeunes femmes de préserver leur virginité tout en satisfaisant leurs galants.»
« Bref c'est une alternative à la baise. Ainsi, quand Clinton affirme qu'il n'a jamais couché avec cette bécasse in, Monica, la bovine Miss L., tout le monde en Angleterre pense qu'il ment comme un arracheur de dents, alors que toute la population ado (et aussi pré- et post-ado) américaine comprend qu'il dit la vérité, telle que la définissent culturellement les Etats-Unis. Paradoxalement, la fellation n'a rien à voir avec le sexe. C'est ce qui permet aux jeunes filles de rentrer chez elles et d'affirmer à leurs parents, le coeur sur la main - et bon sang, c'est ce qui t'a sûrement permis de le dire toi aussi à ton père - qu'il ne s'est rien passé. Voilà pourquoi Bite Clinton ne fait que répéter ce que n'importe quel ado viril américain aurait dit. Immaturité ? Ouais, sûrement, mais c'est pour ça que la mise en accusation du Président a échoué.
- Je vois ce que tu veux dire », opina Mila Milo quand il eut terminé.
Elle revint près de lui et, dans une accélération inattendue et irrésistible de leur train-train de fin d'après-midi, ôta le coussin de velours rouge qui protégeait sa vulnérabilité.
Dans cet espace ensorcelé, lors des visites de Mila, un silence quasi absolu était de rigueur. On entendait des murmures, des chuchotements, mais c'est tout. Toutefois, dans le quart d'heure qui précédait son départ, une fois qu'elle avait sauté à bas de ses genoux, s'était lissée la jupe et leur avait servi à tous deux un verre de jus de canneberge ou une tasse de thé vert, pendant qu'elle rajustait sa tenue pour le monde extérieur, Solanka pouvait lui faire part, s'il le voulait, de ses hypothèses concernant ce pays dont il s'efforçait de déchiffrer les codes.
Par exemple, la théorie encore inédite du professeur Solanka sur les différentes attitudes vis-à-vis de la fellation aux Etats-Unis et en Angleterre (cette antienne étant provoquée par la décision absurde du Président de présenter des excuses pour avoir commis un acte qui - c'est ce qu'il aurait dû déclarer sèchement - ne regardait que lui) reçut toute l'attention de la jeune femme.
« En Angleterre, expliqua-t-il dans un style très collet monté, la fellation entre partenaires hétérosexuels n'est jamais pratiqué avant que la pénétration coïtale ait eu lieu, ou même jamais. Elle est considérée comme un témoignage de profonde intimité. Et aussi comme une récompense sexuelle suite à un bon comportement. C'est rare. Alors qu'en Amérique, avec votre tradition bien établie de "tripotage" adolescent sur la banquette arrière de diverses automobiles iconiques, « faire une pipe », pour employer le terme technique, précède le rapport sexuel en position du missionnaire la plupart du temps ; de fait, c'est le moyen le plus courant chez les jeunes femmes de préserver leur virginité tout en satisfaisant leurs galants.»
« Bref c'est une alternative à la baise. Ainsi, quand Clinton affirme qu'il n'a jamais couché avec cette bécasse in, Monica, la bovine Miss L., tout le monde en Angleterre pense qu'il ment comme un arracheur de dents, alors que toute la population ado (et aussi pré- et post-ado) américaine comprend qu'il dit la vérité, telle que la définissent culturellement les Etats-Unis. Paradoxalement, la fellation n'a rien à voir avec le sexe. C'est ce qui permet aux jeunes filles de rentrer chez elles et d'affirmer à leurs parents, le coeur sur la main - et bon sang, c'est ce qui t'a sûrement permis de le dire toi aussi à ton père - qu'il ne s'est rien passé. Voilà pourquoi Bite Clinton ne fait que répéter ce que n'importe quel ado viril américain aurait dit. Immaturité ? Ouais, sûrement, mais c'est pour ça que la mise en accusation du Président a échoué.
- Je vois ce que tu veux dire », opina Mila Milo quand il eut terminé.
Elle revint près de lui et, dans une accélération inattendue et irrésistible de leur train-train de fin d'après-midi, ôta le coussin de velours rouge qui protégeait sa vulnérabilité.
20 nov. 2010
Horacio Castellanos Moya
Les romans de Horacio Castellanos Moya nous plongent dans la violence endémique ravageant le Salvador. Dans Déraison, publié en 2004, un journaliste exilé dans un pays voisin découvre un dossier contenant les récits des massacres perpétrés par les militaires sur les villageois indiens. Ses aventures sexuelles sont décrites avec un humour contrastant avec l'horreur des réalités politiques.
Voici un extrait de sa prose qui déferle comme de la lave.
Ce corps désiré par tous avait soudain perdu pour moi son attrait, à l'instant où, une heure auparavant , elle m'avait demandé de but en blanc si je préférais qu'elle me suce ou qu'elle me branle, une question qui n'avait aucune espèce de sens puisque cela faisait trois minutes - à quelques secondes près - que nous nous embrassions et caressions avec ardeur sur le sofa de mon appartement et que ce qui devait en toute logique suivre à ce moment-là, alors qu'elle avait déjà mon membre dans la main et moi le majeur dans son con, c'était nous déshabiller complètement et nous rassasier l'un de l'autre jusqu'à parvenir à la consommation de l'acte amoureux, au lieu de poser cette question indécente et hors de propos de savoir si je préférais qu'elle me suce ou qu'elle me branle, comme si ce préambule de confessions, de caresses et de baisers qui avait commencé à la nuit tombante dans une brasserie minable appelée Tustepito, n'avait été qu'un prétexte pour parvenir à cet instant où elle devait me demander ce que je préférais, qu'elle me suce ou qu'elle me branle, une question plus propre à une prostituée maligne qui offre menu et tarifs au client excité qu'à cette jolie fille espagnole que j'avais, j'imaginais, séduite grâce à mes dons d'enchanteur. Je ne sais quelle expression elle a déchiffré sur mon visage, mais elle a immédiatement mis au point fermement qu'elle ne pensait pas baiser avec moi, caramba, parce qu'elle avait un petit ami dont elle était très amoureuse et qui allait arriver le lendemain matin, un fiancé auquel jamais elle ne serait infidèle, même si pour l'instant elle tenait mon membre viril entre ses mains, ce pourquoi elle me demandait de choisir si je préférais qu'elle me branle ou qu'elle me suce, m'a-t-elle répété, au lieu de se déshabiller complètement et se donner comme le voulait la logique. Je lui ai dit de me sucer, il ne s'agissait non plus que je reste à bander et les couilles en ébullition, car pareille tension provoque de la douleur et rend la marche difficile, même si l'instant magique s'était perdu, cet instant où la magie de la possession surgit dans toute sa splendeur s'en était allé au diable depuis le moment où elle avait posé sa question indécente, plus indiquée chez une professionnelle que chez une fille prise dans les rets de la séduction, pensais-je pendant que je la regardais avec mon membre dans sa bouche, le suçant, avec des mouvements agités et assez arythmiques, ce qui m' a fait craindre une égratignure, l'estafilade d'une canine, je lui ai donc suggéré de se calmer, qu'elle s'y prenne avec plus de douceur, posant mes mains sur sa tête, sans trop me concentrer sur le plaisir qu'elle s'imaginait m'offrir mais essayant de déchiffrer la différence entre me la sucer et être pénétrée au moment où elle allait assurer de sa fidélité le fiancé qui allait arriver le lendemain matin et dont je n'avais pratiquement pas entendu parler, une différence qu'il me coûtait vraiment de découvrir, et ç'a été plus difficile encore lorsqu'elle a essayé de parler sans retirer mon membre de sa bouche et qu'elle a articulé quelque chose comme « Ha-he-hé », en me regardant avec inquiétude et sans ralentir ses mouvements désordonnés elle a balbutié plusieurs fois de manière gutturale « Ha-he-hé », avec une extrême inquiétude dans les yeux, jusqu'à ce que je lui dise que je ne la comprenais pas, qu'elle retire mon membre de sa bouche pour parler, ce qu'elle a immédiatement fait et elle a répété tout de suite avec netteté ce qu'auparavant je n'avais perçu que comme « Ha-he-hé » et qui en réalité était la question «ça te plaît ? ». Je mentirais si j'affirmais que cette situation ne dépassait pas toutes mes attentes, car Fatima a posé la question sur le ton de la petite pute qui fait ses premiers pas, attentive et soucieuse de plaire au client, peu assurée en outre de sa capacité à pratiquer les techniques fraîchement apprises. « Ha-he-hé », me suis-je répété avec ébahissement en même temps qu'elle se fourrait de nouveau de nouveau mon membre dans la bouche et reprenait son entreprise de suffocation sans que je puisse profiter pleinement d'un tel effort suçatoire, étant donné le détachement dans lequel m'avait placé toute cette situation embarrassante et inédite, façon de parler, mais sans que grâce à Dieu mon membre faiblisse, car je ne sais alors ce qui serait arrivé.
Voici un extrait de sa prose qui déferle comme de la lave.
Ce corps désiré par tous avait soudain perdu pour moi son attrait, à l'instant où, une heure auparavant , elle m'avait demandé de but en blanc si je préférais qu'elle me suce ou qu'elle me branle, une question qui n'avait aucune espèce de sens puisque cela faisait trois minutes - à quelques secondes près - que nous nous embrassions et caressions avec ardeur sur le sofa de mon appartement et que ce qui devait en toute logique suivre à ce moment-là, alors qu'elle avait déjà mon membre dans la main et moi le majeur dans son con, c'était nous déshabiller complètement et nous rassasier l'un de l'autre jusqu'à parvenir à la consommation de l'acte amoureux, au lieu de poser cette question indécente et hors de propos de savoir si je préférais qu'elle me suce ou qu'elle me branle, comme si ce préambule de confessions, de caresses et de baisers qui avait commencé à la nuit tombante dans une brasserie minable appelée Tustepito, n'avait été qu'un prétexte pour parvenir à cet instant où elle devait me demander ce que je préférais, qu'elle me suce ou qu'elle me branle, une question plus propre à une prostituée maligne qui offre menu et tarifs au client excité qu'à cette jolie fille espagnole que j'avais, j'imaginais, séduite grâce à mes dons d'enchanteur. Je ne sais quelle expression elle a déchiffré sur mon visage, mais elle a immédiatement mis au point fermement qu'elle ne pensait pas baiser avec moi, caramba, parce qu'elle avait un petit ami dont elle était très amoureuse et qui allait arriver le lendemain matin, un fiancé auquel jamais elle ne serait infidèle, même si pour l'instant elle tenait mon membre viril entre ses mains, ce pourquoi elle me demandait de choisir si je préférais qu'elle me branle ou qu'elle me suce, m'a-t-elle répété, au lieu de se déshabiller complètement et se donner comme le voulait la logique. Je lui ai dit de me sucer, il ne s'agissait non plus que je reste à bander et les couilles en ébullition, car pareille tension provoque de la douleur et rend la marche difficile, même si l'instant magique s'était perdu, cet instant où la magie de la possession surgit dans toute sa splendeur s'en était allé au diable depuis le moment où elle avait posé sa question indécente, plus indiquée chez une professionnelle que chez une fille prise dans les rets de la séduction, pensais-je pendant que je la regardais avec mon membre dans sa bouche, le suçant, avec des mouvements agités et assez arythmiques, ce qui m' a fait craindre une égratignure, l'estafilade d'une canine, je lui ai donc suggéré de se calmer, qu'elle s'y prenne avec plus de douceur, posant mes mains sur sa tête, sans trop me concentrer sur le plaisir qu'elle s'imaginait m'offrir mais essayant de déchiffrer la différence entre me la sucer et être pénétrée au moment où elle allait assurer de sa fidélité le fiancé qui allait arriver le lendemain matin et dont je n'avais pratiquement pas entendu parler, une différence qu'il me coûtait vraiment de découvrir, et ç'a été plus difficile encore lorsqu'elle a essayé de parler sans retirer mon membre de sa bouche et qu'elle a articulé quelque chose comme « Ha-he-hé », en me regardant avec inquiétude et sans ralentir ses mouvements désordonnés elle a balbutié plusieurs fois de manière gutturale « Ha-he-hé », avec une extrême inquiétude dans les yeux, jusqu'à ce que je lui dise que je ne la comprenais pas, qu'elle retire mon membre de sa bouche pour parler, ce qu'elle a immédiatement fait et elle a répété tout de suite avec netteté ce qu'auparavant je n'avais perçu que comme « Ha-he-hé » et qui en réalité était la question «ça te plaît ? ». Je mentirais si j'affirmais que cette situation ne dépassait pas toutes mes attentes, car Fatima a posé la question sur le ton de la petite pute qui fait ses premiers pas, attentive et soucieuse de plaire au client, peu assurée en outre de sa capacité à pratiquer les techniques fraîchement apprises. « Ha-he-hé », me suis-je répété avec ébahissement en même temps qu'elle se fourrait de nouveau de nouveau mon membre dans la bouche et reprenait son entreprise de suffocation sans que je puisse profiter pleinement d'un tel effort suçatoire, étant donné le détachement dans lequel m'avait placé toute cette situation embarrassante et inédite, façon de parler, mais sans que grâce à Dieu mon membre faiblisse, car je ne sais alors ce qui serait arrivé.
11 nov. 2010
William Kotzwinkle
William Kotzwinkle est un écrivain protéiforme, encore méconnu en France. Il a abordé dans sa carrière de nombreux rivages littéraires, de la poésie aux livres pour enfants en passant par le roman noir et la littérature érotique en gardant toujours une imagination débordante et fantasque. La face érotique de l'oeuvre de Kotzwinkle se trouve dans un roman publié en 1974 Le livre d'une nuit, récit mêlant de façon étrange Athènes antique et New-York contemporain. En voici les premières lignes.
« Tu as déjà sucé une fille ? » demanda-t-elle à voix basse.
Ses jambes étaient joliment galbées, et elle ne portait pas de bas. Le fleuve murmurait dans la nuit, non loin d'eux. Assis près d'elle sur le sable de la rive, le garçon contemplait les lumières de la ville par delà la masse noire de l'eau mouvante.
« Non, jamais », répondit-il.
Il n'avait pas encore vingt ans. Sa voiture était garée au dessus d'eux, sur la route longeant le fleuve. Un policier curieux pourrait la repérer, se poser des questions ; s'il descendait la berge, il les découvrirait là. Lentement, la fille releva sa jupe sur ses jambes nues.
« Suce-moi », dit-elle.
Ecartant largement les jambes, elle souleva ses hanches ; la toison de son entrecuisse, sortant de l'ombre des arbres de la rive, scintilla au clair de lune.
