21 nov. 2016

Claude Louis-Combet

Ecrivain du fantasme, le précieux Claude Louis-Combet a souvent revisité les mythes classiques. Dans Gorgô, publié en 2011, il réinterprète celui des Gorgones et de la Méduse. Gorgô la Méduse met à mort le mâle imprudent, par elle fasciné.


L'homme est à genoux, il a le phalle tendu comme un épieu et il ne sait à quelle issue il le voue. Il se passe des choses indescriptibles : une main qui l'empoigne, une mâchoire qui le blesse, une vulve qui le brûle, une puissance d'appétit qui n'est pas le sien, qui le malaxe et le dévore, une volée de tentacules qui lui fouette le sang, une ruée de serpents, des morsures violentes, des têtes vipérines qui dardent et qui ardent, et le venin qui embrase les chairs, et le désir qui ne succombe pas, et la folie du rut qui occupe le temps sans relâche, et Gorgô qui halète, et Gorgô qui fouette, et la femme de désir qui l'emporte sur tous les désirs, qui les contient tous et les épuise tous. A la fin, l'homme n'est qu'un chiffon qu'elle jettera bientôt, mais comme son sexe est aussi raide qu'au premier matin et que rien de sa semence n'a jailli, la femme l'arrache de son ventre, elle le secoue à mort, elle tire la peau qui se déchire, elle boit le sang qui coule, elle broie la tige avec ses dents, les serpents s'y mettent, à leur tour, et sucent, ils entrent dans le dedans, ils forent la chair jusqu'à la source, ils crèvent les testicules, la laitance se répand, la liesse est à son comble, sous un ciel sans pitié dont l'ardeur ne se détend pas. Gorgô a rugi. Et tout s'est apaisé.

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