Marguerite Duras publie en 1980 un texte ne dépassant pas 40 pages , L'homme assis dans le couloir, récit d'une relation sexuelle et de la violence faite par l'un au corps de l'autre au travers du regard d'un voyeur-narrateur.
Elle se serait avancée lentement, elle aurait ouvert ses lèvres et, d’un seul coup, elle aurait pris dans son entier son extrémité douce et lisse ; Elle aurait fermé les lèvres sur l’ourlet qui en marque la naissance. Sa bouche en aurait été pleine. La douceur en est telle que des larmes lui viennent aux yeux. Je vois que rien n’égale en puissance cette douceur sinon l’interdit formel d’y porter atteinte. Interdite. Elle ne peut pas le prendre davantage qu’en la caressant avec précaution de sa langue entre ses dents. Je vois cela : que ce que d’ordinaire on a dans l’esprit elle l’a dans la bouche en cette chose grossière et brutale. Elle la dévore en esprit, elle s’en nourrit, s’en rassasie en esprit. Tandis que le crime est dans sa bouche, elle ne peut se permettre que de la mener, de la guider à la jouissance, les dents prêtes. De ses mains elle l’aide à venir, à revenir. L’homme crie. Les mains agrippées aux cheveux de la femme il essaye de l’arracher de cet endroit mais il n’en a plus la force et elle, elle ne veut pas laisser l’homme. La tête du corps emportée gémit, jalouse et délaissée. Sa plainte crie de venir, de revenir à lui, elle crie la suppliciante contradiction qu’on lui veuille un tel bien. A elle, à la femme, il n’importe pas. Sa langue descend vers cette autre féminité, elle arrive là où elle se fait souterraine et puis elle remonte patiemment jusqu’à reprendre et retenir encore dans sa bouche ce qu’elle a délaissé. Elle la retient au bord d’être avalée dans un mouvement de succion continue. Il n’essaie plus rien de nouveau. Yeux fermés. Seul. Sans gestes, il crie.
Là-haut, le cri, la plainte se fait plus aiguë, elle est presque enfantine d’abord et ensuite elle s’approfondit, elle devient si douloureuse, tant, que la femme doit lâcher prise. Elle lâche, se retire, amène les cuisses plus près d’elle, les écarte et regarde et respire l’odeur humide et tiède. Elle s’attarde, le visage enfoui dans ce qu’il ignore de lui, respire longuement l’odeur fétide.
Là-haut, le cri, la plainte se fait plus aiguë, elle est presque enfantine d’abord et ensuite elle s’approfondit, elle devient si douloureuse, tant, que la femme doit lâcher prise. Elle lâche, se retire, amène les cuisses plus près d’elle, les écarte et regarde et respire l’odeur humide et tiède. Elle s’attarde, le visage enfoui dans ce qu’il ignore de lui, respire longuement l’odeur fétide.
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