La route du fleuve n'était pas déserte. Les dames les plus distinguées d'Athènes la suivaient, cheminant dans l'obscurité au gré de son tracé sinueux, pour se rendre au temple de Déméter. On y célébrait le mystère de la grande déesse de la fertilité, auquel ces grandes dames devaient assister et participer pour que la récolte soit fructueuse.
« Suce-moi », murmura la fille.
A la porte du temple, les belles Athéniennes furent accueillies par un jeune esclave, qui remarqua avec quel soin particulier elles étaient s'étaient apprêtées ce soir - les yeux brillants, les lèvres rouges, elles étaient vêtues de capes aux découpes plus audacieuses, plus impudiques que tout ce que l'on pouvait voir dans les rues d'Athènes pendant le jour.
Le coeur battant, il se pencha vers le mystère. Si les flics trouvent ma voiture, ils laisseront une contre-danse sous l'essuie-glace, et puis c'est tout.
« Oh, oui, chéri », soupira-t-elle lorsque le garçon, posant délicatement la chair tendre de sa bouche sur les petites lèvres, fit naître en elle un frisson d'extase qui monta vers son ventre et redescendit dans ses cuisses.
La grande prêtresse du temple de Déméter sentit le frémissement d'un plaisir subtil et doux parcourir son corps. La déesse était entrée en elle, et se trouvait à présent dans le temple.
« Tu as déjà sucé une fille ? » demanda-t-elle à voix basse.
Ses jambes étaient joliment galbées, et elle ne portait pas de bas. Le fleuve murmurait dans la nuit, non loin d'eux. Assis près d'elle sur le sable de la rive, le garçon contemplait les lumières de la ville par delà la masse noire de l'eau mouvante.
« Non, jamais », répondit-il.
Il n'avait pas encore vingt ans. Sa voiture était garée au dessus d'eux, sur la route longeant le fleuve. Un policier curieux pourrait la repérer, se poser des questions ; s'il descendait la berge, il les découvrirait là. Lentement, la fille releva sa jupe sur ses jambes nues.
« Suce-moi », dit-elle.
Ecartant largement les jambes, elle souleva ses hanches ; la toison de son entrecuisse, sortant de l'ombre des arbres de la rive, scintilla au clair de lune.
La route du fleuve n'était pas déserte. Les dames les plus distinguées d'Athènes la suivaient, cheminant dans l'obscurité au gré de son tracé sinueux, pour se rendre au temple de Déméter. On y célébrait le mystère de la grande déesse de la fertilité, auquel ces grandes dames devaient assister et participer pour que la récolte soit fructueuse.
« Suce-moi », murmura la fille.
A la porte du temple, les belles Athéniennes furent accueillies par un jeune esclave, qui remarqua avec quel soin particulier elles étaient s'étaient apprêtées ce soir - les yeux brillants, les lèvres rouges, elles étaient vêtues de capes aux découpes plus audacieuses, plus impudiques que tout ce que l'on pouvait voir dans les rues d'Athènes pendant le jour.
Le coeur battant, il se pencha vers le mystère. Si les flics trouvent ma voiture, ils laisseront une contre-danse sous l'essuie-glace, et puis c'est tout.
« Oh, oui, chéri », soupira-t-elle lorsque le garçon, posant délicatement la chair tendre de sa bouche sur les petites lèvres, fit naître en elle un frisson d'extase qui monta vers son ventre et redescendit dans ses cuisses.
La grande prêtresse du temple de Déméter sentit le frémissement d'un plaisir subtil et doux parcourir son corps. La déesse était entrée en elle, et se trouvait à présent dans le temple.
9 oct. 2010
Céline Minard
En quelques livres, la romancière Céline Minard s'est distinguée par la grande originalité de son style. Son roman Le dernier monde, publié en 2007, raconte l'histoire délirante d'un cosmonaute revenu sur Terre pour constater qu'il en est le dernier habitant.
Sur l'Interstate 48 en direction de Flagstaff, nous dûmes nous arrêter pas moins de cinq fois pour visiter l'arrière du van.
Tout son corps était tendu d'une peau soyeuse sans jointure. Elle était gonflée, tendre, musclée, goulue, discrète et impudente. Délibérément obscène dans les moments les plus doux. Ses poils étaient très courts et montaient haut sur son ventre. Elle avait une façon de se coucher, de prendre entre ses doigts ses lèvres et d'ouvrir au regard la moule rose serrée dans sa touffe de bois noir, Brasil, bois de feu, qui me révulsait de douceur. Oui le désir est une douleur, Janaina, une délicieuse torture.
Elle aimait être prise à genoux, cramponnée des deux mains au plafond, accrochée, un seul doigt (le major) et le regarder venir.
Elle aimait sucer, brouter et sentir ma touffe crisser sur son cul ballon noir.
Elle aimait être stimulée à l'entrée du vagin, paume chaude en spirale tournante et deux doigts d'élargissement. Il lui arrivait alors d'en baver.
Nous eûmes quinze jours pour faire le tour des corps positions. Sur le bord des routes, derrière les cabanes, aux berges des lacs, dans le gros décor yankee du Grand Canyon et les toilettes des stations, ce fut une suite de vertiges enchaînés. Une fringale. Nuits et jours indiscernables.
Sur l'Interstate 48 en direction de Flagstaff, nous dûmes nous arrêter pas moins de cinq fois pour visiter l'arrière du van.
Tout son corps était tendu d'une peau soyeuse sans jointure. Elle était gonflée, tendre, musclée, goulue, discrète et impudente. Délibérément obscène dans les moments les plus doux. Ses poils étaient très courts et montaient haut sur son ventre. Elle avait une façon de se coucher, de prendre entre ses doigts ses lèvres et d'ouvrir au regard la moule rose serrée dans sa touffe de bois noir, Brasil, bois de feu, qui me révulsait de douceur. Oui le désir est une douleur, Janaina, une délicieuse torture.
Elle aimait être prise à genoux, cramponnée des deux mains au plafond, accrochée, un seul doigt (le major) et le regarder venir.
Elle aimait sucer, brouter et sentir ma touffe crisser sur son cul ballon noir.
Elle aimait être stimulée à l'entrée du vagin, paume chaude en spirale tournante et deux doigts d'élargissement. Il lui arrivait alors d'en baver.
Nous eûmes quinze jours pour faire le tour des corps positions. Sur le bord des routes, derrière les cabanes, aux berges des lacs, dans le gros décor yankee du Grand Canyon et les toilettes des stations, ce fut une suite de vertiges enchaînés. Une fringale. Nuits et jours indiscernables.
23 août 2010
Nancy Huston
Lignes de faille, roman publié par Nancy Huston en 2006 et couronné du prix Femina est la suite de quatre récits racontés par quatre enfants : celui d'un petit américain Sol, celui de son père Randall, celui de la mère de ce dernier Sadie et enfin celui de la mère de Sadie en Allemagne nazie. L'extrait suivant est tiré du récit de Sadie, cachée dans sa chambre et observant par le trou de la serrure sa mère venant d'accueillir chez elle un inconnu.
Maintenant ma mère est totalement nue avec cet inconnu qui est toujours habillé. Elle va ouvrir le canapé-lit ( le même lit qu'elle partage toutes les nuits avec papa) et pendant ce temps l'homme se déshabille avec des gestes lents, après quoi il est nu lui aussi et je vois son truc qui est debout et se balance.
Il se met à genoux sur le lit et à mon horreur ma mère se met à genoux devant lui et prend ça dans sa bouche, ce qui me donne la nausée alors je m'éloigne un moment de la porte, le coeur battant fort, et essaie de me calmer en regardant les flocons de neige qui flottent dehors dans l'auréole des lampadaires, et quand au bout d'un long moment je m'agenouille à nouveau ma mère a tourné le dos à l'inconnu, il lui tient les mains serrées derrière le dos comme pour la menotter et pendant ce temps il entre et sort de son corps comme Hilare avec le caniche nain sauf que ses mouvements sont plus lents et au lieu de gémir il lui dit des mots étrangers à voix basse.
Maintenant ma mère est totalement nue avec cet inconnu qui est toujours habillé. Elle va ouvrir le canapé-lit ( le même lit qu'elle partage toutes les nuits avec papa) et pendant ce temps l'homme se déshabille avec des gestes lents, après quoi il est nu lui aussi et je vois son truc qui est debout et se balance.
Il se met à genoux sur le lit et à mon horreur ma mère se met à genoux devant lui et prend ça dans sa bouche, ce qui me donne la nausée alors je m'éloigne un moment de la porte, le coeur battant fort, et essaie de me calmer en regardant les flocons de neige qui flottent dehors dans l'auréole des lampadaires, et quand au bout d'un long moment je m'agenouille à nouveau ma mère a tourné le dos à l'inconnu, il lui tient les mains serrées derrière le dos comme pour la menotter et pendant ce temps il entre et sort de son corps comme Hilare avec le caniche nain sauf que ses mouvements sont plus lents et au lieu de gémir il lui dit des mots étrangers à voix basse.
14 juil. 2010
Jean-Jacques Schuhl
Auteur publiant très peu, Jean-Jacques Schuhl revient en 2010 avec un nouvel opus Entrée des fantômes , dix ans après son précédent ouvrage récompensé du Prix Goncourt. Ce court récit est un collage d'autobiographie et d'ébauche romanesque non aboutie dont le personnage principal est un mannequin.
Elle regardait dans la paume de sa main le portable argenté orné de strass avec ses jolies lettres bleues sur fond opale et ses petits carillons cristallins, qui était en train de devenir un objet d'horreur. Maintenant la machine s'affolait : des messages aberrants s'inscrivaient, menaçants, certains cryptés - MORMEK EST SUR VOS TRACES ! -, d'autres dans une écriture hiéroglyphique - avec quel clavier, par quel subterfuge ? - entrecoupée de mots et d'équations obscènes, 1 + 1 = 69, suffisamment personnalisés pour qu'elle comprenne qu'ils s'adressaient à elles, ou une phrase dans laquelle cinq langues se mêlaient dont l'assyrien plus des pictogrammes mayas et son surnom - Miss Coco - au milieu. Elle regarda pensivement le téléphone pendant une minute.
Elle regardait dans la paume de sa main le portable argenté orné de strass avec ses jolies lettres bleues sur fond opale et ses petits carillons cristallins, qui était en train de devenir un objet d'horreur. Maintenant la machine s'affolait : des messages aberrants s'inscrivaient, menaçants, certains cryptés - MORMEK EST SUR VOS TRACES ! -, d'autres dans une écriture hiéroglyphique - avec quel clavier, par quel subterfuge ? - entrecoupée de mots et d'équations obscènes, 1 + 1 = 69, suffisamment personnalisés pour qu'elle comprenne qu'ils s'adressaient à elles, ou une phrase dans laquelle cinq langues se mêlaient dont l'assyrien plus des pictogrammes mayas et son surnom - Miss Coco - au milieu. Elle regarda pensivement le téléphone pendant une minute.
27 juin 2010
Jorge Volpi
Pour son roman A la recherche de Klingsor, publié en 1999, Jorge Volpi a reçu le prix Biblioteca Breve attribué avant lui à Vargas Llosa et Carlos Fuentes, également honorés en ces lieux. La deuxième guerre mondiale et les années d'après-guerre forment le décor de ce roman. Dans l'extrait suivant, le jeune physicien Francis Bacon installé à Princeton avec les plus grands génies de l'époque ne peut résister aux charmes de Vivien, une noire, modeste vendeuse de journaux.
Quand elle s'était dévêtue, Bacon la faisait s'allonger sur le ventre, allumait toutes les lampes et contemplait sans broncher pendant quelques minutes le contraste des couleurs. Ensuite, il se penchait sur elle et l'embrassait sans se lasser : sa langue courait sur les formes pleines et gagnait tout doucement le creux des reins, où elle s'attardait jusqu'à ce qu'elle eût laissé un lac de salive au fond de cette haute vallée de chair. Ses lèvres sentaient à chaque instant la perfection des ellipses dont il ne pouvait découvrir les fonctions. Pour finir, il la changeait de position, comme si elle n'était qu'une poupée articulée. Alors et seulement alors, il se dévêtait à son tour. Il ouvrait délicatement les cuisses de Vivien en s'imaginant qu'il s'agissait de deux coulures de lave ardente et il enfouissait son visage dans le sexe moite et impavide. Ce préambule était une sorte d'axiome duquel découlait chaque fois un théorème différent. Selon la capacité analytique qu'il déployait, l'un pouvait le conduire aux petits pieds sales de Vivien, l'autre à ses mamelons ou encore à ses sourcils, à son nombril ; plus que forniquer avec elle, il étudiait d'une même traite ces possibilités et les formes que pouvait prendre son propre plaisir. L'orgasme n'était que la conséquence nécessaire des calculs dans lesquels il se lançait en début de partie.
Quand elle s'était dévêtue, Bacon la faisait s'allonger sur le ventre, allumait toutes les lampes et contemplait sans broncher pendant quelques minutes le contraste des couleurs. Ensuite, il se penchait sur elle et l'embrassait sans se lasser : sa langue courait sur les formes pleines et gagnait tout doucement le creux des reins, où elle s'attardait jusqu'à ce qu'elle eût laissé un lac de salive au fond de cette haute vallée de chair. Ses lèvres sentaient à chaque instant la perfection des ellipses dont il ne pouvait découvrir les fonctions. Pour finir, il la changeait de position, comme si elle n'était qu'une poupée articulée. Alors et seulement alors, il se dévêtait à son tour. Il ouvrait délicatement les cuisses de Vivien en s'imaginant qu'il s'agissait de deux coulures de lave ardente et il enfouissait son visage dans le sexe moite et impavide. Ce préambule était une sorte d'axiome duquel découlait chaque fois un théorème différent. Selon la capacité analytique qu'il déployait, l'un pouvait le conduire aux petits pieds sales de Vivien, l'autre à ses mamelons ou encore à ses sourcils, à son nombril ; plus que forniquer avec elle, il étudiait d'une même traite ces possibilités et les formes que pouvait prendre son propre plaisir. L'orgasme n'était que la conséquence nécessaire des calculs dans lesquels il se lançait en début de partie.
29 mai 2010
Regis Jauffret
Régis Jauffret publie en 2003 son dixième roman : univers, univers , dont je résumerai la teneur simplement par ce qu'en écrit l'auteur sur la quatrième de couverture "nous sommes des univers passagers dans l'univers qui s'éternise". Régis Jauffret a obtenu le prix Fémina en 2005.
Elle voudrait être de l’autre côté de l’immeuble d’en face et regarder le soleil se coucher. Elle verrait la Seine rouge vif et les touristes en train de dîner sur les bateaux-mouches. Elle aimerait se trouver parmi tous ces gens dont elle ne comprendrait pas la langue. Elle se laisserait séduire par les gestes d’un grand blond, ils iraient ensemble visiter la tour Eiffel et regarder Paris de haut de la grande roue. Puis elle se retrouverait dans les quinze mètres carrés de sa chambre d’hôtel, en présence de son sexe au poil rare, dressé comme une antenne. Elle le prendrait dans sa bouche pour lui faire plaisir. Cinq ans plus tard elle se rappellerait de cette nuit-là en s’endormant lors d’une opération périlleuse qui échouerait. Elle regretterait de n’avoir pas rencontré quelqu’un d’autre à sa place.
