Pascal Quignard livre en 2002 Les ombres errantes, un ouvrage profond et atypique fait de fragments érudits où les obsessions de l'auteur reviennent en boucle. Ce livre obtient le prix Goncourt. Dans l'extrait ci-dessous, le secrétaire du dernier roi romain Syagrius s'entretient avec un lettré toulousain venu de la cour du roi Alaric.
Le Toulousain affirma que ses reins et les articulations de ses doigts ne pouvaient plus supporter le climat des Gaules et que maintenant la peur s'était emparée de lui avec le regret du soleil. Ils évoquèrent le nom des lettrés de l'ancien temps et ils citaient des anecdotes qui les emplissaient de joie. Le lettré de Toulouse qui avait quitté Trêves avait connu une vieille femme, quand il était lui-même tout jeune et qu'il apprenait ses déclamations, qui se vantait d'avoir sucé Augustin à Milan, dans le temps où il était encore païen. Il avait connu aussi Olybrius et louait sa gravité et sa vertu, ainsi que la tristesse violente de sa mort.