Gabriel Garcia Marquez ou Mario Vargas Llosa ont reconnu l'influence sur leur oeuvre du méconnu Juan Carlos Onetti. Celui-ci publie en 1979 Laissons parler le vent qui fait partie du cycle des récits ayant pour cadre la ville imaginaire de Santa Maria . Onetti est lauréat du Prix Cervantes, la plus haute distinction littéraire du monde hispanophone.
Dans le passage suivant, le narrateur Medina retrouve une jeune putain qui exerce sur lui une fascination irrépressible.
(remerciement à Waid)
Nous parlâmes et je respirai son odeur. Trois cents pesos plus la chambre, un prix spécial qu'on me faisait pour une prestation complète.
Je la humai sans désir ostensible tandis que nous descendions vers l'hôtel, situé à trois ou quatre rues de là. Une fois dans la chambre, je vis qu'elle n'avait pas beaucoup changé ; elle continuait de porter un pantalon, ocre ce jour-là, et une veste ; il me suffirait de lui laver la tête et de la décoiffer pour la retrouver, à nouveau penchée, me montrant son nez d'enfant, sa bouche moqueuse maintenant active, avec, pour le moment, accru, grandissant, se répandant, ce petit rien de vulgarité et de cynisme qui m'avait un instant bouleversé, un lundi, mercredi ou vendredi dans la pharmacie de le rue Isla de Flores.
Frénétique et dissimulateur, mêlé à ce corps que la déformation professionnelle rendait désespérément propre, traversant en outre la vulgarité des parfums synthétiques qu'il fallait soulever et arracher comme d'épaisses croûtes transparentes, je crus reconnaître - dans l'haleine, les aisselles, le sexe, la fatigue - les mots, les êtres et les choses qu'énumèrent les livres et qui reviendront.
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