Elle voudrait être de l’autre côté de l’immeuble d’en face et regarder le soleil se coucher. Elle verrait la Seine rouge vif et les touristes en train de dîner sur les bateaux-mouches. Elle aimerait se trouver parmi tous ces gens dont elle ne comprendrait pas la langue. Elle se laisserait séduire par les gestes d’un grand blond, ils iraient ensemble visiter la tour Eiffel et regarder Paris de haut de la grande roue. Puis elle se retrouverait dans les quinze mètres carrés de sa chambre d’hôtel, en présence de son sexe au poil rare, dressé comme une antenne. Elle le prendrait dans sa bouche pour lui faire plaisir. Cinq ans plus tard elle se rappellerait de cette nuit-là en s’endormant lors d’une opération périlleuse qui échouerait. Elle regretterait de n’avoir pas rencontré quelqu’un d’autre à sa place.
23 mai 2010
Nick Hornby
Nick Hornby a rencontré un énorme succès avec Haute fidélité. Dans ce roman publié en 1995, le narrateur Rob fait le récit de sa vie sentimentale et de ses déboires.Voici l’extrait où il renoue avec son ex Laura revenue au point de départ après un intermède avec le dénommé Ray.
Je voudrais tout savoir (sauf que, bien sûr, je ne veux pas le savoir) des orgasmes multiples, des dix fois par nuit, des pipes et des positions dont je n’ai jamais entendu parler, mais je n’ai pas le courage de le lui demander, et elle ne me le dirait jamais. Je sais qu’ils l’ont fait, et c’est déjà horrible; tout ce que je peux espérer, maintenant, c’est que les dégâts sont limités. Je voudrais qu’elle dise que c’était nul, que c’était un coup pour rien, à regarder le plafond en pensant à Rob, que Meg Ryan a eu plus de plaisir dans le drugstore en imitant l’orgasme que Laura dans le lit de Ray. Est-ce trop demander?
Je voudrais tout savoir (sauf que, bien sûr, je ne veux pas le savoir) des orgasmes multiples, des dix fois par nuit, des pipes et des positions dont je n’ai jamais entendu parler, mais je n’ai pas le courage de le lui demander, et elle ne me le dirait jamais. Je sais qu’ils l’ont fait, et c’est déjà horrible; tout ce que je peux espérer, maintenant, c’est que les dégâts sont limités. Je voudrais qu’elle dise que c’était nul, que c’était un coup pour rien, à regarder le plafond en pensant à Rob, que Meg Ryan a eu plus de plaisir dans le drugstore en imitant l’orgasme que Laura dans le lit de Ray. Est-ce trop demander?
16 mai 2010
Michel Houellebecq
Roman fortement médiatisé, Les particules élémentaires, publié en 1998, est le récit de la vie de deux demi-frères : Bruno, un professeur obsédé sexuel, et Michel un scientifique asexué. Voici la rencontre de Bruno et de Patricia dans la piscine d'un club de vacances new age.
Elle allongea les jambes dans l’eau. Bruno fit de même. Un pied se posa sur sa cuisse, frôla son sexe. Avec un léger clapotis, elle se détacha du bord et vint à lui. Des nuages voilaient maintenant la lune; la femme était à cinquante centimètres, mais il ne distinguait toujours pas ses traits. Un bras se plaça sous le haut de ses cuisses, l’autre enlaça ses épaules. Bruno se blottit contre elle, le visage à hauteur de sa poitrine; ses seins étaient petits et fermes. Il lâcha le bord, s’abandonnant à son étreinte. Il sentit qu’elle revenait vers le centre du bassin, puis commençait à tourner lentement sur elle-même. Les muscles de son cou se relâchèrent brusquement, sa tête devint très lourde. La rumeur aquatique, faible en surface, se transformait quelques centimètres plus bas en un puissant grondement sous-marin. Les étoiles tournaient doucement à la verticale de son visage. Il se détendit entre ses bras, son sexe dressé émergea à la surface. Elle déplaça légèrement ses mains, il sentait à peine leur caresse, il était en apesanteur totale. Les longs cheveux frôlèrent son ventre, puis la langue de la fille se posa sur le bout de son gland. Tout son corps frémit de bonheur. Elle referma ses lèvres et lentement, très lentement le prit dans sa bouche. Il ferma les yeux, parcouru de frissons d’extase. Le grondement sous-marin était infiniment rassurant. Lorsque les lèvres de la fille atteignirent la racine de son sexe, il commença à sentir les mouvements de sa gorge. Les ondes de plaisir s’intensifièrent dans son corps, il se sentait en même temps bercé par les tourbillons sous-marins, il eut d’un seul coup très chaud. Elle contractait doucement les parois de sa gorge, toute son énergie afflua d’un seul coup dans son sexe. Il jouit dans un hurlement; il n’avait jamais éprouvé autant de plaisir.
Elle allongea les jambes dans l’eau. Bruno fit de même. Un pied se posa sur sa cuisse, frôla son sexe. Avec un léger clapotis, elle se détacha du bord et vint à lui. Des nuages voilaient maintenant la lune; la femme était à cinquante centimètres, mais il ne distinguait toujours pas ses traits. Un bras se plaça sous le haut de ses cuisses, l’autre enlaça ses épaules. Bruno se blottit contre elle, le visage à hauteur de sa poitrine; ses seins étaient petits et fermes. Il lâcha le bord, s’abandonnant à son étreinte. Il sentit qu’elle revenait vers le centre du bassin, puis commençait à tourner lentement sur elle-même. Les muscles de son cou se relâchèrent brusquement, sa tête devint très lourde. La rumeur aquatique, faible en surface, se transformait quelques centimètres plus bas en un puissant grondement sous-marin. Les étoiles tournaient doucement à la verticale de son visage. Il se détendit entre ses bras, son sexe dressé émergea à la surface. Elle déplaça légèrement ses mains, il sentait à peine leur caresse, il était en apesanteur totale. Les longs cheveux frôlèrent son ventre, puis la langue de la fille se posa sur le bout de son gland. Tout son corps frémit de bonheur. Elle referma ses lèvres et lentement, très lentement le prit dans sa bouche. Il ferma les yeux, parcouru de frissons d’extase. Le grondement sous-marin était infiniment rassurant. Lorsque les lèvres de la fille atteignirent la racine de son sexe, il commença à sentir les mouvements de sa gorge. Les ondes de plaisir s’intensifièrent dans son corps, il se sentait en même temps bercé par les tourbillons sous-marins, il eut d’un seul coup très chaud. Elle contractait doucement les parois de sa gorge, toute son énergie afflua d’un seul coup dans son sexe. Il jouit dans un hurlement; il n’avait jamais éprouvé autant de plaisir.
10 mai 2010
Arturo Perez-Reverte
Le peintre des batailles, roman publié en 2006, confronte l'ancien photographe de guerre Faulques à un survivant croate de la guerre en ex-Yougoslavie. Dans l'extrait suivant, Faulques se remémore une soirée du 31 décembre passée à Venise en compagnie de sa compagne Olvido, photographe elle-aussi et tuée au champ de bataille.
… quand Faulques pensait à Venise, c’étaient toujours les images de cette nuit unique qui revenaient, les lumières voilées par la brume et les flocons pâles qui tombaient sur les canaux, les langues d’eau qui léchaient les marches de pierre blanche et se répandaient doucement sur le pavé, la gondole qu’ils avaient vu passer sous le pont avec deux passagers immobiles et le gondolier qui chantait à voix basse. Et aussi les gouttes d’eau sur le visage d’Olvido, sa main gauche glissant sur la rampe de l’escalier en montant dans leur chambre, le grincement du plancher, le tapis dans lequel un de ses talons s’était pris, l’immense miroir à droite où il l’avait vue se regarder du coin de l’œil au passage, la faible lueur jaune qui entrait par la fenêtre quand, devant le grand lit, après avoir ôté leurs imperméables dans la pénombre, il lui avait relevé très lentement sa robe jusqu’aux hanches pendant qu’elle plongeait ses yeux dans les siens avec une intensité impassible, la moitié du visage très légèrement éclairée, belle comme un rêve. A ce moment, Faulques s’était réjoui de tout son cœur – une satisfaction tranquille et sauvage en même temps – de ne pas s’être fait tuer toutes les fois où cela aurait été possible ; car, sinon, il n’aurait pas été là ce soir, dénudant les hanches d’Olvido, et jamais il ne l’aurait vue reculer pour s’allonger sur la courtepointe sans cesser de le regarder à travers sa chevelure défaite et mouillée de neige fondue qui coulait sur sa figure, la robe retroussée jusqu’à la taille, ouvrant lentement les jambes avec un mélange délibéré de soumission et de défi impudique, tandis que lui, toujours impeccablement vêtu, s’agenouillait devant elle et approchait sa bouche, encore engourdie par le froid de la nuit, de la jonction obscure de ces longues cuisses parfaites au centre desquelles palpitait, chaude, très douce, délicieusement humide au contact de ses lèvres et de sa langue, la chair splendide de la femme qui l’aimait.
… quand Faulques pensait à Venise, c’étaient toujours les images de cette nuit unique qui revenaient, les lumières voilées par la brume et les flocons pâles qui tombaient sur les canaux, les langues d’eau qui léchaient les marches de pierre blanche et se répandaient doucement sur le pavé, la gondole qu’ils avaient vu passer sous le pont avec deux passagers immobiles et le gondolier qui chantait à voix basse. Et aussi les gouttes d’eau sur le visage d’Olvido, sa main gauche glissant sur la rampe de l’escalier en montant dans leur chambre, le grincement du plancher, le tapis dans lequel un de ses talons s’était pris, l’immense miroir à droite où il l’avait vue se regarder du coin de l’œil au passage, la faible lueur jaune qui entrait par la fenêtre quand, devant le grand lit, après avoir ôté leurs imperméables dans la pénombre, il lui avait relevé très lentement sa robe jusqu’aux hanches pendant qu’elle plongeait ses yeux dans les siens avec une intensité impassible, la moitié du visage très légèrement éclairée, belle comme un rêve. A ce moment, Faulques s’était réjoui de tout son cœur – une satisfaction tranquille et sauvage en même temps – de ne pas s’être fait tuer toutes les fois où cela aurait été possible ; car, sinon, il n’aurait pas été là ce soir, dénudant les hanches d’Olvido, et jamais il ne l’aurait vue reculer pour s’allonger sur la courtepointe sans cesser de le regarder à travers sa chevelure défaite et mouillée de neige fondue qui coulait sur sa figure, la robe retroussée jusqu’à la taille, ouvrant lentement les jambes avec un mélange délibéré de soumission et de défi impudique, tandis que lui, toujours impeccablement vêtu, s’agenouillait devant elle et approchait sa bouche, encore engourdie par le froid de la nuit, de la jonction obscure de ces longues cuisses parfaites au centre desquelles palpitait, chaude, très douce, délicieusement humide au contact de ses lèvres et de sa langue, la chair splendide de la femme qui l’aimait.
5 mai 2010
Andre Pieyre de Mandiargues
Ecrivain aux productions éclectiques, récompensé par le prix Goncourt en 1967, Andre Pieyre de Mandiargues publie en 1987 Tout disparaîtra, le récit de la rencontre d'un homme, Hugo, avec une comédienne, Miriam.
- Tu causes bien, pour une catin comédienne, dit Hugo. Maintenant que tu as fini, regarde le grand et beau coq, comme disent les Américains, que j’ai fait pousser pour toi comme le champignon phallus impudique qui se rencontre dans les bois, seul de son espèce dans une petite clairière, où il est comme un premier avertissement à la jeune égarée qui va être saisie par le forestier tout à l’heure, entre les grands arbres de sous lesquels on ne sort pas intacte…
- Phallus de chien, satyre puant, ce sont les autres noms de cet immondice végétal dont l’odeur est repoussante autant qu’est attirant le parfum de la Reine de la nuit. Mais il n’a aucun rapport avec ce que tu me montres, qui a de belles dimensions et un gentil aspect, dit la jeune femme.
- Agenouille-toi devant moi sur la chèvre et ouvre ton aimable bouche, dit encore Hugo. Je pourrai, par-dessus toi, surveiller le bosquet de façon à n’être pas surpris par une incursion possible de quelqu’un de ces reptiles, qui me semblent endormis ou peu curieux de nous, par bonheur.
- À tout ce qu’il vous plaira, je suis soumise, dit-elle en obéissant au commandement. Ne me détacherez-vous pas les mains?
Pour toute réponse elle reçoit une assez faible paire de gifles et sent que l’homme, qui a ouvert largement les jambes, la courbe sur lui, en la maniant et en la manipulant de toute part, en la serrant vigoureusement de ses genoux à la taille et en la faisant onduler dans cette étreinte comme une danseuse. Au-dessus de la plaisante croupe, bouclées de cuir turquoise, les mains n’ont licence de bouger que dans les limites les plus exiguës, petit bouquet dérisoire posé dans l’entre-deux des fesses, et il semblerait que la façon dont elles sont tirées en arrière fasse ressortir encore la masse et le volume de la gorge contre laquelle se frotte sans nul répit le bas-ventre de l’homme et son grand coq, que la caresse enflamme. Il est vraiment vainqueur, cette fois, et elle est bien vaincue, la splendide jeune femme qui se laisse aller à tous les mouvements qu’on lui impose sans avoir (le voudrait-elle ou non) le moindre moyen de défense, tandis qu’elle sent que très lentement l’on fait glisser son corps au long du corps du maître de manière à rapprocher ses lèvres encore closes du gland qui va les mettre à l’épreuve aussi longtemps et aussi violemment que le voudra le mâle. Le contact s’est produit, et parce qu’elle n’a pas immédiatement fait bouche bée selon l’ordre, quoique sachant qu’elle ne peut en rien s’opposer à la volonté supérieure, Hugo s’amuse à lui pincer les narines pour la forcer à ouvrir la porte buccale sous peine d’étouffer. Alors le coq s’introduit, allant jusqu’au fond de la première exploration, et elle connaît une fois de plus ce qu’elle a bien des fois subi sans trop de peine, le martèlement répété du larynx par un grand outil de chair selon l’impulsion saccadée des reins de l’envahisseur, la possession, comme par un dur démon, de la noble tête condamnée à la recevoir par son entrée principale, peu en dessous de la voûte crânienne qui abrite le cerveau, royaume de l’esprit et de l’âme. Passent de longues minutes au fil desquelles, ainsi qu’une ville capitale envahie par un envahisseur auquel elle s’habitue bientôt et finit par reconnaître des qualités, Miriam oublie l’entrave et l’humiliation, retrouve le plaisir qu’en pareille épreuve elle a connu déjà, se plaît à offrir au brutal, lors de chacun de ses passages, la caresse enveloppante d’une langue rompue à ce genre d’exercice, ressent une émotion qui ne tient pas moins à l’âme évoquée plus haut qu’au cœur dont le battement s’accélère à mesure que se ralentit le rythme des intrusions. Sentant un renouveau de tendresse chez le vainqueur, la vaincue se fait tendre plus que lui, et si quelques larmes lui reviennent aux yeux, ce n’est pas la douleur, assurément, qui en est la source.
