2 avr. 2010

Annie Ernaux

Se perdre, publié en 2001, est le récit par Annie Ernaux de sa liaison avec un diplomate russe.



15h30. Il est arrivé quand je finissais d’écrire «cependant». Est-ce le beau temps? Une belle rencontre. Il apporte des cadeaux, il me promet une photo. Et je pense qu’il m’aime un peu, à sa façon, dans une case extraconjugale, «classée», mais peut-être pas autant que je le crois. Attachement sensuel aussi, un peu fou. Cette impossibilité de savoir ce que je suis pour lui, bien plus grande que pour P., si excitante en même temps. Il avait sa «belle voiture», quelque chose de commun, oui, avec mon ex-mari, socialement. Comme je suis fatiguée. Comme je suis heureuse de le faire jouir, de le rendre heureux. «Qu’est-ce que tu fais?» dit-il, avec son accent russe, quand il éprouve du plaisir sous ma bouche. Inoubliable. Mais en d’autres termes, je suis mal barrée, c’est la perdition, la dépense sans compter de mon énergie, de ma vie.

2 commentaires:

  1. J'ai lu Passion Simple il y a une dizaine d'années... j'ai très envie de me plonger de le "work in progress" (lu dans la chronique de l'Express !) de cette histoire si banale et si merveilleusement écrite...

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  2. Vous retrouverez des thèmes évoqués dans votre blog, chère amie

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