25 août 2013

Grisélidis Réal

Les écrits de Grisélidis Réal témoignent se son expérience de la prostitution. Décédée en 2005, elle a souhaitée que sa tombe soit marquée de ces deux mots : écrivain-prostituée. En 1974, elle publie son premier livre, autobiographique : Le noir est une couleur.


Ses mains gantées de daim ouvrent une portière de voiture. Je reconnais le grand catafalque nickelé.
Cette fois, pas de repas chinois, pas de mansarde, pas de galanteries. Il est pressé, on stoppe dans un chemin sombre entre deux villas. Il presse sur un bouton et les sièges s'allongent en couchettes.
Il se déshabille en ahanant, et sur les coussins de cuir noir, comme un monstrueux clair de lune, son vieux cul flasque apparaît.
Il me le tend, saisit ma tête à pleines mains et m'enfonce dans ses replis. Tout en dirigeant la manoeuvre d'une poigne rude, il gémit comme un petit enfant. Au bout de longues minutes, à moitié étranglée, suffocante et pleine de larmes, j'ai tout reçu dans la bouche.
En sifflotant, il remet la voiture en marche pendant que je me rhabille. J'ai cinquante marks dans mon sac comme l'autre fois, qu'il m'a donnés sans que je lui demande. Il pousse la gentillesse jusqu'à me ramener tout près de ma cabane.

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