1 nov. 2011

Emmanuel Carrère

Dans son livre publié en 2007 Un roman russe, Emmanuel Carrère mêle plusieurs récits. L'un de ceux-ci retrace la liaison compliquée qu'entretient l'auteur avec Sophie. Cette relation passe par la rédaction d'une nouvelle érotique réellement parue dans le Monde, qui n'aboutira pas aux effets attendus par Carrère. L'auteur a reçu le prix Fémina en 1995 et le prix Renaudot en 2011.


Juste le regarder. En fait, il la regarda faire l'amour avec son mari dans un train, à distance. Surtout ne rien modifier au plan initial. Parce qu'au fur et à mesure de sa découverte du texte, leur désir va monter. Que de s'exciter aux mots du mari sous le regard de l'amant va lui procurer un plaisir nouveau et puissant. A la fin, ils iront se masturber ensemble, tous les deux dans les toilettes. Elle devant la glace, lui derrière. Il fera attention de ne pas éjaculer sur elle, de lentement se vider sur le sol sans l'éclabousser. Il faudra qu'ils soient forts pour ne pas se toucher. Qu'elle parvienne à ne pas prendre dans sa bouche l'énorme bite dont elle aime tout. L'odeur, la forme, le gland trapu et rond, la veine gonflée qui s'enroule sur la verge comme un lierre et qu'elle adore caresser et comprimer du bout de l'ongle, et son sperme, ivoire, si abondant et dont elle se macule le visage. Quand ils ont le temps, elle lui demande parfois de décharger dans ses cheveux blonds. Ensuite, il lu masse longuement le crâne en disant qu'il fait entrer dans sa tête plein de sa semence et de minuscules êtres vivants.

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