1 févr. 2010

Tom Wolfe

Journaliste devenu romancier, Tom Wolfe est l’auteur de romans fleuves ayant connu un succès mondial. L’homme au costume blanc, héritier de Balzac, Zola ou Dickens, a publié en 2004 Moi, Charlotte Simmons, une chronique de la vie étudiante sur un campus américain. Voici un extrait de la scène où Charlotte Simmons, jeune fille naïve sortie de sa campagne reculée, perd sa virginité à la suite des assauts d’un collègue étudiant, très séduisant mais fortement alcoolisé.


Ohmygod! Elle approchait du… délire. Le sourire! Le baiser dans le cou! Elle aurait dû mais ne pouvait rien dire, même quand les baisers sont descendus sur sa poitrine et que sa langue est sortie pour frôler et frôler pendant que les lèvres massaient et massaient et puis, clank! la bouche s’est jetée sur son sein droit, puis le gauche, était-ce ce que les hommes sont censés faire, et elle est descendue juste au milieu du ventre, atteignant le nombril dans lequel la langue est entrée un instant – non, vraiment, était-ce ce que les hommes font? –, et encore plus bas, encore, jusqu’à ce qu’il n’existe plus aucun doute sur là où elle voulait aller. Il fallait parler, là! Admettons qu’elle continue et atteigne son… Mais non, la langue a changé de course, brusquement, pour suivre la crête iliaque et parvenir au bord de la petite culotte. Ayant glissé son majeur sous l’élastique de ce côté-là, il l’a fait avancer doucement vers… l’autre côté, juste au-dessus de la limite du mont pubien, et arrivé à l’autre hanche il s’est aidé de ce doigt pour faire descendre le sous-vêtement plus bas sur la hanche avant de repartir en sens inverse, mais l’élastique rendait la trajectoire plus complexe, maintenant, de sorte que le majeur a dû s’aventurer dans les poils de sa motte et elle n’a pas frissonné, là, elle a convulsé, un muscle de son bas-ventre s’est distinctement mis à palpiter, et le doigt est entré – ohmygod, comme elle était mouillée! – , ressorti pour tirer la culotte encore plus bas, et c’était une inondation entre ses jambes, elle ne savait même pas que cela pouvait arriver, tandis que le bout de coton blanc descendait sur ses cuisses, passait par-dessus ses pieds et qu’elle était désormais nue et que la grosse langue roulait sur la partie la plus douce, la plus vulnérable de son ventre…
Voilà, elle était à la colle avec un garçon. Peut-être un peu trop mais pas vraiment, puisqu’ils n’en étaient qu’à la première phase, ou disons proche de la seconde, ce qui était beaucoup mais restait une expérience, et les mots de Laurie sont revenus flotter dans sa tête, le moment ou jamais dans toute sa vie… C’était tellement congestionné, là, entre ses jambes, hypersensible, hypervulnérable, hypergorgé de sécrétions brûlantes, qu’elle ne pouvait plus attendre, non! Il fallait rappeler les limites, qu’il connaissait, évidemment, mais elle devait s’assurer qu’il s’en souvenait. Les yeux fixés sur le sommet de son crâne, elle voyait ses épais cheveux lustrés s’agiter doucement pendant qu’il embrassait, léchait, embrassait, léchait, dans des spirales dérapantes, des loopings qui… Est-ce que sa langue ne venait pas de passer en éclair sur le frisottis de poils? Assez! Des mesures urgentes s’imposaient! Coincée sur le matelas mou, cependant, elle avait du mal à agir et, quand elle a plaqué ses deux mains sur sa tête en guise d’avertissement, le geste a manqué de force, de conviction, de sens, même, au point qu’il l’a pris pour un encouragement à aller encore plus bas avec sa langue et, ohmygod…

2 commentaires:

  1. J'adore la littérature. Vous avez un site inestimable. Et si Fragonard pousse les verrous vous passez derrière les ouvrir. Je vais encore vous citer à propos de Titien

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  2. je suis ravie de découvrir votre cabinet de curiosités littéraires. C'est un grand plaisir!
    baisers

    Armandie

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