24 juin 2013

Alessandro Piperno

Alessandro Piperno, dernier lauréat du prix Strega, publie en 2005 son premier roman Avec les pires intentions. Rejeton de la bourgeoisie juive romaine, le narrateur Daniel Sonnino, personnage inspiré de Portnoy, raconte son héritage familial et ses déboires amoureux. Dans la scène suivante, Daniel se retrouve en tête à tête avec Giorgio, un ami d'autrefois. Une occasion d'évoquer le souvenir de Gaia, objet d'un amour platonique.


- Tu es une merde, Daniel.
- Sache que j'ai rencontré Diamante récemment et qu'elle m'a demandé de tes nouvelles : "Tu as revu le pétomane ?" Et je me suis mis à rire, parce que j'ai le sens de l'humour...
- Quel salaud...
- D'accord, tu as raison, ce n'était pas la peine de ressortir cette histoire. Mais c'est toi qui as commencé après tout. C'est toi qui as évoqué les fantômes. C'est toi qui as ouvert les tiroirs. Tu sais, passé un certain âge, il vaut mieux les garder fermés ces foutus tiroirs ! Et si tu veux savoir ce que je pense, je te dirai que Gaia n'avait pas le droit...
- Pas le droit de quoi ? Tu peux me le dire ? Elle n'avait pas le droit de baiser, de tailler des pipes ?...
- Eh bien, ç'aurait été plus gentil de le faire avec un seul à la fois. Au fond, elle n'avait que quatorze ans.
- Tu voulais tuer une fille qui faisait des pipes à quatorze ans ? C'est ça que tu essaies de me dire ? Tu veux me dire que si elle avait attendu deux ans de plus, alors tu aurais compris ? Tu veux dire que si elle avait été plus grande tu aurais approuvé ?
- Mais non, voyons, dit comme ça, ça n'a pas de sens... Et puis arrête avec cette histoire, je ne voulais tuer personne !
- La vérité c'est que certaines filles précoces il faudrait les glorifier. Allons Daniel, ça n'est pas un crime de tailler une pipe. C'est un plaisir de le faire et, si tu tiens à le savoir, c'est encore mieux de se le faire faire. Nous ne sommes pas en Iran. Notre constitution autorise qui en a envie à faire ou à se faire faire une pipe...

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