20 nov. 2010

Horacio Castellanos Moya

Les romans de Horacio Castellanos Moya nous plongent dans la violence endémique ravageant le Salvador. Dans Déraison, publié en 2004, un journaliste exilé dans un pays voisin découvre un dossier contenant les récits des massacres perpétrés par les militaires sur les villageois indiens. Ses aventures sexuelles sont décrites avec un humour contrastant avec l'horreur des réalités politiques.
Voici un extrait de sa prose qui déferle comme de la lave.


 Ce corps désiré par tous avait soudain perdu pour moi son attrait, à l'instant où, une heure auparavant , elle m'avait demandé de but en blanc si je préférais qu'elle me suce ou qu'elle me branle, une question qui n'avait aucune espèce de sens puisque cela faisait trois minutes - à quelques secondes près - que nous nous embrassions et caressions avec ardeur sur le sofa de mon appartement et que ce qui devait en toute logique suivre à ce moment-là, alors qu'elle avait déjà mon membre dans la main et moi le majeur dans son con, c'était nous déshabiller complètement et nous rassasier l'un de l'autre jusqu'à parvenir à la consommation de l'acte amoureux, au lieu de poser cette question indécente et hors de propos de savoir si je préférais qu'elle me suce ou qu'elle me branle, comme si ce préambule de confessions, de caresses et de baisers qui avait commencé à la nuit tombante dans une brasserie minable appelée Tustepito, n'avait été qu'un prétexte pour parvenir à cet instant où elle devait me demander ce que je préférais, qu'elle me suce ou qu'elle me branle, une question plus propre à une prostituée maligne qui offre menu et tarifs au client excité qu'à cette jolie fille espagnole que j'avais, j'imaginais, séduite grâce à mes dons d'enchanteur. Je ne sais quelle expression elle a déchiffré sur mon visage, mais elle a immédiatement mis au point fermement qu'elle ne pensait pas baiser avec moi, caramba, parce qu'elle avait un petit ami dont elle était très amoureuse et qui allait arriver le lendemain matin, un fiancé auquel jamais elle ne serait infidèle, même si pour l'instant elle tenait mon membre viril entre ses mains, ce pourquoi elle me demandait de choisir si je préférais qu'elle me branle ou qu'elle me suce, m'a-t-elle répété, au lieu de se déshabiller complètement et se donner comme le voulait la logique. Je lui ai dit de me sucer, il ne s'agissait non plus que je reste à bander et les couilles en ébullition, car pareille tension provoque de la douleur et rend la marche difficile, même si l'instant magique s'était perdu, cet instant où la magie de la possession surgit dans toute sa splendeur s'en était allé au diable depuis le moment où elle avait posé sa question indécente, plus indiquée chez une professionnelle que chez une fille prise dans les rets de la séduction, pensais-je pendant que je la regardais avec mon membre dans sa bouche, le suçant, avec des mouvements agités et assez arythmiques, ce qui m' a fait craindre une égratignure, l'estafilade d'une canine, je lui ai donc suggéré de se calmer, qu'elle s'y prenne avec plus de douceur, posant mes mains sur sa tête, sans trop me concentrer sur le plaisir qu'elle s'imaginait m'offrir mais essayant de déchiffrer la différence entre me la sucer et être pénétrée au moment où elle allait assurer de sa fidélité le fiancé qui allait arriver le lendemain matin et dont je n'avais pratiquement pas entendu parler, une différence qu'il me coûtait vraiment de découvrir, et ç'a été plus difficile encore lorsqu'elle a essayé de parler sans retirer mon membre de sa bouche et qu'elle a articulé quelque chose comme « Ha-he-hé », en me regardant avec inquiétude et sans ralentir ses mouvements désordonnés elle a balbutié plusieurs fois de manière gutturale « Ha-he-hé », avec une extrême inquiétude dans les yeux, jusqu'à ce que je lui dise que je ne la comprenais pas, qu'elle retire mon membre de sa bouche pour parler, ce qu'elle a immédiatement fait et elle a répété tout de suite avec netteté ce qu'auparavant je n'avais perçu que comme « Ha-he-hé » et qui en réalité était la question «ça te plaît ? ». Je mentirais si j'affirmais que cette situation ne dépassait pas toutes mes attentes, car Fatima a posé la question sur le ton de la petite pute qui fait ses premiers pas, attentive et soucieuse de plaire au client, peu assurée en outre de sa capacité à pratiquer les techniques fraîchement apprises. « Ha-he-hé », me suis-je répété avec ébahissement en même temps qu'elle se fourrait de nouveau de nouveau mon membre dans la bouche et reprenait son entreprise de suffocation sans que je puisse profiter pleinement d'un tel effort suçatoire, étant donné le détachement dans lequel m'avait placé toute cette situation embarrassante et inédite, façon de parler, mais sans que grâce à Dieu mon membre faiblisse, car je ne sais alors ce qui serait arrivé.

1 commentaire:

  1. Je crois que c'est la description la plus drôle que j'ai pu lire d'une fellation !

    RépondreSupprimer