7 avr. 2012

Henry Miller

Précurseur de la Beat Generation et du mouvement hippie, Henry Miller a ébranlé l'ordre moral de l'Amérique puritaine. Son roman semi autobiographique Tropique du Capricorne paraît en France en 1939 et reste censuré aux Etats-Unis jusqu'en 1961. Ce récit relate la vie de l'écrivain dans le New-York des années 20 avant son départ pour Paris.


 Un soir où elle était dans la salle de bains, et où son séjour se prolongeait de façon suspecte, j'en vins ainsi par sa faute à penser à des choses. Je décidai de jeter un coup d'oeil par le trou de la serrure et de voir par moi-même de quoi il retournait. Or voici ! Voici qu'elle est debout devant la glace, choyant et caressant sa petite chatte. Lui parlant presque, ma parole. J'étais si excité que je ne sus que faire, tout d'abord. Je retournai dans la grande pièce, éteignis les lumières et me couchai sur le divan, attendant qu'elle sortît. Et ainsi couché, je gardais devant les yeux ce con broussailleux et les doigts qui avaient l'air de tambouriner doucement dessus. Je défis ma braguette, histoire de laisser mon truc prendre le frais de la nuit. Du divan où j'étais, j'essayais de l'envoûter, ou du moins de faire que mon truc l'envoûtât. "Viens là, fille de pute, me répétais-je, viens ici, viens déployer sur moi ce con." Elle dut capter le message immédiatement, car en un clin d'oeil elle ouvrit la porte et tâtonna dans le noir, à la recherche du divan. Je ne bronchai pas. Pas un mot, pas un geste. Je me bornai à tenir mon esprit rivé à ce con qui bougeait doucement dans le noir comme un crabe. En fin de compte, elle fut debout à côté du divan. Sans un mot elle aussi. Elle se tînt là, tranquillement, et tandis que ma main remontait en glissant le long de ses jambes, elle bougea un peu le pied pour mieux ouvrir la fourche. Je ne crois pas avoir, de toute ma vie, fourré la main dans une fourche aussi juteuse. De la colle de pâte, ruisselant sur ses jambes, si j'avais eu des affiches à portée de main, j'aurais pu en coller une douzaine pour le moins. Au bout de quelques instants, aussi naturellement qu'une vache qui baisse la tête pour paître, elle se courba et le prit dans la bouche. Quant à moi, j'y allais à quatre doigts en elle, battant le tout en neige. Et elle, la bouche pleine, les jambes ruisselantes de jus. Pas un mot de part et d'autre, ai-je dit. Rien qu'un couple de paisibles maniaques faisant leur boulot dans le noir comme des fossoyeurs. C'était un paradis de baiser ainsi, je le savais et j'étais prêt, archiprêt à y faire passer toute ma matière grise s'il le fallait.

1 commentaire:

  1. ah merci , henry miller m'a tellement fait fantasmer, sa vie de bohème , le paris des années trente, sa façon d'écrire avant d'être waid j'ai rêvé à sa liberté, je lui doit beaucoup.

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