- Mesquine, lui dit Hugo, qui avait à son poignet gardé sa montre, cela fait plus d’un quart d’heure que dure notre contredanse et, si maître de mon jeu que je sois, je sens monter une lave que je ne pourrai contrôler. Tu avaleras cela jusqu’à la dernière goutte, comme le veut ton rôle, ou ton double métier, auquel j’ajouterai celui de grande prêtresse de Cérès si tu as conscience de célébrer avec un auxiliaire qui est moi-même un rite destiné à faire revenir la pluie après une longue sécheresse.
Entendu, mais il faut veiller au bon accomplissement du rite et Miriam ne peut le remercier autrement qu’en ouvrant et en fermant les yeux à maintes reprises, ce qu’elle fait en souhaitant être vue de lui. Quelques minutes passent encore. Les deux mains de Hugo posent sur ses oreilles et guident les mouvements de sa tête avec une paternelle autorité qu’il est d’autant plus doux de subir qu’il serait impossible de s’y dérober. Si le bélier était plus long, songe-t-elle, elle serait capable, ouverte comme elle est dans l’actualité, de le laisser s’enfoncer jusqu’à l’estomac. Mais dans les derniers coups elle a senti frémir le coq d’une façon qu’elle connaît bien et qui de peu prélude au spasme, alors elle voudrait que le puissant organe pût connaître la tendresse avec laquelle elle le reçoit, tendresse en vérité filiale qui répond au déjà reconnu paternalisme de l’autorité, et elle dépêche sa langue pour qu’il soit bien ressenti que dans le jeu elle est complice autant que partenaire ou esclave. Puis l’éruption vient, dont elle recueille six fois les émissions de lave masculine, que six fois elle avale, docile enfant qu’elle se sent, en pensant aux six sommets de l’étoile hexagonale et mosaïque, pensée qui lui vient cette fois pour la première fois de sa carrière d’aventurière et de catin où pourtant l’irrumation est coutumière pratique. Inexplicable secret que la vaincue gardera pour elle et dont elle sent, confusément certes, qu’il vaut mieux ne pas dire un mot au vainqueur. «L’amour charnel est tissu de secrets», lui avait dit (mais qui et quand?) quelqu’un de très sage, qui avait ajouté: «Une seule maille révélée, tout se déchire.»
Le rite a été bien accompli, pense-t-elle. La pluie viendra-t-elle sur la contrée désertique? En attendant, elle aspire tout ce qui se peut tirer encore du grand coq qui s’amollit et qui se rétrécit progressivement, mais qu’elle gardera, chienne fidèle, dans sa bouche aussi longtemps que son maître ne l’en aura pas volontairement retiré, et sa langue s’affaire à le nettoyer, et elle continue à avaler une salive que rend précieuse un peu de lave blanche.
- Allons, dit-il, tu es décidément une pute bien dressée, tu vas me rendre mon outil propre comme un sou neuf…
Et il le lui retire des lèvres qu’elle tient serrées pour retenir les dernières impuretés avalées comme les premières,
…
- Tu causes bien, pour une catin comédienne, dit Hugo. Maintenant que tu as fini, regarde le grand et beau coq, comme disent les Américains, que j’ai fait pousser pour toi comme le champignon phallus impudique qui se rencontre dans les bois, seul de son espèce dans une petite clairière, où il est comme un premier avertissement à la jeune égarée qui va être saisie par le forestier tout à l’heure, entre les grands arbres de sous lesquels on ne sort pas intacte…
- Phallus de chien, satyre puant, ce sont les autres noms de cet immondice végétal dont l’odeur est repoussante autant qu’est attirant le parfum de la Reine de la nuit. Mais il n’a aucun rapport avec ce que tu me montres, qui a de belles dimensions et un gentil aspect, dit la jeune femme.
- Agenouille-toi devant moi sur la chèvre et ouvre ton aimable bouche, dit encore Hugo. Je pourrai, par-dessus toi, surveiller le bosquet de façon à n’être pas surpris par une incursion possible de quelqu’un de ces reptiles, qui me semblent endormis ou peu curieux de nous, par bonheur.
- À tout ce qu’il vous plaira, je suis soumise, dit-elle en obéissant au commandement. Ne me détacherez-vous pas les mains?
Pour toute réponse elle reçoit une assez faible paire de gifles et sent que l’homme, qui a ouvert largement les jambes, la courbe sur lui, en la maniant et en la manipulant de toute part, en la serrant vigoureusement de ses genoux à la taille et en la faisant onduler dans cette étreinte comme une danseuse. Au-dessus de la plaisante croupe, bouclées de cuir turquoise, les mains n’ont licence de bouger que dans les limites les plus exiguës, petit bouquet dérisoire posé dans l’entre-deux des fesses, et il semblerait que la façon dont elles sont tirées en arrière fasse ressortir encore la masse et le volume de la gorge contre laquelle se frotte sans nul répit le bas-ventre de l’homme et son grand coq, que la caresse enflamme. Il est vraiment vainqueur, cette fois, et elle est bien vaincue, la splendide jeune femme qui se laisse aller à tous les mouvements qu’on lui impose sans avoir (le voudrait-elle ou non) le moindre moyen de défense, tandis qu’elle sent que très lentement l’on fait glisser son corps au long du corps du maître de manière à rapprocher ses lèvres encore closes du gland qui va les mettre à l’épreuve aussi longtemps et aussi violemment que le voudra le mâle. Le contact s’est produit, et parce qu’elle n’a pas immédiatement fait bouche bée selon l’ordre, quoique sachant qu’elle ne peut en rien s’opposer à la volonté supérieure, Hugo s’amuse à lui pincer les narines pour la forcer à ouvrir la porte buccale sous peine d’étouffer. Alors le coq s’introduit, allant jusqu’au fond de la première exploration, et elle connaît une fois de plus ce qu’elle a bien des fois subi sans trop de peine, le martèlement répété du larynx par un grand outil de chair selon l’impulsion saccadée des reins de l’envahisseur, la possession, comme par un dur démon, de la noble tête condamnée à la recevoir par son entrée principale, peu en dessous de la voûte crânienne qui abrite le cerveau, royaume de l’esprit et de l’âme. Passent de longues minutes au fil desquelles, ainsi qu’une ville capitale envahie par un envahisseur auquel elle s’habitue bientôt et finit par reconnaître des qualités, Miriam oublie l’entrave et l’humiliation, retrouve le plaisir qu’en pareille épreuve elle a connu déjà, se plaît à offrir au brutal, lors de chacun de ses passages, la caresse enveloppante d’une langue rompue à ce genre d’exercice, ressent une émotion qui ne tient pas moins à l’âme évoquée plus haut qu’au cœur dont le battement s’accélère à mesure que se ralentit le rythme des intrusions. Sentant un renouveau de tendresse chez le vainqueur, la vaincue se fait tendre plus que lui, et si quelques larmes lui reviennent aux yeux, ce n’est pas la douleur, assurément, qui en est la source.
- Mesquine, lui dit Hugo, qui avait à son poignet gardé sa montre, cela fait plus d’un quart d’heure que dure notre contredanse et, si maître de mon jeu que je sois, je sens monter une lave que je ne pourrai contrôler. Tu avaleras cela jusqu’à la dernière goutte, comme le veut ton rôle, ou ton double métier, auquel j’ajouterai celui de grande prêtresse de Cérès si tu as conscience de célébrer avec un auxiliaire qui est moi-même un rite destiné à faire revenir la pluie après une longue sécheresse.
Entendu, mais il faut veiller au bon accomplissement du rite et Miriam ne peut le remercier autrement qu’en ouvrant et en fermant les yeux à maintes reprises, ce qu’elle fait en souhaitant être vue de lui. Quelques minutes passent encore. Les deux mains de Hugo posent sur ses oreilles et guident les mouvements de sa tête avec une paternelle autorité qu’il est d’autant plus doux de subir qu’il serait impossible de s’y dérober. Si le bélier était plus long, songe-t-elle, elle serait capable, ouverte comme elle est dans l’actualité, de le laisser s’enfoncer jusqu’à l’estomac. Mais dans les derniers coups elle a senti frémir le coq d’une façon qu’elle connaît bien et qui de peu prélude au spasme, alors elle voudrait que le puissant organe pût connaître la tendresse avec laquelle elle le reçoit, tendresse en vérité filiale qui répond au déjà reconnu paternalisme de l’autorité, et elle dépêche sa langue pour qu’il soit bien ressenti que dans le jeu elle est complice autant que partenaire ou esclave. Puis l’éruption vient, dont elle recueille six fois les émissions de lave masculine, que six fois elle avale, docile enfant qu’elle se sent, en pensant aux six sommets de l’étoile hexagonale et mosaïque, pensée qui lui vient cette fois pour la première fois de sa carrière d’aventurière et de catin où pourtant l’irrumation est coutumière pratique. Inexplicable secret que la vaincue gardera pour elle et dont elle sent, confusément certes, qu’il vaut mieux ne pas dire un mot au vainqueur. «L’amour charnel est tissu de secrets», lui avait dit (mais qui et quand?) quelqu’un de très sage, qui avait ajouté: «Une seule maille révélée, tout se déchire.»
Le rite a été bien accompli, pense-t-elle. La pluie viendra-t-elle sur la contrée désertique? En attendant, elle aspire tout ce qui se peut tirer encore du grand coq qui s’amollit et qui se rétrécit progressivement, mais qu’elle gardera, chienne fidèle, dans sa bouche aussi longtemps que son maître ne l’en aura pas volontairement retiré, et sa langue s’affaire à le nettoyer, et elle continue à avaler une salive que rend précieuse un peu de lave blanche.
- Allons, dit-il, tu es décidément une pute bien dressée, tu vas me rendre mon outil propre comme un sou neuf…
Et il le lui retire des lèvres qu’elle tient serrées pour retenir les dernières impuretés avalées comme les premières,
…
29 avr. 2010
Niccolo Ammaniti
Lauréat du prix Strega en 2007, Niccolo Ammaniti publie en 1999 Et je t'emmène, histoire du musicien Graziano qui s'éprend d'Erika dont l'amour pour lui n'est pas aussi fort qu'espéré.
A la fin du concert, après la énième reprise de Samba pa ti, après le énième baiser à l’Allemande cramée par le soleil, Graziano salue Pablo et fonce aux chiottes soulager sa vessie et se recharger avec une bonne ligne de bolivienne.
Au moment où il en sort, une grosse brune bronzée genre pain brûlé, avec pas mal d’heures de vol mais deux nichons comme des montgolfières, entre dans les toilettes.
«C’est chez les hommes ici…» lui fait remarquer Graziano, en indiquant la porte.
La femme l’arrête d’une main. «Je voudrais te faire une pipe, ça te dérange pas?»
Depuis que le monde est monde, une pipe ne se refuse jamais.
«Entre, je t’en prie, lui dit Graziano en indiquant les toilettes.
- Attends, d’abord je veux te montrer un truc, dit la brune. Regarde là-bas, au centre de la salle. Tu vois le mec à la chemise hawaïenne ? C’est mon mari. On vient de Milan…»
Le mari est un type fluet et gominé, en train de se goinfrer de moules au poivre.
«Salue-le.»
Graziano fait un signe de la main. Le type soulève sa flûte de champagne puis applaudit.
«Il t’estime vraiment beaucoup. Il dit que tu joues comme un dieu. Que tu as le don.»
La femme le pousse dans le cabinet. Boucle la porte. S’assied sur la cuvette. Déboutonne son jean et dit: «Mais maintenant, on va le faire cocu.»
Graziano s’appuie au mur, ferme les yeux.
Et le temps s’évanouit.
Telle était la vie de Graziano Biglia à cette époque.
A la fin du concert, après la énième reprise de Samba pa ti, après le énième baiser à l’Allemande cramée par le soleil, Graziano salue Pablo et fonce aux chiottes soulager sa vessie et se recharger avec une bonne ligne de bolivienne.
Au moment où il en sort, une grosse brune bronzée genre pain brûlé, avec pas mal d’heures de vol mais deux nichons comme des montgolfières, entre dans les toilettes.
«C’est chez les hommes ici…» lui fait remarquer Graziano, en indiquant la porte.
La femme l’arrête d’une main. «Je voudrais te faire une pipe, ça te dérange pas?»
Depuis que le monde est monde, une pipe ne se refuse jamais.
«Entre, je t’en prie, lui dit Graziano en indiquant les toilettes.
- Attends, d’abord je veux te montrer un truc, dit la brune. Regarde là-bas, au centre de la salle. Tu vois le mec à la chemise hawaïenne ? C’est mon mari. On vient de Milan…»
Le mari est un type fluet et gominé, en train de se goinfrer de moules au poivre.
«Salue-le.»
Graziano fait un signe de la main. Le type soulève sa flûte de champagne puis applaudit.
«Il t’estime vraiment beaucoup. Il dit que tu joues comme un dieu. Que tu as le don.»
La femme le pousse dans le cabinet. Boucle la porte. S’assied sur la cuvette. Déboutonne son jean et dit: «Mais maintenant, on va le faire cocu.»
Graziano s’appuie au mur, ferme les yeux.
Et le temps s’évanouit.
Telle était la vie de Graziano Biglia à cette époque.
25 avr. 2010
François Bégaudeau
Créateur polymorphe, François Bégaudeau a publié en 2009 vers la douceur , un roman qui nous raconte dans le désordre des tentatives d'histoires d'amour.
…elle a allumé une cigarette avec un briquet Star Wars en disant que
- je suis restée huit ans sans baiser, 96-2004. 96 c’est quand mon mari m’a plaquée, 2004 c’est le mariage de ma nièce, il y avait un type qui me faisait de la braguette sur un slow, il sentait le cognac mais plutôt beau, je me suis dit allez hop on y retourne.
Le serveur a déposé deux assiettes copieuses sur la nappe en papier. Elle a commencé à sectionner la viande brune.
- En deux ans, je me suis tapé, quoi, six mecs, peut-être sept. C’est pas mal quand même pour une vieille. Le problème c’est qu’il faut faire la maman la confidente la maîtresse la fellation et tout.
