1 janv. 2010

Will Self

L’œuvre de Will Self met souvent en scène des personnages sujets aux hallucinations. Les grands singes, publié en 1997, raconte l’histoire de Simon Dykes qui après la scène présentée plus bas voit sa compagne Sarah sous les traits d’un chimpanzé.


Elle s’éveilla pendant l’assaut final de ses auriculaires sur ses mamelons, tandis que ses paumes bivouaquaient dans la vallée de ses seins. Elle sembla n’éprouver aucune gêne, pas même une répulsion momentanée devant ce corps imbibé de vodka allongé sur le sien. Elle se retourna. Sa petite tête se redressa. Son toupet de cheveux blonds lui donnait une bouille de clown. Ses lèvres effilées s’ouvrirent, dévoilèrent une luisance blanche, puis elle l’accueillit dans sa bouche, darda une dragée linguale, qui se dilata et fondit dans sa salinité. Leurs corps s’épousèrent. Ils échangèrent les goûts de merde de leurs haleines et de leurs œsophages respectifs, qui s’annulaient réciproquement au fur et à mesure de l’érosion salivaire de leurs muqueuses rainurées de cocaïne.
Ce fut brusque et brutal. Une poussée d’amour. L’une de ses grosses mains rejeta le drap froissé pour aller à sa motte ; l’autre alla à leurs bouches en succion, racla dans la bauge et déposa le produit prélevé dans sa jointure. Ses doigts plongèrent en elle. Sarah haleta, lui mordit la lèvre. Il l’enlaça ; elle avait un dos d’enfant, si petit qu’il pouvait pratiquement le contenir dans son empan. Il la plaqua contre lui. Elle essaya de s’agriffer à son dos, mais ses ongles glissaient sur la transpiration. « Ecarte les jambes ! » aboya-t-il dans sa bouche . « Ecarte les jambes ! » Il enfonça ses doigts plus profondément, élargit l’orifice, encercla son clitoris d’un mouvement tournant du pouce. Elle se débattit comme un animal pris au piège. Se débattit, se débattit. Il libéra sa main droite pour lui mettre deux doigts dans la bouche, puis trois, éprouver le tranchant de ses dents, la peau tendre de son gosier. Puis il lui barbouilla le front de ces trois doigts mouillés, attrapa une poignée de cheveux et les tira vers sa nuque pour la forcer à se cabrer, à s’exhiber tout entière, comme pour la dénuder deux fois.
Les mains de Sarah avaient trouvé son pénis. Il pantela, faillit éjaculer au premier contact. Elle le palpa alternativement sur le sommet et le pourtour, puis plus bas, saisit ses couilles, les berça, et plus bas encore, dans sa rigole, dans sa sueur, tâta et sonda son trou du cul. Tâta. Sonda.
Les doigts crochetés en elle, il prenait la mesure de son os pubien, étudiait la texture de sa membrane interne et croyait reconnaître au toucher la saveur salée qui sourdait maintenant d’elle. Elle avait les yeux révulsés, il n’en voyait que le blanc. Elle criait et, leurs bouches étant visées l’une à l’autre, ses cris résonnaient comme dans une grotte. L’écho se réverbérait dans sa tête, mais il ne voulait pas la lâcher, il continuait à l’embrasser, à la mâcher. Puis il se laissa descendre le long de son corps, goûta ses seins, ses hanches, le tortillon de son nombril, posa sa langue tout entière contre son ouverture mouillée, sentit le grain de son clitoris vibrer à la racine de sa langue, et se hissa de nouveau sur elle. Sarah tirait sur sa queue, ses mains étaient des remorqueurs dirigeant la masse énorme de son vaisseau phallique, qu’elle guidait vers le port. Il y avait tant d’urgence de part et d’autre, tant de volonté à s’accoupler que ce n’était même plus du désir, c’était un tropisme.

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