17 janv. 2010

James Ellroy

Au moment où sort le dernier volume de la trilogie sur l'histoire américaine de 1958-1973 vue par l'oeil désabusé de James Ellroy, il m'a semblé opportun de rendre hommage à cette oeuvre en présentant un extrait du premier livre de la série American Tabloid, publié en 1995. Dans cette scène, Littell, agent du FBI, espionne les deux mafieux Lenny et Ruby.



 Une table se libéra. Littell traversa la file du déjeuner et s’y installa. Lenny et Rubenstein/Ruby étaient à moins d’un mètre.
Ruby parlait. La nourriture dégoulinait sur son bavoir.
- Heshie croit toujours qu’il a le cancer ou une quelconque maladie chiatique. Avec Hesh, un petit bouton, c’est toujours une tumeur maligne.
Lenny picorait son sandwich.
- Heshie, c’est un mec classe. Quand je passais au petit salon du « stardust » en 54, il venait tous les soirs. Heshie a toujours préféré les numéros de second ordre aux grandes vedettes. Jésus-Christ et les Apôtres auraient bien pu faire l’affiche de la grande salle des « Dunes », Heshie serait allé dans un palace quelconque plein de machines à sous écouter un chanteur de charme rital parce que son cousin est un affranchi.
- Heshie adore les pipes, dit Ruby. Il ne demande que des pipes, exclusivement, pas’qu’y dit que c’est bon pour sa prostate. Il m’a dit qu’il n’avait plus trempé son poireau depuis qu’il a quitté les Mauves – et ça remonte aux années trente- et qu’une poulette a essayé de lui flanquer une reconnaissance en paternité aux miches. Heshie m’a dit qu’il s’était fait tailler plus de dix mille pipes. Il aime bien regarder le spectacle de Lawrence Welk pendant qu’il se fait turlutter. Il a neuf médecins pour toutes les maladies qu’il croit avoir attrapées, et toutes les infirmières lui taillent des plumes. C’est comme ça qu’il sait que c’est bon pour sa prostate.
« Heshie » était vraisemblablement Herschel Meyer Ryskind : « Membre actif du trafic d’héroïne sur la côte du Golfe. »

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