- Tout!
- Y’a pas marqué couteau suisse, là.
D’un index elle s’est barré le front. Elle ne croyait plus en l’amour. Pas pour elle du moins. Trop dur.
…elle a allumé une cigarette avec un briquet Star Wars en disant que
- je suis restée huit ans sans baiser, 96-2004. 96 c’est quand mon mari m’a plaquée, 2004 c’est le mariage de ma nièce, il y avait un type qui me faisait de la braguette sur un slow, il sentait le cognac mais plutôt beau, je me suis dit allez hop on y retourne.
Le serveur a déposé deux assiettes copieuses sur la nappe en papier. Elle a commencé à sectionner la viande brune.
- En deux ans, je me suis tapé, quoi, six mecs, peut-être sept. C’est pas mal quand même pour une vieille. Le problème c’est qu’il faut faire la maman la confidente la maîtresse la fellation et tout.
- Tout!
- Y’a pas marqué couteau suisse, là.
D’un index elle s’est barré le front. Elle ne croyait plus en l’amour. Pas pour elle du moins. Trop dur.
19 avr. 2010
Roberto Bolaño
Appels téléphoniques est un recueil de 14 nouvelles écrit par Roberto Bolaño et publié en 1997. Voici un extrait tiré de la nouvelle Joanna Silvestri. Une femme agonisante, ancienne actrice porno, se souvient se son amour pour Jack , acteur lui aussi et malade du Sida.
En France, la plupart de ses oeuvres ont été publiées après sa mort en 2003.
Un jour à midi, Jack a fait son apparition sur les lieux du tournage. J’étais à quatre pattes et je suçais Bull Edwards, pendant que Shane Bogart me sodomisait. Au début je ne me suis pas rendu compte que Jack se trouvait sur le plateau, j’étais concentrée sur ce que je faisais, ce n’est pas facile de gémir avec une queue de vingt centimètres qui entre et qui sort de votre bouche, des filles très photogéniques deviennent hideuses à faire peur dès qu’elles se mettent à sucer une queue, elles sont affreuses, peut-être trop appliquées, moi j’aime que mon visage soit beau à voir. Bon, j’étais concentrée sur le travail et de plus, à cause de ma position, je ne pouvais pas voir ce qui se passait autour, alors que Bull et Shane, qui étaient à genoux mais le buste relevé, eux se sont aperçus que Jack venait d’entrer et les verges ont presque instantanément durci, et pas seulement Bull et Shane, mais le réalisateur, Randy Cash et Danny Lo Bello et sa femme, et Robbie et Ronnie, et les électriciens et tout le monde, je crois, sauf le cameraman, qui s’appelait Jacinto Ventura et qui était un type très drôle et très professionnel, et qui de plus ne pouvait littéralement pas quitter des yeux la scène qu’il était en train de filmer, tous, ai-je dit, réagirent d’une manière ou d’une autre à la présence inespérée de Jack et il s’est fait alors un silence sur le plateau, non pas un silence lourd, non pas un silence annonciateur de mauvaises nouvelles, mais un silence lumineux, oui, je peux l’appeler comme ça, un silence d’eau tombant au ralenti, et j’ai senti ce silence et j’ai pensé que ce devait être parce que je me sentais bien, parce que c’étaient de beaux jours en Californie, mais j’en senti aussi quelque chose de plus, quelque chose d’indéchiffrable qui s’approchait précédé par les coups rythmique des hanches de Shane sur mes fesses, par les doux chocs de Bull sur mes lèvres, et j’ai su alors qu’il arrivait quelque chose sur le plateau, mais je n’ai pas levé les yeux, et j’ai su aussi qu’il arrivait quelque chose qui m’incluait et ne touchait que moi, comme si la réalité s’était fêlée, une fêlure qui la parcourait d’une extrémité à l’autre, semblable à la cicatrice que laissent certaines opérations, qui va du cou jusqu’à l’aine, une cicatrice boursouflée, rugueuse, dure, mais j’ai tenu bon et j’ai continué ma scène jusqu’au moment où Shane a retiré sa verge de mon cul et a déchargé sur mes fesses et où Bull peu après l’a suivi et a éjaculé sur mon visage.
En France, la plupart de ses oeuvres ont été publiées après sa mort en 2003.
Un jour à midi, Jack a fait son apparition sur les lieux du tournage. J’étais à quatre pattes et je suçais Bull Edwards, pendant que Shane Bogart me sodomisait. Au début je ne me suis pas rendu compte que Jack se trouvait sur le plateau, j’étais concentrée sur ce que je faisais, ce n’est pas facile de gémir avec une queue de vingt centimètres qui entre et qui sort de votre bouche, des filles très photogéniques deviennent hideuses à faire peur dès qu’elles se mettent à sucer une queue, elles sont affreuses, peut-être trop appliquées, moi j’aime que mon visage soit beau à voir. Bon, j’étais concentrée sur le travail et de plus, à cause de ma position, je ne pouvais pas voir ce qui se passait autour, alors que Bull et Shane, qui étaient à genoux mais le buste relevé, eux se sont aperçus que Jack venait d’entrer et les verges ont presque instantanément durci, et pas seulement Bull et Shane, mais le réalisateur, Randy Cash et Danny Lo Bello et sa femme, et Robbie et Ronnie, et les électriciens et tout le monde, je crois, sauf le cameraman, qui s’appelait Jacinto Ventura et qui était un type très drôle et très professionnel, et qui de plus ne pouvait littéralement pas quitter des yeux la scène qu’il était en train de filmer, tous, ai-je dit, réagirent d’une manière ou d’une autre à la présence inespérée de Jack et il s’est fait alors un silence sur le plateau, non pas un silence lourd, non pas un silence annonciateur de mauvaises nouvelles, mais un silence lumineux, oui, je peux l’appeler comme ça, un silence d’eau tombant au ralenti, et j’ai senti ce silence et j’ai pensé que ce devait être parce que je me sentais bien, parce que c’étaient de beaux jours en Californie, mais j’en senti aussi quelque chose de plus, quelque chose d’indéchiffrable qui s’approchait précédé par les coups rythmique des hanches de Shane sur mes fesses, par les doux chocs de Bull sur mes lèvres, et j’ai su alors qu’il arrivait quelque chose sur le plateau, mais je n’ai pas levé les yeux, et j’ai su aussi qu’il arrivait quelque chose qui m’incluait et ne touchait que moi, comme si la réalité s’était fêlée, une fêlure qui la parcourait d’une extrémité à l’autre, semblable à la cicatrice que laissent certaines opérations, qui va du cou jusqu’à l’aine, une cicatrice boursouflée, rugueuse, dure, mais j’ai tenu bon et j’ai continué ma scène jusqu’au moment où Shane a retiré sa verge de mon cul et a déchargé sur mes fesses et où Bull peu après l’a suivi et a éjaculé sur mon visage.
14 avr. 2010
Chuck Pahlaniuk
Dans Choke, roman publié en 2001, Chuck Pahlaniuk raconte l'histoire de Victor Mancini obsédé sexuel et perturbé par une enfance chaotique auprès d'une mère psychotique. Pour guérir de son addiction, Victor se lance dans une thérapie de groupe dont l'extrait suivant nous présente quelques membres.
Dans les années cinquante, un fabricant d’aspirateurs de premier plan a essayé d’améliorer un peu son modèle. En lui adjoignant une hélice rotative, une lame affilée comme un rasoir et montée à quelques centimètres de l’embouchure du tuyau de l’appareil. Le flux d’air aspiré faisait tournoyer l’hélice, et la lame déchiquetait en miettes moutons, bouts de ficelle, ou poils de chat ou de chien susceptibles de boucher le conduit.
En tout cas, c’était ça, l’intention première.
Ce qui est arrivé, c’est que, parmi tous les mecs qui sont ici, ce soir, il y en a plein qui se sont précipités aux urgences de l’hôpital, la queue tailladée en morceaux.
En tout cas, c’est ça, le mythe.
Cette vieille légende urbaine à propos de la fête surprise pour la belle ménagère, avec tous ses amis et sa famille, cachés dans une pièce, qui, lorsqu’ils ont jailli de là en hurlant «Joyeux Anniversaire», ont trouvé la jolie jeune dame étendue sur le canapé en train de se faire lécher l’entrejambe couvert de beurre de cacahuète par le chien de la maison.
Eh bien, cette jeune femme, elle existe.
La femme de légende qui taille des pipes au volant, sauf que le mec perd le contrôle du véhicule et freine de manière si brutale que la femme lui sectionne la moitié de la queue, eh bien, oui, ces deux-là, je les connais.
Ces hommes et ces femmes, ils sont tous ici.
Dans les années cinquante, un fabricant d’aspirateurs de premier plan a essayé d’améliorer un peu son modèle. En lui adjoignant une hélice rotative, une lame affilée comme un rasoir et montée à quelques centimètres de l’embouchure du tuyau de l’appareil. Le flux d’air aspiré faisait tournoyer l’hélice, et la lame déchiquetait en miettes moutons, bouts de ficelle, ou poils de chat ou de chien susceptibles de boucher le conduit.
En tout cas, c’était ça, l’intention première.
Ce qui est arrivé, c’est que, parmi tous les mecs qui sont ici, ce soir, il y en a plein qui se sont précipités aux urgences de l’hôpital, la queue tailladée en morceaux.
En tout cas, c’est ça, le mythe.
Cette vieille légende urbaine à propos de la fête surprise pour la belle ménagère, avec tous ses amis et sa famille, cachés dans une pièce, qui, lorsqu’ils ont jailli de là en hurlant «Joyeux Anniversaire», ont trouvé la jolie jeune dame étendue sur le canapé en train de se faire lécher l’entrejambe couvert de beurre de cacahuète par le chien de la maison.
Eh bien, cette jeune femme, elle existe.
La femme de légende qui taille des pipes au volant, sauf que le mec perd le contrôle du véhicule et freine de manière si brutale que la femme lui sectionne la moitié de la queue, eh bien, oui, ces deux-là, je les connais.
Ces hommes et ces femmes, ils sont tous ici.
9 avr. 2010
Patrick Grainville
Dix ans après avoir obtenu le prix Goncourt, Patrick Grainville publie en 1986 Le paradis des orages, un roman plein de frénésie érotique, le récit des relations amoureuses vécues par un professeur de lycée. Le voici en compagnie d'une jeune fille qui s'est jurée de rester vierge.
Je frôlerai mais laisserai le portail intact. Elle me le fait jurer une nouvelle fois. Puis par un renversement auquel je m’attendais un peu, sa reconnaissance la conduit à esquisser une promesse lointaine. Peut-être qu’un jour elle surmontera l’obstacle, peut-être qu’elle acceptera graduellement ce qu’elle refuse aujourd’hui. Elle sait que qu’avec le temps et la confiance elle pourrait évoluer. Rassurée elle m’étreint avec des assauts de fougue qui ne comportent pas que de la tendresse. Car elle m’offre ses seins, fourre ses jambes entre mes cuisses, ouvre toute grande sa bouche. Je bande excessivement contre son ventre. Je lui pelote les fesses à les faire éclater. Je remonte dans le lit et présente le membre devant sa bouche. Elle n’hésite pas et le baise. Je constate qu’en dehors du tabou de l’hymen les autres interdits sont d’une résistance nulle. Mais je connais ces paradoxes du bien et du mal. Totalement confortée sur l’essentiel, elle abandonne le reste avec facilité. Je lui apprends à sucer. Mon gland s’enfonce dans l’urne de ses lèvres lourdes et mauves. Bouche sombre dont le dedans très rose se retrousse sur le frein de la verge. Visiblement ce pompier l’étonne et l’amuse. Elle se prête à toutes les facéties.
Je frôlerai mais laisserai le portail intact. Elle me le fait jurer une nouvelle fois. Puis par un renversement auquel je m’attendais un peu, sa reconnaissance la conduit à esquisser une promesse lointaine. Peut-être qu’un jour elle surmontera l’obstacle, peut-être qu’elle acceptera graduellement ce qu’elle refuse aujourd’hui. Elle sait que qu’avec le temps et la confiance elle pourrait évoluer. Rassurée elle m’étreint avec des assauts de fougue qui ne comportent pas que de la tendresse. Car elle m’offre ses seins, fourre ses jambes entre mes cuisses, ouvre toute grande sa bouche. Je bande excessivement contre son ventre. Je lui pelote les fesses à les faire éclater. Je remonte dans le lit et présente le membre devant sa bouche. Elle n’hésite pas et le baise. Je constate qu’en dehors du tabou de l’hymen les autres interdits sont d’une résistance nulle. Mais je connais ces paradoxes du bien et du mal. Totalement confortée sur l’essentiel, elle abandonne le reste avec facilité. Je lui apprends à sucer. Mon gland s’enfonce dans l’urne de ses lèvres lourdes et mauves. Bouche sombre dont le dedans très rose se retrousse sur le frein de la verge. Visiblement ce pompier l’étonne et l’amuse. Elle se prête à toutes les facéties.
5 avr. 2010
Ryu Murakami
Le premier roman de Ryu Murakami, Bleu presque transparent, est publié en 1976 et connaît un large succès au Japon, couronné par le prestigieux prix Akutagawa.Ces chroniques de la vie d'un groupe d'adolescents oscillent entre sexe, violence et drogue.
Voici une scène où ces jeunes Japonais se retrouvent en compagnie de soldats noirs américains. Imaginez les dans une pièce à l'atmosphère saturée en vapeurs de haschich.
Pendant que nous mangeons les fruits empilés sur une assiette et que nous buvons du vin, la pièce entière succombe sous le viol de la chaleur. Je voudrais qu’on m’ôte la peau, comme on pèle un fruit. Je voudrais m’imbiber de la chair huileuse et luisante des Noirs, les avaler crus et les bercer au fond de moi.
Tartelette aux cerises.
Grappe de raisin sur fond rose de paumes noires.
Pattes de crabe à la nage encore fumantes, brisées net avec un bruit de bois sec.
Vin d’Amérique violet pâle, lumineux et sucré.
Cornichons pareils à des doigts de cadavre couverts de verrues.
Sandwiches au bacon faisant penser à des lèvres autour d’une langue de femme.
Salade dégoulinante de mayonnaise rose.
Dans la bouche de Kei, jusqu’à la glotte, l’énorme pine de Bob.
- Je veux voir qui c’est qu’a la plus grosse…
Elle avance à quatre pattes sur le tapis, comme une chienne, ouvrant la bouche et la refermant sur chaque membre tour à tour.
Ayant décidé que la palme revient à Saburô, un métis d’Indien et de Japonaise, elle saisit un dahlia, un cosmos, qui décorait une bouteille de Vermouth vide, et lui pique dans le méat en guise de prix.
Voici une scène où ces jeunes Japonais se retrouvent en compagnie de soldats noirs américains. Imaginez les dans une pièce à l'atmosphère saturée en vapeurs de haschich.
Pendant que nous mangeons les fruits empilés sur une assiette et que nous buvons du vin, la pièce entière succombe sous le viol de la chaleur. Je voudrais qu’on m’ôte la peau, comme on pèle un fruit. Je voudrais m’imbiber de la chair huileuse et luisante des Noirs, les avaler crus et les bercer au fond de moi.
Tartelette aux cerises.
Grappe de raisin sur fond rose de paumes noires.
Pattes de crabe à la nage encore fumantes, brisées net avec un bruit de bois sec.
Vin d’Amérique violet pâle, lumineux et sucré.
Cornichons pareils à des doigts de cadavre couverts de verrues.
Sandwiches au bacon faisant penser à des lèvres autour d’une langue de femme.
Salade dégoulinante de mayonnaise rose.
Dans la bouche de Kei, jusqu’à la glotte, l’énorme pine de Bob.
- Je veux voir qui c’est qu’a la plus grosse…
Elle avance à quatre pattes sur le tapis, comme une chienne, ouvrant la bouche et la refermant sur chaque membre tour à tour.
Ayant décidé que la palme revient à Saburô, un métis d’Indien et de Japonaise, elle saisit un dahlia, un cosmos, qui décorait une bouteille de Vermouth vide, et lui pique dans le méat en guise de prix.
2 avr. 2010
Annie Ernaux
Se perdre, publié en 2001, est le récit par Annie Ernaux de sa liaison avec un diplomate russe.
15h30. Il est arrivé quand je finissais d’écrire «cependant». Est-ce le beau temps? Une belle rencontre. Il apporte des cadeaux, il me promet une photo. Et je pense qu’il m’aime un peu, à sa façon, dans une case extraconjugale, «classée», mais peut-être pas autant que je le crois. Attachement sensuel aussi, un peu fou. Cette impossibilité de savoir ce que je suis pour lui, bien plus grande que pour P., si excitante en même temps. Il avait sa «belle voiture», quelque chose de commun, oui, avec mon ex-mari, socialement. Comme je suis fatiguée. Comme je suis heureuse de le faire jouir, de le rendre heureux. «Qu’est-ce que tu fais?» dit-il, avec son accent russe, quand il éprouve du plaisir sous ma bouche. Inoubliable. Mais en d’autres termes, je suis mal barrée, c’est la perdition, la dépense sans compter de mon énergie, de ma vie.
15h30. Il est arrivé quand je finissais d’écrire «cependant». Est-ce le beau temps? Une belle rencontre. Il apporte des cadeaux, il me promet une photo. Et je pense qu’il m’aime un peu, à sa façon, dans une case extraconjugale, «classée», mais peut-être pas autant que je le crois. Attachement sensuel aussi, un peu fou. Cette impossibilité de savoir ce que je suis pour lui, bien plus grande que pour P., si excitante en même temps. Il avait sa «belle voiture», quelque chose de commun, oui, avec mon ex-mari, socialement. Comme je suis fatiguée. Comme je suis heureuse de le faire jouir, de le rendre heureux. «Qu’est-ce que tu fais?» dit-il, avec son accent russe, quand il éprouve du plaisir sous ma bouche. Inoubliable. Mais en d’autres termes, je suis mal barrée, c’est la perdition, la dépense sans compter de mon énergie, de ma vie.
29 mars 2010
Nikolaj Frobenius
Nikolaj Frobenius, écrivain et scénariste norvégien, a publié en 1999 le roman Le pornographe timide.
Simon, un jeune garçon, embarque clandestinement sur un cargo et s'y cache jusqu'à être découvert par l'équipage qui se charge de son initiation au monde particulier des adultes à l'aide d'une production cinématographique à caractère pornographique.
Les deux gardes m’ont emmené dans une pièce avec une grande télé. Ils se disputaient la télécommande et tiraient tous les deux dessus jusqu’à ce que le plus fort gagne. Il caressait et tapotait ensuite la télécommande tandis que le plus faible le regardait d’un air mauvais. Ils me souriaient, le visage content. Sur un énorme écran, j’ai vu une femme nue qui enduisait d’huile une autre femme nue, et après, elles se léchaient entre les jambes jusqu’à ce que leurs visages deviennent tout bizarres. Ça me donnait des nausées de regarder ça. Les deux gardes échangeaient des drôles de regard et puis ils ont ri fort et ils m’ont attrapé par le cou pour me forcer à regarder les femmes qui jouaient avec un petit bâton et qui gémissaient et qui avaient des visages de plus en plus bizarres. Quand les femmes ont eu fini, elles sont restées allongées côte à côte et elles se caressaient sans se presser, et leurs visages sont redevenus normaux. Le garde le plus costaud s’est approché de la table, il a ramassé la télécommande et en souriant il a arrêté la télé. L’autre me souriait aussi bien en face, et j’ai vu qu’il avait un peu de salive au coin de la bouche.
Simon, un jeune garçon, embarque clandestinement sur un cargo et s'y cache jusqu'à être découvert par l'équipage qui se charge de son initiation au monde particulier des adultes à l'aide d'une production cinématographique à caractère pornographique.
Les deux gardes m’ont emmené dans une pièce avec une grande télé. Ils se disputaient la télécommande et tiraient tous les deux dessus jusqu’à ce que le plus fort gagne. Il caressait et tapotait ensuite la télécommande tandis que le plus faible le regardait d’un air mauvais. Ils me souriaient, le visage content. Sur un énorme écran, j’ai vu une femme nue qui enduisait d’huile une autre femme nue, et après, elles se léchaient entre les jambes jusqu’à ce que leurs visages deviennent tout bizarres. Ça me donnait des nausées de regarder ça. Les deux gardes échangeaient des drôles de regard et puis ils ont ri fort et ils m’ont attrapé par le cou pour me forcer à regarder les femmes qui jouaient avec un petit bâton et qui gémissaient et qui avaient des visages de plus en plus bizarres. Quand les femmes ont eu fini, elles sont restées allongées côte à côte et elles se caressaient sans se presser, et leurs visages sont redevenus normaux. Le garde le plus costaud s’est approché de la table, il a ramassé la télécommande et en souriant il a arrêté la télé. L’autre me souriait aussi bien en face, et j’ai vu qu’il avait un peu de salive au coin de la bouche.
25 mars 2010
Charles Bukowski
Women, publié en 1978, est le récit des aventures galantes de l'écrivain Hank Chinaski, double plus ou moins fantasmé de Charles Bukowski. Le défilé de ces nombreuses conquêtes débute par la rencontre avec Lydia, racontée dans l'extrait ci-dessous.
…un après-midi, je suis passé chez Lydia. Nous étions sur son lit en train de nous embrasser. Lydia s’est reculée.
- Tu ne connais rien aux femmes, n’est-ce pas?
- Quesse tu veux dire?
- C’que j’veux dire, c’est qu’en lisant tes poèmes et tes nouvelles, j’vois bien que tu connais tout simplement rien aux femmes.
- Apprends-moi des choses.
- Eh bien, tu vois, pour qu’un homme m’intéresse, faut qu’il me bouffe la chatte. Tu as déjà bouffé de la chatte?
- Non
- T’as plus de cinquante ans et tu n’as jamais bouffé de la chatte?
- Non
- C’est trop tard.
- Pourquoi?
- Ce n’est pas à vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces.
- Mais si, on peut.
- Non, c’est trop tard pour toi.
- J’ai toujours été un peu lent à démarrer.
Lydia s’est levée pour aller dans l’autre pièce. Elle est revenue avec un crayon et une feuille de papier.
- Bon, écoute, je vais te montrer quelque chose. – Elle se mit à dessiner sur le papier. – Regarde, ça c’est un con, et là se trouve quelque chose que tu ne connais probablement pas – le bouton. C’est le point le plus sensible. Le clitoris se cache, tu vois, il sort de temps en temps, il est rose et TRÈS sensible. Certaines fois, il ne veut pas se montrer, il faut que tu le cherches, suffit de le TOUCHER du bout de la langue…
- O.K., dis-je, j’ai pigé.
- J’crois pas que tu puisses le faire. J’t’ai dit, ce n’est pas à vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces.
- Déshabillons-nous et allongeons-nous.
On s’est déshabillés et allongés. J’ai commencé à embrasser Lydia. Puis je suis descendu de ses lèvres à son cou, de son cou à ses seins. Ensuite, je suis arrivé au nombril. Et encore un peu plus bas.
- J’parie que tu y arriveras pas, dit-elle. Le sang et le pipi sortent par là, rappelle-toi, le sang et le pipi…
Je suis arrivé en bas et me suis mis à lécher. Son dessin était tout à fait fidèle à la réalité. Chaque chose se trouvait à la place qu’elle avait dit. J’ai entendu sa respiration s’accélérer, puis des gémissements. Ça m’a excité. J’ai eu une érection. Son bouton est sorti, mais il n’était pas exactement rose, il était rose-pourpre. J’ai titillé le clitoris. Le miel s’est mis à couler et à humecter les poils du con. Lydia gémissait de plus en plus fort. Tout à coup, j’ai entendu la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer. J’ai entendu des pas. Levé les yeux. Un petit garçon noir d’environ cinq ans était debout à côté du lit.
- Merde alors, quesse tu veux? je lui ai demandé.
- Vous avez des bouteilles vides? il m’a demandé.
- Non, je n’ai pas de bouteilles vides, j’ai fait.
Il est sorti de la chambre à coucher, a traversé la pièce de devant, a franchi la porte et est parti.
- Seigneur, dit Lydia, j’croyais que la porte d’entrée était fermée à clef. C’était le petit garçon de Bonnie.
Lydia s’est levée pour fermer à clef la porte d’entrée. Elle est revenue et s’est allongée. Il était environ quatre heures de l’après-midi, un samedi.
J’ai replongé dans sa chatte.
…un après-midi, je suis passé chez Lydia. Nous étions sur son lit en train de nous embrasser. Lydia s’est reculée.
- Tu ne connais rien aux femmes, n’est-ce pas?
- Quesse tu veux dire?
- C’que j’veux dire, c’est qu’en lisant tes poèmes et tes nouvelles, j’vois bien que tu connais tout simplement rien aux femmes.
- Apprends-moi des choses.
- Eh bien, tu vois, pour qu’un homme m’intéresse, faut qu’il me bouffe la chatte. Tu as déjà bouffé de la chatte?
- Non
- T’as plus de cinquante ans et tu n’as jamais bouffé de la chatte?
- Non
- C’est trop tard.
- Pourquoi?
- Ce n’est pas à vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces.
- Mais si, on peut.
- Non, c’est trop tard pour toi.
- J’ai toujours été un peu lent à démarrer.
Lydia s’est levée pour aller dans l’autre pièce. Elle est revenue avec un crayon et une feuille de papier.
- Bon, écoute, je vais te montrer quelque chose. – Elle se mit à dessiner sur le papier. – Regarde, ça c’est un con, et là se trouve quelque chose que tu ne connais probablement pas – le bouton. C’est le point le plus sensible. Le clitoris se cache, tu vois, il sort de temps en temps, il est rose et TRÈS sensible. Certaines fois, il ne veut pas se montrer, il faut que tu le cherches, suffit de le TOUCHER du bout de la langue…
- O.K., dis-je, j’ai pigé.
- J’crois pas que tu puisses le faire. J’t’ai dit, ce n’est pas à vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces.
- Déshabillons-nous et allongeons-nous.
On s’est déshabillés et allongés. J’ai commencé à embrasser Lydia. Puis je suis descendu de ses lèvres à son cou, de son cou à ses seins. Ensuite, je suis arrivé au nombril. Et encore un peu plus bas.
- J’parie que tu y arriveras pas, dit-elle. Le sang et le pipi sortent par là, rappelle-toi, le sang et le pipi…
Je suis arrivé en bas et me suis mis à lécher. Son dessin était tout à fait fidèle à la réalité. Chaque chose se trouvait à la place qu’elle avait dit. J’ai entendu sa respiration s’accélérer, puis des gémissements. Ça m’a excité. J’ai eu une érection. Son bouton est sorti, mais il n’était pas exactement rose, il était rose-pourpre. J’ai titillé le clitoris. Le miel s’est mis à couler et à humecter les poils du con. Lydia gémissait de plus en plus fort. Tout à coup, j’ai entendu la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer. J’ai entendu des pas. Levé les yeux. Un petit garçon noir d’environ cinq ans était debout à côté du lit.
- Merde alors, quesse tu veux? je lui ai demandé.
- Vous avez des bouteilles vides? il m’a demandé.
- Non, je n’ai pas de bouteilles vides, j’ai fait.
Il est sorti de la chambre à coucher, a traversé la pièce de devant, a franchi la porte et est parti.
- Seigneur, dit Lydia, j’croyais que la porte d’entrée était fermée à clef. C’était le petit garçon de Bonnie.
Lydia s’est levée pour fermer à clef la porte d’entrée. Elle est revenue et s’est allongée. Il était environ quatre heures de l’après-midi, un samedi.
J’ai replongé dans sa chatte.
21 mars 2010
Goliarda Sapienza
Le roman L'art de la joie ne fut publié qu'en 1998, deux ans après la mort de son auteur, la comédienne et écrivain Goliarda Sapienza. Il raconte l'histoire de Modesta, née en Sicile le 1er janvier 1900. Voici la scène où encore gamine, elle retrouve Tuzzu, un jeune homme du voisinage, et atteint avec lui le même plaisir que celui de ses caresses solitaires accompagnant les crises de folie de sa soeur Tina.
Un siècle passa. Je n’osais parler. J’avais peur qu’il ne se détache de moi. Et puis, même si je l’avais voulu, je n’avais à présent même plus la force de bouger les lèvres. Je ne connaissais pas cette étrange fatigue douce, pleine de frissons qui empêchaient de sombrer. Derrière mon dos s’était assurément ouvert tout grand un précipice qui me donnait le vertige, mais ces frissons me tenaient suspendue dans le vide. J’ouvris les yeux et j’entendis ma voix qui disait:
- Maintenant je sais ce qu’est la mer.
Il ne répondit pas, et me fixant sans bouger, il me retira ma jupe, releva mes sous-vêtements et m’arracha ma culotte. Il ne bougeait pas, mais avec ses doigts, en me fixant toujours, il commença à me caresser juste comme je le faisais moi-même quand Tina criait. Brusquement, avec un sursaut, il écarta son visage. Il s’en allait?
- Non, je suis là, où veux-tu que j’aille? Maintenant je dois rester là.
Rassurée, je fermai les yeux. Tina criait et tout mon corps était secoué de ces frissons que je connaissais. Puis les caresses se firent si profondes que… comment faisait-il? Je le regardai. Il m’avait ouvert les jambes et son visage était enfoncé entre mes cuisses; il me caressait avec la langue. Bien sûr que je ne pouvais pas comprendre si je ne le regardais pas: ça, je ne pouvais pas le faire toute seule. Cette pensée me donna un frisson si profond que les cris de Tina se turent et c’est moi qui hurlai fort, plus fort qu’elle ne criait, elle, quand maman l’enfermait dans les cabinets… Je m’étais évanouie ou j’avais dormi? Quand j’ouvris les yeux il y avait un grand silence sur la plaine.
- Il faut que nous arrêtions là, maintenant, petite fille. Même si tu es une moins que rien, je ne veux pas te démolir la vie. Remets ta culotte et file. Profite de ce que j’aie réussi à me remettre la tête en tête en place quand tu me l’avais fait perdre. Oh, bon Dieu, tu me l’as vraiment fait perdre. Qui l’aurait cru? Tu es attirante, vraiment attirante, mais je ne veux pas te démolir la vie. Debout et file!
Un siècle passa. Je n’osais parler. J’avais peur qu’il ne se détache de moi. Et puis, même si je l’avais voulu, je n’avais à présent même plus la force de bouger les lèvres. Je ne connaissais pas cette étrange fatigue douce, pleine de frissons qui empêchaient de sombrer. Derrière mon dos s’était assurément ouvert tout grand un précipice qui me donnait le vertige, mais ces frissons me tenaient suspendue dans le vide. J’ouvris les yeux et j’entendis ma voix qui disait:
- Maintenant je sais ce qu’est la mer.
Il ne répondit pas, et me fixant sans bouger, il me retira ma jupe, releva mes sous-vêtements et m’arracha ma culotte. Il ne bougeait pas, mais avec ses doigts, en me fixant toujours, il commença à me caresser juste comme je le faisais moi-même quand Tina criait. Brusquement, avec un sursaut, il écarta son visage. Il s’en allait?
- Non, je suis là, où veux-tu que j’aille? Maintenant je dois rester là.
Rassurée, je fermai les yeux. Tina criait et tout mon corps était secoué de ces frissons que je connaissais. Puis les caresses se firent si profondes que… comment faisait-il? Je le regardai. Il m’avait ouvert les jambes et son visage était enfoncé entre mes cuisses; il me caressait avec la langue. Bien sûr que je ne pouvais pas comprendre si je ne le regardais pas: ça, je ne pouvais pas le faire toute seule. Cette pensée me donna un frisson si profond que les cris de Tina se turent et c’est moi qui hurlai fort, plus fort qu’elle ne criait, elle, quand maman l’enfermait dans les cabinets… Je m’étais évanouie ou j’avais dormi? Quand j’ouvris les yeux il y avait un grand silence sur la plaine.
- Il faut que nous arrêtions là, maintenant, petite fille. Même si tu es une moins que rien, je ne veux pas te démolir la vie. Remets ta culotte et file. Profite de ce que j’aie réussi à me remettre la tête en tête en place quand tu me l’avais fait perdre. Oh, bon Dieu, tu me l’as vraiment fait perdre. Qui l’aurait cru? Tu es attirante, vraiment attirante, mais je ne veux pas te démolir la vie. Debout et file!
18 mars 2010
Lucia Etxebarria
Amour, Prozac et autres curiosités , publié en 1997, est un grand succès commercial en Espagne. Dans ce livre dans l’air du temps, Lucia Etxebarria raconte la vie de trois sœurs qui ont pour point commun une vie sentimentale cahotique. Dans l’extrait suivant, Rosa raconte la cérémonie de mariage de sa sœur au cours de laquelle elle revoit un vieil ami Gonzalo.
(photo de Laurent Benaïm)
Toutes les fantaisies d’adolescente me revinrent en tête, ces rêves dans lesquels je me glissais dans la chambre de Gonzalo et où je l’embrassais sur tout le corps: les tempes, les paupières, les commissures des lèvres, le cou, les épaules, les mamelons, le ventre, le nombril, et Gonzalo restait endormi et ne se réveillait pas. Mes fantaisies d’adolescente n’allaient pas plus loin.
Mais la Rosa de vingt ans que j’étais, toute vierge qu’elle fût, savait comment les alimenter.Mes lèvres poursuivraient jusqu’à l’aine, et trouveraient un phallus parfait, énorme, presque arts déco, qui aurait l’air dessiné avec un aérographe, sans veines bleues ni imperfection, un phallus qui m’attendrait depuis des temps immémoriaux, et je le prendrais dans ma bouche jusqu’au fond, en respirant son odeur douceâtre, le caressant avec ma langue, puis je monterais sur lui comme je l’avais vu faire dans les films, et il me tiendrait fermement par les hanches, il me ferait bouger de haut en bas, laisserait les marques de ses doigts imprimées autour de ma taille et m’enlèverait d’un coup cette virginité incommode que je traînais depuis tant d’années.
(photo de Laurent Benaïm)
Toutes les fantaisies d’adolescente me revinrent en tête, ces rêves dans lesquels je me glissais dans la chambre de Gonzalo et où je l’embrassais sur tout le corps: les tempes, les paupières, les commissures des lèvres, le cou, les épaules, les mamelons, le ventre, le nombril, et Gonzalo restait endormi et ne se réveillait pas. Mes fantaisies d’adolescente n’allaient pas plus loin.
Mais la Rosa de vingt ans que j’étais, toute vierge qu’elle fût, savait comment les alimenter.Mes lèvres poursuivraient jusqu’à l’aine, et trouveraient un phallus parfait, énorme, presque arts déco, qui aurait l’air dessiné avec un aérographe, sans veines bleues ni imperfection, un phallus qui m’attendrait depuis des temps immémoriaux, et je le prendrais dans ma bouche jusqu’au fond, en respirant son odeur douceâtre, le caressant avec ma langue, puis je monterais sur lui comme je l’avais vu faire dans les films, et il me tiendrait fermement par les hanches, il me ferait bouger de haut en bas, laisserait les marques de ses doigts imprimées autour de ma taille et m’enlèverait d’un coup cette virginité incommode que je traînais depuis tant d’années.
14 mars 2010
Pascal Bruckner
Lunes de fiel, roman écrit par Pascal Bruckner et publié en 1981, est l'histoire de la déchéance amoureuse de deux couples se retrouvant par hasard à voyager ensemble sur un paquebot. L’un des deux hommes fait à l’autre le récit de son aventure avec sa compagne. Pour les amateurs, je signale qu’un peu plus loin après le passage présenté ici, le roman nous offre des scènes fort poétiques d’ondinisme et de scatophilie.
… si je la regardais d’un œil distrait, je lui trouvais, pardonnez le détail, la fente discrète, timide comme si elle avait voulu en cacher l’impudeur en la dissimulant dans les replis du ventre. Mais dès les premières caresses, ce petit animal s’étirait, écartait le berceau d’herbes où il dormait, redressait la tête, devenait une fleur gourmande, une bouche de bébé glouton qui tétait mon doigt. J’adorais taquiner de ma langue le museau du clitoris, l’exciter puis l’abandonner humide et luisant à son irritation, petit canard barbotant dans une vague de chair rose. J’aimais lisser mes joues contre la lingerie précieuse de son ventre, plonge le nez dans ses bourrelets onctueux, parfois tendus, parfois relâchés comme des focs par le vent, friper du doigt cette immense draperie habitée de frissons et de soupirs. D’autres fois, j’aurais voulu m’asseoir, les jambes ballantes au bord de cet orifice et observer minute par minute l’évolution de ce madrépore géant, enregistrer chaque palpitation, chaque respiration de ses pétales inondés d’un nectar irrésistible.
… si je la regardais d’un œil distrait, je lui trouvais, pardonnez le détail, la fente discrète, timide comme si elle avait voulu en cacher l’impudeur en la dissimulant dans les replis du ventre. Mais dès les premières caresses, ce petit animal s’étirait, écartait le berceau d’herbes où il dormait, redressait la tête, devenait une fleur gourmande, une bouche de bébé glouton qui tétait mon doigt. J’adorais taquiner de ma langue le museau du clitoris, l’exciter puis l’abandonner humide et luisant à son irritation, petit canard barbotant dans une vague de chair rose. J’aimais lisser mes joues contre la lingerie précieuse de son ventre, plonge le nez dans ses bourrelets onctueux, parfois tendus, parfois relâchés comme des focs par le vent, friper du doigt cette immense draperie habitée de frissons et de soupirs. D’autres fois, j’aurais voulu m’asseoir, les jambes ballantes au bord de cet orifice et observer minute par minute l’évolution de ce madrépore géant, enregistrer chaque palpitation, chaque respiration de ses pétales inondés d’un nectar irrésistible.
10 mars 2010
Pierre Bourgeade
Un an après sa disparition, voici un hommage à Pierre Bourgeade, l’héritier de Bataille dont l’œuvre tourne souvent autour de l’érotisme et de la mort. Le texte suivant est extrait de Warum, roman publié en 1999.
Le surlendemain, nous retrouvâmes Eva à la pâtisserie du Trocadéro. Après avoir pris le thé, nous nous rendîmes dans un petit hôtel de la rue Saint-Didier, la Résidence des Fleurs, qui louait des chambres à l’heure. Les chambres n’étaient pas numérotées, elles portaient des noms de fleurs inscrits sur de petites plaques émaillées. Il y avait les lilas, les bleuets, les myosotis, les violettes, etc.,… et elles étaient entièrement tapissées, plafond compris, d’un tissu représentant ces fleurs. On nous donna la chambre des hortensias bleus, nous eûmes l’impression de pénétrer dans une boîte géante remplie d’hortensias. Je commandai une bouteille de champagne. Eva enleva son trench-coat, s’allongea sur le lit et attendit. Elle portait sa longue robe de coton rêche, sans ceinture, dans les tons grèges. Elle avait le visage très blanc, les paupières noirs de fard, les yeux allongés d’un trait de crayon jusqu’aux oreilles. Lucienne s’assit à côté d’elle, déboutonna la robe, sous laquelle Eva était nue. Lucienne se pencha, embrassa les seins, descendit, embrassa le ventre. Eva écarta les cuisses. Je m’assis à hauteur de son visage, essayant de lui faire mettre le nez dans ma braguette, mais elle détourna la tête. Je ne bandai pas. Je glissai la main dans les cheveux de Lucienne, lui grattai le crâne. Lucienne suçait avec fougue, ahanant. Je regardai les cloisons d’hortensias bleus, le plafond d’hortensias bleus, les rideaux d’hortensias bleus, puis je pensai que nous étions des nains déguisés en hortensias bleus occupés à donner un spectacle hard dans un bocal plein d’hortensias bleus pour un Dieu solitaire dont l’œil nous voyait, caché dans l’un des hortensias bleus du plafond. Eva poussa un petit cri. «Tu me mords!» Lucienne releva le visage, bouffi de plaisir. «Tu es trempée comme une soupe» dit-elle. Du revers de la main, elle s’essuya la bouche. Eva regarda sa montre. «Il faut que je parte, j’ai un rendez-vous.» Elle se leva, passa dans la salle de bains. Cinq minutes après, elle réapparut, passa son trench-coat. «Mercredi prochain, à la même heure?» demandai-je, d’une voix croassante tellement j’avais peur qu’Eva répondît «Je ne sais pas». Mais elle répondit simplement «OK». Elle fit un petit signe de la main à Lucienne et sortit. «Pas mal» dit Lucienne. Puis, se tournant vers moi: «Tu veux que je te suce?» «Au point où on en est…» J’ôtai mon pantalon et mon slip et je me rassis sur le bord du lit. Lucienne approchait, à quatre pattes. Elle ouvrit son chemisier et, de la main droite, fit sortir ses seins de son soutien-gorge. «Tu crois que le Bon Dieu te voit?» demandai-je. «C’est lui qui m’a faite, non?»
Peu après, je m’endormis.
Le surlendemain, nous retrouvâmes Eva à la pâtisserie du Trocadéro. Après avoir pris le thé, nous nous rendîmes dans un petit hôtel de la rue Saint-Didier, la Résidence des Fleurs, qui louait des chambres à l’heure. Les chambres n’étaient pas numérotées, elles portaient des noms de fleurs inscrits sur de petites plaques émaillées. Il y avait les lilas, les bleuets, les myosotis, les violettes, etc.,… et elles étaient entièrement tapissées, plafond compris, d’un tissu représentant ces fleurs. On nous donna la chambre des hortensias bleus, nous eûmes l’impression de pénétrer dans une boîte géante remplie d’hortensias. Je commandai une bouteille de champagne. Eva enleva son trench-coat, s’allongea sur le lit et attendit. Elle portait sa longue robe de coton rêche, sans ceinture, dans les tons grèges. Elle avait le visage très blanc, les paupières noirs de fard, les yeux allongés d’un trait de crayon jusqu’aux oreilles. Lucienne s’assit à côté d’elle, déboutonna la robe, sous laquelle Eva était nue. Lucienne se pencha, embrassa les seins, descendit, embrassa le ventre. Eva écarta les cuisses. Je m’assis à hauteur de son visage, essayant de lui faire mettre le nez dans ma braguette, mais elle détourna la tête. Je ne bandai pas. Je glissai la main dans les cheveux de Lucienne, lui grattai le crâne. Lucienne suçait avec fougue, ahanant. Je regardai les cloisons d’hortensias bleus, le plafond d’hortensias bleus, les rideaux d’hortensias bleus, puis je pensai que nous étions des nains déguisés en hortensias bleus occupés à donner un spectacle hard dans un bocal plein d’hortensias bleus pour un Dieu solitaire dont l’œil nous voyait, caché dans l’un des hortensias bleus du plafond. Eva poussa un petit cri. «Tu me mords!» Lucienne releva le visage, bouffi de plaisir. «Tu es trempée comme une soupe» dit-elle. Du revers de la main, elle s’essuya la bouche. Eva regarda sa montre. «Il faut que je parte, j’ai un rendez-vous.» Elle se leva, passa dans la salle de bains. Cinq minutes après, elle réapparut, passa son trench-coat. «Mercredi prochain, à la même heure?» demandai-je, d’une voix croassante tellement j’avais peur qu’Eva répondît «Je ne sais pas». Mais elle répondit simplement «OK». Elle fit un petit signe de la main à Lucienne et sortit. «Pas mal» dit Lucienne. Puis, se tournant vers moi: «Tu veux que je te suce?» «Au point où on en est…» J’ôtai mon pantalon et mon slip et je me rassis sur le bord du lit. Lucienne approchait, à quatre pattes. Elle ouvrit son chemisier et, de la main droite, fit sortir ses seins de son soutien-gorge. «Tu crois que le Bon Dieu te voit?» demandai-je. «C’est lui qui m’a faite, non?»
Peu après, je m’endormis.
4 mars 2010
Witold Gombrowicz
Cosmos, publié en 1965, est une œuvre de Witold Gombrowicz qui peut se lire comme un roman philosophique. Derrière le récit d’un jeune étudiant échoué dans une pension de famille au fond de la Pologne et engagé dans la résolution obsessionnelle d’un rébus pseudo policier, on devine un érotisme étrange et une idée de la réalité considérée comme une mise en forme de fantasmes.
Elle était mariée! Le mari apparut comme nous étions en train de manger. Il penchait sur son assiette un nez oblong tandis que j’examinais avec une curiosité désagréable ce partenaire érotique de Léna. Bouleversement. Je ne nourrissais aucune jalousie, mais Léna était devenue pour moi différente, complètement transformée par cet homme, cet étranger si bien introduit dans les replis les plus secrets de cette bouche.
Elle était mariée! Le mari apparut comme nous étions en train de manger. Il penchait sur son assiette un nez oblong tandis que j’examinais avec une curiosité désagréable ce partenaire érotique de Léna. Bouleversement. Je ne nourrissais aucune jalousie, mais Léna était devenue pour moi différente, complètement transformée par cet homme, cet étranger si bien introduit dans les replis les plus secrets de cette bouche.
17 févr. 2010
Mark Z. Danielewski
Mark Z. Danielewski publie en 2006 un roman véritablement révolutionnaire et indescriptible: O Révolutions, les récits tête-bêche de deux adolescents Sam et Hailey en fuite éperdue et amoureuse à travers les Etats-Unis. La version française réalisée par Claro, déjà plusieurs fois honoré en ces lieux, ne peut être qualifiée de traduction tant elle est une oeuvre à part entière.
Pour donner une idée, nécessairement imparfaite, de ce prodige poétique aux 360 pages degrés, voici un extrait situé page 60 du récit de Sam (soit page 301 du récit de Hailey) et son symétrique situé page 60 du récit de Hailey (soit page 301 du récit de Sam) que l'on lit en sens inverse en retournant le livre.
(Sam)
Et je quitte la route. Errant
Mais je suis la suite de la route.
Là où je vais la voie devient.
De déviations en aventures.
Sur la voie du milieu, dépassant
Camps, Chautauquas, et Dreggs.
Pas de deux. Tout doux le joug.
Escale fissa à Tango.
Convole avec Hailey.
Entraînant. Fox Trot.
Un Opposum tabule.
Danser dans la brise.
Puis enfin
à genoux
flatter son berlingot
desceller son sillon
mon petit doigt énamouré
de sa chaloupe.
******
(Hailey)
Sam quitte la route.
Emeute d'herbes. Dérapages débiles.
Accroche-toi, ça tangue. Le quai crash.
En plein parc, près d'un bac à sable,
égaillant Pique-niqueurs, Beaux Messieurs
et Vraies Pimbêches.
va et le moindre vient.
Sam se gare encore,
pressé de relancer
la donne des doigts.
Les Marroniers huent quand,
m'écrasant les arpions, il
me tâte les tibias. Puis
m'empoigne les fesses,
pourlèche mes cuisses,
me broute le minou,
avec tant d'inélégance
que l'émoi capote.
Pour donner une idée, nécessairement imparfaite, de ce prodige poétique aux 360 pages degrés, voici un extrait situé page 60 du récit de Sam (soit page 301 du récit de Hailey) et son symétrique situé page 60 du récit de Hailey (soit page 301 du récit de Sam) que l'on lit en sens inverse en retournant le livre.
(Sam)
Hailey éclate de rire
et, goulue, me gobe la tige,
mordille l'embout, ses lèvres
vite maculées de mon gai tribut.
Et je quitte la route. Errant
Mais je suis la suite de la route.
Là où je vais la voie devient.
De déviations en aventures.
Sur la voie du milieu, dépassant
Camps, Chautauquas, et Dreggs.
160 Bovidés foissent :
- De vous noUS dépendons tous.
Ben voyons. Pourquoi pas.Pas de deux. Tout doux le joug.
Escale fissa à Tango.
Convole avec Hailey.
Entraînant. Fox Trot.
Un Opposum tabule.
Danser dans la brise.
Puis enfin
à genoux
flatter son berlingot
desceller son sillon
mon petit doigt énamouré
de sa chaloupe.
******
(Hailey)
Sam éclate de rire.
Sans réfléchir je l'avale,
lui grignote l'embout, le pompe
et l'essore puis déglaviote.
Emeute d'herbes. Dérapages débiles.
Accroche-toi, ça tangue. Le quai crash.
En plein parc, près d'un bac à sable,
égaillant Pique-niqueurs, Beaux Messieurs
et Vraies Pimbêches.
Boursouflures des Sumacs vénéneux :
- De vous noUS devons dépendre.
Car je suis périple. Le moindreva et le moindre vient.
Sam se gare encore,
pressé de relancer
la donne des doigts.
Les Marroniers huent quand,
m'écrasant les arpions, il
me tâte les tibias. Puis
m'empoigne les fesses,
pourlèche mes cuisses,
me broute le minou,
avec tant d'inélégance
que l'émoi capote.
13 févr. 2010
Carlos Fuentes
Le recueil L'oranger écrit par Carlos Fuentes et publié en 1993 comprend cinq nouvelles. L'une d'elles, Apollon et les putains, raconte les dernières heures de Vince Valera, acteur de cinéma, parti naviguer dans le golfe d'Acapulco en compagnie de sept putains et de leur mère maquerelle. Une libre adaptation du conte des frères Grimm.
Sept culs sept. Cul intérieur de papaye qu’on vient d’ouvrir, chair rose, intouchée, telle une perle carnivore et parfumée. Cul palpitant de jeune louve blessée, récemment séparée de sa mère, traversée par la maudite flèche d’un chasseur intrus? Cul de source pure, eau qui court sans obstacles, sans remords, sans se soucier de son destin qui la précipite vers la mer qui va l’engloutir dans sa fourche salée. Cul de nuit à l’affût en plein soleil, gardée en réserve en prévision des faiblesses du jour, nuit vaginale en prévision du jour où le soleil ne se lèvera plus et où le sexe de la femme devra occuper le centre de l’univers. Quatrième cul des filles d’Acapulco, chambre quatrième, cul telle une chambre meublée, chaude, accueillante, en attente de son hôte parfait. Cul cinquième, le cinquième n’est jamais mal venu, dit-on ici, cul métallique de veine qui résiste à la pénétration, qui refuse de livrer son or, qui exige du mineur qu’il meure d’abord de suffocation au cœur du tunnel. Cul glorieux des libations eucharistiques, cul sixième, cul religieux, irlandais, noir, comme dirait Cindy mon épouse waspique, Wasp blancanglosaxonprotestant qui essaie de me refiler ses vieilleries ancestrales, tu ne sais pas jouir, Vince, si tu ne t’imagines pas plongé dans le péché, pauvre Apollon de Celluloïd, inflammable, périssable, prends-moi comme on prend une femme, un être humain, comme ton égal, non comme symbole de ton odyssée spirituelle, fils de pute, je ne suis ni ta communion ni ta confession, je suis ta femme, un autre être humain, quelle idée j’aie eue d’épouser un Irlandais catholique qui croit dans la liberté du péché, et non dans la prédestination de la chair!
C’est cela que je fuis: je veux jouir du dernier cul, le septième sceau, le cul sans attributs, le purgatoire sexuel sans paradis ni enfer, avec mon nom tatoué à l’entrée du vagin, Vince Valera, Apollon vaincu: les sept filles sur ma verge, toutes les sept me suçant, l’une après l’autre, l’une me suce, la deuxième me met le doigt dans l’anus, la troisième m’embrasse les couilles, la quatrième me met sa chatte dans la bouche, la cinquième me mordille le bout des seins, la sixième me lèche les orteils; la septième, la septième promène ses seins immenses sur tout mon corps, elle dirige les autres, elle fait saute ses seins sur mes yeux, m’en caresse les testicules, fait tourner un téton autour de ma queue, puis chacune d’elles le pompe à son tour, et non seulement elles, me pompent également le soleil, la mer, le moteur des Deux-Amériques.
Me pompe aussi le regard impassible de Blanche-Neige, qui garde les mains inutilement posées sur le gouvernail. Inutilement, car on est en train d’enfreindre toutes les règles de son royaume et elle ne peut rien faire d’autre que nous contempler dans une absence indifférente qui doit être celle de Dieu lui-même lorsqu’il nous voit revenir à la condamnable mais indispensable condition de bête.
Inutilement, car les Deux-Amériques a atteint son allure de croisière, il avance seul vers l’intérieur de la mer comme mon sexe ne pénètre qu’une seule, qu’un seul des sept trous qui s’offrent ce matin à mon entier abandon, à l’exigence de me donner totalement, de ne rien retenir, de ne plus trouver un seul prétexte pour rester ou fuir, me marier ou divorcer, signer un contrat ou convoiter un prix, me concilier un chef de studio, sourire à un banquier, séduire un journaliste au cours d’un dîner au Spago’s, rien, rien d’autre que ceci: l’ascension simultanée vers le ciel et l’enfer, les battements déchaînés dans ma poitrine, la conscience d’avoir trop bu, d’avoir passé une stupide nuit blanche, mon cœur galope et mon estomac se tord, je ne suis pas rasé, mes joues râpent les divines fesses de la Sosotte telles les épines dur la tête du Christ, le soleil darde ses rayons verticaux, la brise tombe, ma souffrance devient omniprésente, le moteur ne s’entend plus, le soleil d’éteint, mon corps se liquéfie, les rires des sept naines se dissipent, il n’y a plus sept trous, il n’y a plus qu’un seul dans lequel je tombe en apesanteur, il n’y a plus sept nuits, il y a une seule nuit dans laquelle je pénètre doucement, sans hésitation, prédestiné comme le voulait mon épouse Cindy, sans tête ni cœur, pure verge dressée, pur phallus d’Apollon dans la bouche d’une muse péripatéticienne qui me caresse le visage en me chuchotant à l’oreille: «Ceci est ton visage idéal. Tu n’en auras jamais de meilleur. Ceci est ton visage pour la mort, mon petit père.»
Sept culs sept. Cul intérieur de papaye qu’on vient d’ouvrir, chair rose, intouchée, telle une perle carnivore et parfumée. Cul palpitant de jeune louve blessée, récemment séparée de sa mère, traversée par la maudite flèche d’un chasseur intrus? Cul de source pure, eau qui court sans obstacles, sans remords, sans se soucier de son destin qui la précipite vers la mer qui va l’engloutir dans sa fourche salée. Cul de nuit à l’affût en plein soleil, gardée en réserve en prévision des faiblesses du jour, nuit vaginale en prévision du jour où le soleil ne se lèvera plus et où le sexe de la femme devra occuper le centre de l’univers. Quatrième cul des filles d’Acapulco, chambre quatrième, cul telle une chambre meublée, chaude, accueillante, en attente de son hôte parfait. Cul cinquième, le cinquième n’est jamais mal venu, dit-on ici, cul métallique de veine qui résiste à la pénétration, qui refuse de livrer son or, qui exige du mineur qu’il meure d’abord de suffocation au cœur du tunnel. Cul glorieux des libations eucharistiques, cul sixième, cul religieux, irlandais, noir, comme dirait Cindy mon épouse waspique, Wasp blancanglosaxonprotestant qui essaie de me refiler ses vieilleries ancestrales, tu ne sais pas jouir, Vince, si tu ne t’imagines pas plongé dans le péché, pauvre Apollon de Celluloïd, inflammable, périssable, prends-moi comme on prend une femme, un être humain, comme ton égal, non comme symbole de ton odyssée spirituelle, fils de pute, je ne suis ni ta communion ni ta confession, je suis ta femme, un autre être humain, quelle idée j’aie eue d’épouser un Irlandais catholique qui croit dans la liberté du péché, et non dans la prédestination de la chair!
C’est cela que je fuis: je veux jouir du dernier cul, le septième sceau, le cul sans attributs, le purgatoire sexuel sans paradis ni enfer, avec mon nom tatoué à l’entrée du vagin, Vince Valera, Apollon vaincu: les sept filles sur ma verge, toutes les sept me suçant, l’une après l’autre, l’une me suce, la deuxième me met le doigt dans l’anus, la troisième m’embrasse les couilles, la quatrième me met sa chatte dans la bouche, la cinquième me mordille le bout des seins, la sixième me lèche les orteils; la septième, la septième promène ses seins immenses sur tout mon corps, elle dirige les autres, elle fait saute ses seins sur mes yeux, m’en caresse les testicules, fait tourner un téton autour de ma queue, puis chacune d’elles le pompe à son tour, et non seulement elles, me pompent également le soleil, la mer, le moteur des Deux-Amériques.
Me pompe aussi le regard impassible de Blanche-Neige, qui garde les mains inutilement posées sur le gouvernail. Inutilement, car on est en train d’enfreindre toutes les règles de son royaume et elle ne peut rien faire d’autre que nous contempler dans une absence indifférente qui doit être celle de Dieu lui-même lorsqu’il nous voit revenir à la condamnable mais indispensable condition de bête.
Inutilement, car les Deux-Amériques a atteint son allure de croisière, il avance seul vers l’intérieur de la mer comme mon sexe ne pénètre qu’une seule, qu’un seul des sept trous qui s’offrent ce matin à mon entier abandon, à l’exigence de me donner totalement, de ne rien retenir, de ne plus trouver un seul prétexte pour rester ou fuir, me marier ou divorcer, signer un contrat ou convoiter un prix, me concilier un chef de studio, sourire à un banquier, séduire un journaliste au cours d’un dîner au Spago’s, rien, rien d’autre que ceci: l’ascension simultanée vers le ciel et l’enfer, les battements déchaînés dans ma poitrine, la conscience d’avoir trop bu, d’avoir passé une stupide nuit blanche, mon cœur galope et mon estomac se tord, je ne suis pas rasé, mes joues râpent les divines fesses de la Sosotte telles les épines dur la tête du Christ, le soleil darde ses rayons verticaux, la brise tombe, ma souffrance devient omniprésente, le moteur ne s’entend plus, le soleil d’éteint, mon corps se liquéfie, les rires des sept naines se dissipent, il n’y a plus sept trous, il n’y a plus qu’un seul dans lequel je tombe en apesanteur, il n’y a plus sept nuits, il y a une seule nuit dans laquelle je pénètre doucement, sans hésitation, prédestiné comme le voulait mon épouse Cindy, sans tête ni cœur, pure verge dressée, pur phallus d’Apollon dans la bouche d’une muse péripatéticienne qui me caresse le visage en me chuchotant à l’oreille: «Ceci est ton visage idéal. Tu n’en auras jamais de meilleur. Ceci est ton visage pour la mort, mon petit père.»
Inscription à :
Articles (Atom)